Israël en guerre - Jour 372

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Des millions d’Israéliens dénués d’abris anti-aérien – Contrôleur de l’Etat

Un rapport estime que les plans d'amélioration concernant l'accès aux abris anti-aérien ont échoué, même si la défense et la préparation du pays se sont renforcées par ailleurs

Judah Ari Gross est le correspondant du Times of Israël pour les sujets religieux et les affaires de la Diaspora.

Un homme aux abords d'un abri antiaérien à Safed, dans le nord d'Israël, le 4 décembre 2018 (Crédit : David Cohen/Flash90)
Un homme aux abords d'un abri antiaérien à Safed, dans le nord d'Israël, le 4 décembre 2018 (Crédit : David Cohen/Flash90)

Près de 30 % des citoyens israéliens n’ont pas accès à des abris anti-aérien opérationnels aux abords de leur domicile, avec notamment plus d’un quart du million de personnes qui vivent actuellement à proximité des frontières avec la bande de Gaza et avec le Liban – les territoires qui sont les plus susceptibles d’être touchés par des attaques à la roquette et par des tirs de missile, selon un rapport du contrôleur de l’Etat rendu public lundi.

Selon le contrôleur de l’Etat Matanyahu Englman, un cinquième de tous les abris anti-aérien – 2 494 sur 12 061 – n’offriraient pas une protection appropriée en cas d’agression.

Des manques qui sont considérés comme étant particulièrement graves, alors que des centaines de milliers de roquettes, d’obus de mortier et de missiles figureraient dans les arsenaux du Hezbollah, du Hamas, du Jihad islamique palestinien et de d’autres groupes terroristes de moindre ampleur aux frontières de l’Etat juif. Cet armement représente ainsi certaines des menaces les plus grandes pour Israël. Dans une guerre future qui se jouerait sur plusieurs fronts, les militaires israéliens s’attendent à ce qu’un millier de projectiles puissent s’abattre quotidiennement sur le pays.

Photo d’illustration : Des membres du Hamas masqués à côté d’un lanceur de roquettes lors d’un rassemblement dans le camp de réfugiés de Rafah, dans la bande de Gaza, le 21 août 2016. (Crédit : AP Photo/Adel Hana)

« Lors des séries de combats que nous avons menés ces dernières années, des centaines de missiles et de roquettes ont été lancés chaque jour vers Israël. Un chiffre qui est appelé à encore croître avec des dizaines de milliers de missiles et de roquettes qui pourraient être tirés vers Israël au quotidien lors d’un futur conflit », écrit le contrôleur dans un rapport qui s’est basé sur des chiffres de 2018.

Ces chiffres qui ont été publiés lundi font état d’une amélioration du nombre total de citoyens israéliens pouvant accéder à un abri anti-aérien depuis que le contrôleur de l’Etat s’était penché sur le dossier pour la dernière fois – approximativement un million d’Israéliens de plus, dans l’intervalle, ont dorénavant la possibilité de se réfugier dans un abri, selon les données du rapport. Le nombre d’abris anti-aérien opérationnels, pour sa part, a baissé.

Selon le rapport, en 2018, presque 2,6 millions d’Israéliens manquaient d’un accès à un abri anti-aérien fonctionnel.

Presque 40 % des citoyens – 3,5 millions – en avaient créé un dans leurs habitations tandis que 27 % avaient accès à des abris partagés dans un immeuble résidentiel.

6 % pouvaient trouver refuge dans un abri public situé à proximité étroite de leur domicile.

L’enquête a déterminé que la qualité des abris anti-aérien publics s’était détériorée. Selon le rapport, si 16 % des abris publics étaient considérés comme insuffisamment préparés en 2015, ce chiffre est passé à 20 % sur le nombre total de 12 601 abris anti-aérien publics en 2019.

Les abris anti-aérien publics et partagés dans les zones où les tirs de missile sont plus rares sont parfois utilisés comme espaces de stockage par les autorités municipales ou d’autres qui peuvent y accéder régulièrement.

De manière générale, l’enquête a établi que si le gouvernement avait pris des décisions et approuvé des plans visant à améliorer le système de défense du pays contre les attaques à la roquette, un grand nombre de ces initiatives n’avaient pas encore été concrétisées. De plus, le rapport a révélé qu’alors que la décision avait été prise, en 2014, de transférer officiellement la responsabilité du Commandement intérieur du ministère de la Sécurité intérieure au ministère de la Défense, de nombreux aspects de ce transfert n’avaient pas encore été pris en compte et concrétisés.

De manière plus positive, le rapport a également noté que le gouvernement avait investi plus d’argent – soit 400 millions de shekels – entre 2015 et 2019 en faveur du développement de systèmes d’alerte au public pour le prévenir plus rapidement d’une attaque imminente, ce qui a aussi aidé à renforcer l’état de préparation du Commandement intérieur.

Le contrôleur de l’État Matanyahu Englman présente le rapport 2020 du contrôleur de l’État dans son bureau, le 23 mars 2020. (Tadmeet)

« Le bureau du contrôleur de l’Etat a contrôlé les corrections apportées aux principaux problèmes qui s’étaient révélés dans l’enquête précédente, et il a découvert qu’il y avait eu une amélioration de la capacité à détecter et à avertir, ainsi que dans l’état de préparation des bureaux gouvernementaux en cas d’évacuation nécessaire de certaines parties de la population », a noté le rapport.

