Des portraits du Fayoum, volés par les Nazis, ont été vendus pour plus de 300 000 $
Une université suisse a acheté deux tableaux d’une veuve de l’auteur du roman « À l’Ouest, rien de nouveau », et les a récemment rendus aux héritiers du juif allemand
Ilan Ben Zion est journaliste au Times of Israel. Il est titulaire d'une maîtrise en diplomatie de l'Université de Tel Aviv et d'une licence de l'Université de Toronto en études du Proche-Orient et en études juives

Deux anciens portraits du Fayoum, qui ont été restitués à des héritiers de juifs allemands il y a quelques mois, des décennies après avoir été volés par les nazis, ont été mis aux enchères chez Christie à New York mardi, pour la somme 312 500 dollars (environ 286 100 €).
Les artéfacts, des peintures de l’ère romaine d’un jeune homme et d’une jeune femme, qui remontent au premier et au deuxième siècle de l’ère chrétienne, ont été confisqués à des juifs allemands pas les nazis, puis acquis par Erich Maria Remarque, romancier et auteur d’À l’Ouest, rien de nouveau, et enfin achetés par l’Université de Zurich en 1979.
Le portrait d’une femme, peint sur bois, a été vendu 187 500 dollars, tandis que le second tableau, représentant un homme barbu, a été vendu pour 125 000 dollars.
L’identité des acheteurs n’a pas été précisée.
En mai 2016, ils ont été restitués aux héritiers du juif allemand, l’éditeur Rudolf Mosse.
Le Mosse Art Restitution Project, qui représente les héritiers de Mosse aux États-unis, a tenté de réclamer les œuvres d’arts et les artéfacts confisqués et vendus par deux maisons d’enchères, à Berlin.

L’université de Zurich a acheté ces deux peintures à la veuve de l’écrivain allemand pour la somme de 137 000 dollars.
Entre le premier et le troisième siècle, alors que l’Égypte faisait partie de l’Empire romain, des portraits funéraires étaient peints, puis insérés dans les bandelettes au niveau du visage de la momie.
« Puisque pratiquement aucune peinture sur bois, provenant du monde grec n’a été préservée, les portraits du Fayoum, conservés par le climat aride de l’Égypte, sont les seuls exemples d’une forme d’art ancienne que la littérature situe parmi les plus belles réalisations de la culture grecque », a expliqué le Metropolitan Museum of Art à New York, lors de l’exposition des portraits du Fayoum, en 2000.
Selon l’université, les héritiers de Mosse ont échangé les deux artéfacts contre une contribution financière à l’université.
Mosse, un juif allemand du 19e siècle, éditeur et philanthrope, avait amassé une collection importante d’œuvres d’art et d’artéfacts avant sa mort, en 1920.
Sa fille, Felicia Lachmann-Mosse, a hérité de ce patrimoine. Elle a fui l’Allemagne avec son mari en 1933, lors de la montée du Parti Nazi, qui a volé la collection d’art de la famille et a vendu plus de 400 pièces aux enchères en 1934.
On ignore la façon dont les tableaux sont arrivés entre les mains de Remarque (qui a écrit, en 1928, un roman sur les soldats allemands pendant la première guerre mondiale, À l’Ouest, rien de nouveau, qui a été par la suite adapté au cinéma et dont le film a été récompensé d’un Oscar).
Les descriptions des catalogues des enchères étaient « plus ou moins précises », ce qui a permis aux avocats qui représentent le projet d’identifier les œuvres d’art, a déclaré Hegemann, lors d’un entretien téléphonique avec The Times of Israel.
L’an dernier, la Fondation Prusse de l’Héritage Culturel a restitué huit œuvres d’art, notamment un sarcophage romain, après qu’elles ont été identifiées comme appartenant au patrimoine de Mosse.