Des Haredim réclament la démission d’un adjoint au maire de Haïfa
Lazar Kaplan aurait écrit sur un réseau social russe, il y a plusieurs mois, que les ultra-orthodoxes violaient les mineurs et il les aurait qualifiés de "zombies fanatiques"
Un groupe rabbinique a demandé, lundi, la démission de Lazar Kaplan, adjoint au maire de Haïfa, après la révélation d’écrits dans lesquels il qualifiait les Juifs ultra-orthodoxes de « zombies fanatiques » et expliqué que les haredim « violent des mineurs » au nom de Dieu.
Kaplan aurait posté ces commentaires il y a plusieurs mois sur un réseau social russe, dans le cadre d’un forum, a fait savoir le journal religieux Makor Rishon qui a ajouté qu’ils avaient été découverts par un activiste de droite.
« 90 % des laïcs font leur service dans l’armée », avait écrit Kaplan, tandis que les religieux « se remplissent le ventre, boivent et violent des mineurs au nom de Dieu ».
Kaplan, membre du parti Haïfa Beytenu, branche locale de la formation laïque Yisrael Beytenu, avait également écrit que s’il ne niait pas le droit à être religieux, il fallait apprendre à faire la différence entre croyants et haredim, ces « zombies fanatiques ».
Yisrael Beytenu, avait-il ajouté dans ses commentaires, ne permettrait pas à ces « fanatiques » de prendre le contrôle du pays.
Kaplan a refusé de commenter ses propos, a expliqué le reportage du Makor Rishon. Pour sa part, Yisrael Beytenu a préféré prendre ses distances face à son représentant.
« La réponse de M. Kaplan a été postée en réponse à une publication qui appelait les électeurs à retourner en Russie et elle a été rédigée sans que le parti ne le sache et sans qu’il n’en ait préalablement donné l’instruction », a fait savoir Yisrael Beytenu dont la base électorale est constituée des immigrants en provenance de l’ex-Union soviétique.
« Même pris hors contexte, [ces propos] sont répugnants. Et notre réponse a été donnée en conséquence à M. Kaplan », a ajouté la formation.
L’Association des rabbins communautaires, un groupe rabbinique, a appelé le procureur-général Avichai Mandelblit à ouvrir une enquête sur Kaplan et demandé à ce qu’il soit démis de ses fonctions, a noté la Treizième chaîne.
Le président de l’Association, Amichai Eliyahu, a écrit que les écrits de Kaplan « encouragent la haine, les incitations et donnent à un nombre important d’Israéliens le sentiment d’être rejeté ».
Le leader d’Yisrael Beytenu, Avigdor Liberman, laïc de droite qui détient huit des 120 sièges à la Knesset, a positionné son parti comme défenseur des droits des Israéliens laïcs. En plus de réclamer une plus grande séparation entre la religion et l’Etat, Liberman a réclamé l’adoption d’une loi visant à augmenter le nombre d’hommes ultra-orthodoxes faisant leur service militaire.
Le service est obligatoire pour les Juifs israéliens et si de nombreux Israéliens religieux sont enrôlés, la communauté ultra-orthodoxe rejette encore très largement la conscription au sein de l’armée et a bénéficié d’exemptions particulières depuis la création de l’Etat.
Le sujet est sensible parmi de nombreux Israéliens laïcs qui souhaiteraient que les ultra-orthodoxes aident à porter le fardeau de la défense du pays.
Le mois dernier, Liberman a été attaqué par l’ensemble du spectre politique suite à un discours féroce où il a annoncé qu’il ne rejoindrait pas un gouvernement aux côtés des partis ultra-orthodoxes « anti-sionistes » ou des députés arabes « de la cinquième colonne ».
Il a déclaré que les partis orthodoxes étaient « de plus en plus antisionistes » et les a comparés à cet égard avec la Liste arabe unie. Il a aussi laissé entendre qu’un éminent sage ultra-orthodoxe était impliqué dans des affaires de blanchiment d’argent.
Tandis que, dans le passé, Liberman avait déjà qualifié les Arabes de « cinquième colonne » – et qu’il avait été critiqué pour cela – ses attaques contre les ultra-orthodoxes en tant « qu’antisionistes » faisant partie d’une alliance antisioniste avec les partis arabes sont nouvelles.
Répondant au discours, des députés ultra-orthodoxes ont dit que le leader d’Yisrael Beytenu était « antisémite » et un « tsar » et que son discours s’apparentait à un « crime de guerre » et à « un spectacle d’horreur ».
Le refus opposé par Liberman, après le scrutin du mois d’avril, de rejoindre une coalition avec les partis ultra-orthodoxes sans adoption préalable de la loi sur le service militaire avait été l’un des principaux obstacles à la formation d’un gouvernement.
Un second scrutin, au mois de septembre, a également échoué à rassembler une coalition au pouvoir ou un gouvernement d’unité – ce qui a entraîné la dissolution de la Knesset, la semaine dernière, et l’organisation d’un troisième cycle électoral – un fait sans précédent. Le vote aura lieu le 2 mars.