Israël en guerre - Jour 649

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Des Iraniens de la diaspora tiraillés face à l’offensive israélienne

Ces Iraniens se disent "partagés entre l'espoir d'un changement et l'horreur face à ce qui se passe actuellement", alors que Tsahal vise un régime que la majorité souhaite voir renversé

Quelques piétons marchant dans le Grand Bazar historique alors que les magasins restent fermés, à Téhéran, en Iran, le 16 juin 2025. (Crédit : Vahid Salemi/AP)
Quelques piétons marchant dans le Grand Bazar historique alors que les magasins restent fermés, à Téhéran, en Iran, le 16 juin 2025. (Crédit : Vahid Salemi/AP)

En plein conflit entre Israël et l’Iran, des Iraniens de la diaspora se trouvent déchirés entre l’espoir d’un changement de pouvoir à Téhéran et la violence de la guerre qui cerne leurs proches restés au pays, selon des témoignages recueillis par l’AFP.

Depuis Francfort, Berlin, Londres, Stockholm ou la région parisienne, ils s’interrogent avec inquiétude sur l’avenir de l’Iran et du Moyen-Orient après cette escalade militaire qui a déjà fait de nombreuses victimes.

« Je suis partagé », confie Hamid Nasiri, employé d’une entreprise pharmaceutique vivant à Francfort.

« Je pleure bien sûr les victimes en Iran », dit cet homme de 45 ans. Mais voir Israël s’en prendre « au gouvernement islamique, lui-même connu pour ses méthodes brutales. Cela me donne aussi un certain espoir ».

Il reste néanmoins « convaincu qu’une véritable démocratie doit venir de l’intérieur ».

Une réserve largement partagée par les témoins interrogés.

Des portraits de généraux et de scientifiques nucléaires iraniens tués lors de l’attaque israélienne du 13 juin sont affichés au-dessus d’une route, tandis qu’un panache de fumée dense et des flammes s’élèvent d’une raffinerie de pétrole dans le sud de Téhéran, après avoir été touchée par une frappe israélienne pendant la nuit, le 15 juin 2025. (Crédit : Atta Kenare/AFP)

« Les Iraniens devraient décider eux-mêmes comment se débarrasser des mollahs, sans ingérence étrangère », confie un gérant de restaurant de Francfort qui se dit « furieux » de cette intervention israélienne.

Une colère partagée par Shabnam, une Irano-américaine interrogée à Berlin : « Les Iraniens ont enduré l’effondrement économique, la censure et la peur pendant des décennies. Aujourd’hui, les attaques de [Premier ministre Benjamin] Netanyahu poussent le peuple iranien dans un piège inéluctable, celui de défendre le système même que nous détestons, simplement pour protéger notre peuple et nos foyers. »

Hamidreza Javdan, comédien et metteur en scène originaire de Téhéran et vivant en région parisienne, veut croire que « c’est l’histoire qui avance » et garde « l’espoir » d’une transition politique.

« Fuir Téhéran »

Des membres des équipes de secours fouillant les décombres d’un bâtiment à Téhéran visé par des frappes israéliennes, sur une photo diffusée le 17 juin 2025. (Crédit : Croissant-Rouge iranien/AFP)

Israël mène depuis le 13 juin sur l’Iran une attaque d’une ampleur sans précédent, visant des centaines de cibles militaires et nucléaires, avec l’objectif d’empêcher ce pays de se doter de la bombe atomique. En riposte, Téhéran multiplie les salves de missiles balistiques tirées sur les zones densément peuplées d’Israël.

« Je redoutais ce moment depuis je ne sais plus quand, mais cela me semble irréel de voir des images de ma ville natale en feu », confie Baharan Kazemi, 42 ans, auteure de livres pour enfants suédo-iranienne interrogée à Stockholm.

« Des innocents meurent, mais la guerre semble être la seule solution pour que les choses changent vraiment. Combien de manifestations ont eu lieu ? Et rien ne s’est passé », observe Paria, 32 ans, directrice d’un restaurant iranien à Londres, en référence notamment au soulèvement contre le pouvoir du mouvement « femmes, vie, liberté », violemment réprimé par les autorités iraniennes depuis 2022.

Des manifestations anti-régime avaient éclaté en Iran à la suite de la mort de Mahsa Amini, après avoir été arrêtée par la « police des mœurs » du pays pour avoir prétendument violé le code vestimentaire strict de la République islamique.

Une manifestante tenant une pancarte alors qu’elle participe à une marche à l’occasion du deuxième anniversaire d’un mouvement de protestation déclenché par la mort en détention de Mahsa Amini, 22 ans, arrêtée pour avoir prétendument violé le code vestimentaire des femmes, place de la Bastille, à Paris, le 15 septembre 2024. Les manifestations menées par des femmes qui ont éclaté après la mort d’Amini, le 16 septembre 2022, ont remis en question non seulement la règle du foulard obligatoire, pilier essentiel du régime, mais aussi l’existence même du système clérical, ébranlant les dirigeants iraniens au cours de l’automne et de l’hiver 2022-2023. (Crédit : Sameer Al-Doumy/AFP)

Même si elle souhaite un changement de régime, « nous nous inquiétons de ce qui va suivre », dit sa mère, Mona, 65 ans, qui vit à Londres depuis 30 ans.

S’ajoute aussi l’angoisse pour les proches restés en Iran.

« Certains membres de ma famille n’ont pas répondu à nos messages, d’autres ont quitté Téhéran », déclare Kazemi, disant ressentir à la fois « peur, tristesse, colère et impuissance ».

« Nous avons encore de la famille et des amis en Iran, à Téhéran. Ils fuient vers le nord. Nous sommes très inquiets pour eux », confie aussi Paria à Londres.

Des véhicules à l’arrêt dans un bouchon alors que des personnes quittent de Téhéran par une route à l’ouest de la ville, le 15 juin 2025. (Crédit : Atta Kenare/AFP)

Le frère du comédien Hamidreza Javdan, 71 ans, l’a appelé lundi pour le prévenir que la capitale doit être évacuée.

« Mon frère est une personne à mobilité réduite, il ne peut pas quitter Téhéran comme ça. Et puis il y a plus de 10 millions d’habitants à Téhéran, ils vont aller où ? », se tracasse-t-il.

Chez Ali, installé à Londres, c’est aussi l’anxiété pour sa famille qui domine. « […] J’ai de la famille en Iran, à Kermanshah [ouest de l’Iran], qui est bombardée.é

« Je n’ai jamais soutenu le régime iranien, je n’aime pas ce régime », dit cet homme de 49 ans, mais « qui va souffrir ? Le peuple ».

« Israël ne respecte pas le droit international et a massacré la population de Gaza », estime une juriste suédo-iranienne de 34 ans qui semble s’appuyer sur les chiffres publiés par le groupe terroriste palestinien du Hamas qui sont invérifiables, et qui incluraient ses propres terroristes, tués en Israël et à Gaza, et les civils tués par les centaines de roquettes tirées par les groupes terroristes qui retombent à l’intérieur de la bande de Gaza.

« Cela suscite une vive inquiétude quant à la possibilité qu’Israël mène le même type de guerre dans mon deuxième pays, l’Iran », dit-elle.

Un traducteur iranien de Berlin, qui préfère lui aussi garder l’anonymat, dit n’avoir qu’un seul espoir : « Que cette guerre renversera le régime des mollahs. Je le souhaite de tout mon cœur. Alors, tous ces morts n’auront pas été vains. »

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