Des millions de shekels de dons versés à ZAKA suite au 7 octobre ont disparu
Selon Haaretz, qui cite l'audit interne de l'ONG de recherche et sauvetage, 30 millions de shekels donnés à la branche américaine des Amis de ZAKA en 2023 n'ont jamais été reversés à l'ONG israélienne

Selon le quotidien israélien Haaretz, qui s’appuie sur les conclusions de l’audit interne de l’ONG, des dizaines de millions de shekels donnés à ZAKA, l’organisation israélienne de recherche et de sauvetage, auraient disparu.
Selon le journal, la majorité de ces dons ont été collectés à l’étranger par les Amis de Zaka – ramifications de l’organisation caritative dont le siège se trouve en Israël. Haaretz explique que la personne chargée de l’audit de l’ONG, Chaya Asch, aurait découvert les irrégularités suite à des questions soulevées à plusieurs reprises par son ancien président, Eyal Mashiach.
ZAKA est une organisation israélienne dont les bénévoles, en grande partie haredim, interviennent souvent sur les lieux d’attentats terroristes ou d’accidents de la route mortels, pour collecter les restes humains ainsi que le sang versé, afin de leur donner une sépulture, comme le veut la loi juive. Par ailleurs dotée de services de premiers secours et de recherche et de sauvetage, elle a pris part à des opérations internationales.
Les bénévoles de l’organisation ont joué un rôle clé au lendemain du massacre du Hamas du 7 octobre, pour collecter et identifier les quelque 1 200 victimes du pogrom qui a frappé le sud d’Israël. Suite à l’attaque, ZAKA a lancé une vaste campagne de collecte de fonds qui lui a permis de recueillir des dons de nombreux bienfaiteurs étrangers.
Selon Haaretz, en 2023, la branche américaine des Amis de ZAKA a réuni 45 millions de shekels, contre moins de 2 millions un an plus tôt. Sur ces 45 millions de shekels, 15 millions seulement sont parvenus en Israël, aurait déclaré ZAKA USA aux autorités américaines. La branche israélienne de l’organisation a signalé aux autorités israéliennes qu’elle n’avait reçu que 9 millions de shekels.
Le journal cite à l’appui une lettre envoyée par Machia’h à Asch dans laquelle il évoque ses tentatives de retrouver la trace des fonds : « J’ai contacté toutes les personnes concernées, eu des dizaines de réunions avec les membres du conseil d’administration et le PDG, mais aucune de mes questions n’a trouvé de réponse. »

À Haaretz, ZAKA a écrit avoir « procédé à des changements considérables depuis le rapport. L’organisation n’est pas directement – c’est-à-dire au regard du droit – liée aux autres ONG étrangères. » Elle explique qu’à sa « connaissance, les dons destinés à l’organisation sont arrivés et ont été documentés comme le dispose la loi ».
Souvent louée pour son action, l’organisation a parfois donné lieu à la controverse. Son fondateur et président de longues années durant, Yehuda Meshi Zahav, a fait une tentative de suicide en 2021 suite à un rapport d’enquête faisant état de nombreuses accusations de viol et d’agression sexuelle à son encontre envers des hommes et des femmes, certains d’entre eux mineurs, et ce durant plusieurs dizaines d’années. Il est resté inconscient une année après sa tentative de suicide, avant de décéder en 2022.
Les bénévoles de l’organisation ont reçu des éloges de toutes parts suite au 7 octobre, mais également quelques critiques. Selon une information publiée par Haaretz en février 2024, des responsables de ZAKA ont été accusés d’avoir créé des contenus promotionnels dans l’exercice de leurs fonctions et d’avoir publié des photos sensibles et particulièrement crues pour inciter le grand public à donner.
Des bénévoles de ZAKA ont par ailleurs été critiqués pour avoir fait circuler des histoires sur les atrocités du 7 octobre qui ont fait le tour de la toile avant de se révéler inexactes. Parmi ces histoires, citons celle de la femme enceinte à laquelle on aurait tranché le ventre pour sortir son fœtus ou encore celle du bébé introduit dans un four, ce qui n’a été ni confirmé ni vérifié par les autorités israéliennes.
L’organisation a déclaré que ses bénévoles, dont certains ont travaillé des jours durant sans dormir, ont pu être traumatisés et avoir une vision confuse de leur expérience, sans oublier que leur manque de connaissances en médecine légale les a peut-être induits en erreur, face à des restes fortement calcinés.