Des milliers d’ados protestent contre les propos anti-LGBT de Rafi Peretz
Des lycéens se sont rassemblés à Tel Aviv pour "demander le changement", critiquant le ministre de l’Éducation, selon qui, "une famille normale, c'est un homme et une femme"
Mercredi, des milliers de lycéens ont manifesté pour dénoncer les propos tenus la semaine dernière par le ministre de l’Éducation Rafi Peretz dans lesquels il semblait qualifier le mariage homosexuel de contre-nature.
Lycéens et enseignants se sont rassemblés place Rabin, à Tel Aviv, sous le slogan « Demander le changement ».
La manifestation était organisée par des conseils d’élèves de plusieurs lycées et des bus ont transporté les manifestants sur le site de l’événement, ont fait savoir des médias en hébreu.
L’une des organisatrices du mouvement de protestation, Hila Koren, âgée de 16 ans, a indiqué à la Treizième chaîne : « nous pensons à notre avenir ».
« Les ministres et les responsables politiques qui sont supposés diriger le pays, représenter les communautés variées et les différentes orientations sexuelles ne peuvent pas venir nous dire ce qui est normal, ne peuvent pas venir piétiner des communautés entières, des gens qui ont des sentiments, des réflexions », a-t-elle fait valoir.
Elle a clairement toutefois établi que les manifestants n’étaient pas là pour réclamer la démission de Peretz.
« Nous ne sommes pas contre Rafi Peretz, nous ne sommes opposés aux idées de personne », a-t-elle souligné, précisant qu’il s’agissait plutôt de mettre en cause la manière dont les leaders politiques s’expriment.
Lorsque le ministre de l’Éducation a défini le modèle hétérosexuel comme « normal », il a contredit l’éducation des élèves en matière de tolérance et de considération d’autrui, a-t-elle déclaré.
Le site d’information Ynet a indiqué que Ran Erez, président de l’Association des enseignants du secondaire, avait apporté son soutien aux élèves.
Celui-ci a expliqué être « fier du conseil des élèves et des élèves du pays en général pour leur implication sociale et leur positionnement moral en faveur de la liberté de tous les individus à vivre comme ils le souhaitent. Par leurs actions, ils démontrent une citoyenneté pratique exemplaire », a-t-il salué.
Dans un entretien publié le week-end dernier, le Yedioth Ahronoth avait demandé à Peretz comment il réagirait s’il apprenait que l’un de ses enfants était gay.
Ce à quoi le ministre avait répondu que « grâce à Dieu, ils ont grandi de manière naturelle et saine. Ils construisent leurs familles sur la base des valeurs juives ».
« Dans le public religieux qui vit conformément aux règles de la Torah, une famille normale, c’est un homme et une femme », avait-il continué. « Nous ne devons pas avoir honte de vivre de cette manière naturelle ».
Ses propos avaient suscité un torrent de critiques, notamment de la part de son collègue du gouvernement Amir Ohana, ministre de la Justice. Premier ministre ouvertement homosexuel, ce dernier avait qualifié les propos de Peretz de « répréhensibles, obscurantistes et mensongers ».
Les maires de Tel Aviv, Herzliya et Givatayim avaient fustigé le ministre de l’Éducation et annoncé qu’ils avaient donné pour instruction aux écoles de leurs municipalités respectives de démarrer les cours, dimanche, par une leçon sur l’acceptation des membres de la communauté LGBT.
L’année dernière, Amir Peretz avait été fortement critiqué pour avoir exprimé son soutien à la thérapie dite « de conversion », expliquant lors d’un entretien diffusé à la télévision, la manière dont il avait envoyé des étudiants suivre ce traitement. Il avait ajouté qu’il était « possible » de changer leur orientation sexuelle.
Il avait plus tard dit regretter ces commentaires, affirmant qu’il s’opposait « avec force » à cette pratique « nuisible et grave ».