« Toutefois, ces plans d’évacuation n’ont pas été finalisés et certains d’entre eux sont impossibles à mettre en place. De plus, il s’est avéré que la question des pouvoirs des instances gouvernementales responsables du front intérieur n’a pas été résolue, qu’il y a des failles significatives dans les défenses physiques et que la décision prise par le cabinet de sécurité de créer un programme multi-annuel pour gérer le front intérieur n’a pas été mis en œuvre. »

En réponse au rapport, l’armée israélienne – dont le Commandement intérieur est officiellement responsable de la supervision des défenses physiques du pays – a reconnu les déficiences, indiquant être dans l’incapacité de régler l’intégralité des problèmes pour des raisons budgétaires.

Des enfants israéliens jouent près d’un abri anti-aérien public aux couleurs vives, dans le kibboutz de Nahal Oz, dans le sud du pays, le 6 juillet 2015. (Miriam Alster/FLASH90)

« Les lacunes significatives soulevées par le rapport et qui sont liées à des décisions gouvernementales qui n’ont pas été encore mises en œuvre surviennent d’une incapacité à trouver des sources de financement », ont expliqué les militaires dans un communiqué, ajoutant qu’ils n’étaient pas responsables de ces décisions budgétaires.

Dans sa réponse, le ministère de la Défense a évoqué, lui aussi, la question budgétaire, avançant que le fait que le pays avait été dirigé par un gouvernement intérimaire pendant plus d’un an avait empêché toute avancée dans la bonne direction.

« Tant qu’Israël a été placé sous l’autorité d’un gouvernement de transition, il n’y a eu aucun moyen de faire progresser les processus législatifs. Avec l’installation du 35e gouvernement, au mois de mai, le processus a repris. Le ministère de la Défense fait actuellement les adaptations nécessaires à un projet de loi [qui permettra de s’attaquer aux déficiences] », a fait savoir le ministère dans un communiqué.

Les enquêteurs du contrôleur de l’Etat ont également découvert que toutes les structures les plus essentielles pour le pays n’étaient pas protégées contre les attaques à la roquette et au missile, même si le nombre exact de sites vulnérables – cela a été le cas également pour la plus grande partie des détails issus de l’enquête – a été classifié, tout comme les instances gouvernementales chargées de la supervision du dossier.

De surcroît, l’enquête a déterminé que le gouvernement a échoué à développer des plans d’évacuation pour un grand nombre des communautés les plus exposées aux attaques, et notamment les villes de Sdérot, à proximité de Gaza, et de Kiryat Shmona, près de la frontière avec le Liban. Tandis que des évacuations ont pu avoir lieu en l’absence d’un plan – cela avait été spécifiquement le cas pendant la guerre de 2014 à Gaza – le contrôleur a averti qu’une évacuation serait bien plus efficace en présence d’un plan clair déterminant sans ambiguïté les différentes responsabilités assumées par les diverses instances gouvernementales.

« L’évacuation des villes est un processus compliqué qui nécessite une planification et une coordination entre les autorités locales, les organisations en charge de l’évacuation et les autres organismes gouvernementaux. Par conséquent, la planification des évacuations de Sdérot et de Kiryat Shmona devrait être pleinement anticipée et ne pas attendre, si nécessaire, le moment où elle s’impose serait préférable », a écrit le contrôleur.

Le rapport a aussi remarqué que le gouvernement n’était pas correctement préparé à l’évacuation de personnes en situation de handicap ou à besoins particuliers.

Un homme à l’entrée d’un abri anti-aérien du plateau du Golan, dans le nord d’Israël, le 8 mai 2018. (Basel Awidat / Flash90)

Une note positive remarquable dans ce rapport est un programme qui avait été approuvé par Avigdor Liberman, ex-ministre de la Défense, qui avait déterminé que les abris anti-aérien publics, dans les communautés israéliennes situées dans un périmètre de 20 kilomètres autour des frontières syriennes et libanaises, devaient être rénovés. Même s’il n’a pas encore été mené à bien, le programme doit recevoir le financement nécessaire pour réaliser les réparations et les améliorations qui s’imposent, selon le contrôleur.

D’un autre côté, une décision globale visant à construire et à réparer les abris anti-aérien privés et publics de la nation – la résolution 302/b adoptée par le cabinet de sécurité – n’a jamais abouti, même si elle avait été approuvée par le gouvernement.

« Le bureau du contrôleur de l’Etat note que l’application de la résolution 302/b du cabinet de sécurité améliorerait de manière significative les capacités de protection intérieure du pays face aux roquettes et aux séismes… L’équipe interagence doit passer à l’acte et créer un plan multi-annuel conforme à la résolution de manière à ce qu’avec l’établissement d’un nouveau gouvernement, une source de financement puisse être trouvée pour mener à bien le projet », écrit le contrôleur de l’Etat dans son rapport.

Le ministère de la Défense et le contractuel de la défense Rafael testent une version mise à jour du système de défense du Dôme de fer en janvier 2020. (Ministère de la Défense)

Selon certains experts de la sécurité nationale, Israël s’appuie plus lourdement sur ses capacités offensives et actives de défense – comme c’est le cas du Dôme de fer et autres systèmes antimissiles – pour neutraliser rapidement les attaques, au lieu de construire ses propres fortifications physiques et de se préparer plus sûrement à encaisser une agression.

Dans son rapport, le contrôleur avertit qu’en ne fournissant pas suffisamment d’abris anti-aérien et autres défenses physiques, le gouvernement mettait en danger la vie des civils.

« Le bureau du contrôleur de l’Etat avertit qu’en ne mettant pas en œuvre les décisions prises par le gouvernement qui ont appelé à défendre le front intérieur au moment nécessaire, et qu’en l’absence, pendant des années, de législation complète concernant le front intérieur, la préparation de la défense intérieure a perdu énormément de temps, ce qui nuit à la préparation de ce même front en cas d’urgence – une réalité qui pourrait probablement avoir un impact sur les vies humaines », ont remarqué les auteurs du rapport.

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