Des pays occidentaux durcissent le ton à l’égard d’Israël
François Hollande : "Vingt-six jours de conflit, nous devons agir"
Au lendemain de tirs meurtriers près d’une école de l’ONU à Gaza, certains pays dont la France et les Etats-Unis haussent le ton vis-à-vis d’Israël en dénonçant des violences « injustifiables » contre les civils de l’enclave palestinienne.
A l’instar du secrétaire général de l’ONU Ban Ki-moon, la communauté internationale a largement exprimé son indignation après le bombardement près d’une école à Rafah, qui a fait au moins dix morts.
Les Etats-Unis se sont dits « consternés ». Le département d’Etat a noté que les coordonnées de l’école avaient été « communiquées de manière répétée aux forces armées israéliennes ».
Alors que Tsahal a reconnu avoir tiré près de l’école, Washington a estimé que la « suspicion que des militants (du Hamas, ndlr) opèrent à proximité ne justifie pas des raids qui mettent en danger autant de vies de civils innocents ». Et le département d’Etat a appelé l’Etat hébreu à « faire plus » pour éviter les victimes civiles.
La France, qui jusqu’ici avait condamné l’escalade de la violence en en rejetant la responsabilité sur les deux parties adverses, a franchi un pas lundi en mettant clairement Israël en cause et en préconisant une solution politique au conflit qui devra être « imposée ».
« Le droit d’Israël à la sécurité est total mais ce droit ne justifie pas qu’on tue des enfants et qu’on massacre des civils », a affirmé le chef de la diplomatie Laurent Fabius. « Combien de morts faudra-t-il encore pour que s’arrête ce qu’il faut bien appeler le carnage de Gaza ? », s’est-il indigné.
« Le Hamas porte évidemment une responsabilité écrasante dans cet engrenage macabre qui sert surtout les extrémismes, mais celle-ci non plus ne justifie pas ce que le secrétaire général des Nations unies a qualifié de crimes », a ajouté M. Fabius en allusion à la condamnation par Ban Ki-moon des tirs près de l’école de l’ONU.
– ‘Intolérable’, ‘inadmissible’ –
Une source diplomatique au ministère français des Affaires étrangères, sous couvert d’anonymat, a reconnu une gradation dans le discours. Mais pour Yves Aubin de la Messuzière, ancien ambassadeur français et spécialiste du Proche-orient, cette déclaration du chef de la diplomatie marque un tournant. « Jusqu’ici on a condamné les tirs sur les écoles de l’ONU mais pas Israël. On restait toujours dans l’ambiguïté alors que l’on sait que c’est Israël le responsable », observe-t-il.
« Il faut avoir le courage de désigner les responsabilités, bien entendu celle du Hamas mais aussi bien entendu celle d’Israël. Il est important tout simplement de dire le droit, contenu dans la 4e Convention de Genève » sur la protection des civils en temps de guerre, souligne l’expert.
L’Unesco, par la voix de sa directrice Irina Bokova, a appelé lundi les belligérants à laisser les écoles en dehors du conflit, observant que sept d’entre elles dépendant de l’ONU ont été touchées par des tirs, depuis près d’un mois de conflit ayant fait quelque 1 850 victimes palestiniennes dont une majorité de civils, selon les secours locaux à Gaza, contrôlée par le Hamas.
Cette situation des civils à Gaza est « intolérable », a réagi dimanche le ministre britannique des Affaires étrangères Philip Hammond. Le Premier ministre David Cameron a condamné la frappe près de l’école sans aller au delà. Madrid l’a qualifiée d' »inadmissible » et a appelé l’armée israélienne « à redoubler d’efforts pour éviter les pertes de civils innocents ».
Laurent Fabius a aussi rappelé lundi la nécessité d’un cessez-le feu et d’une solution politique passant par la coexistence de deux Etats, mais a-t-il ajouté, cette solution « devra être imposée » puisque la négociation a échoué à de multiples reprises.
« Vingt-six jours de conflit, nous devons agir », a également plaidé le président François Hollande, en marge d’un déplacement en Belgique.