Des proches de victimes retournent sur le site du festival Supernova
Les familles des festivaliers tués ou pris en otage, le 7 octobre, ont revécu leur traumatisme et cherché toutefois de l'apaisement au son de la musique trance, qui a rendu hommage aux victimes
Yarden Gonen trouve toujours « insupportable » l’absence de sa sœur Romi, trois mois après que la jeune femme de 23 ans a été prise en otage pendant l’attaque dévastatrice qui a été commise par le Hamas lors d’une rave-party qui était organisée dans le sud d’Israël, le 7 octobre.
Vendredi, Yarden est venue à Reïm, le site du désert du Neguev où a eu lieu le festival de musique électronique Supernova, le 7 octobre, aux côtés d’autres familles désespérées de pouvoir enfin retrouver leurs proches capturés.
Romi et ses amies « étaient venues s’amuser, célébrer la paix, l’amour et la liberté », a-t-elle raconté des sanglots dans la voix, lors de son intervention devant les journalistes. Depuis trois mois, Yarden est « toujours coincée au 7 octobre ».
Lors de cette visite, elle explique avoir « un sentiment mitigé d’être là », à l’endroit même où sa sœur a disparu, mais elle s’écroule lorsque de la musique trance se fait soudain entendre – sous forme d’hommage aux victimes.
« Quand ils ont commencé à jouer la musique, ça a été bouleversant », dit Yarden, qui porte un tee-shirt à l’effigie de sa sœur, lors d’une conférence de presse organisée par le groupe du Forum des Familles des otages et des portés-disparus.
Le festival avait été pris d’assaut lors du massacre commis par le Hamas, le 7 octobre, quand des milliers de terroristes se sont infiltrés dans le sud d’Israël et ont tué environ 1 200 personnes, des civils en majorité. 240 personnes environ avaient été prises en otage.
Il resterait 136 otages à Gaza – tous ne seraient plus en vie – après la remise en liberté de 105 civils par le groupe terroriste lors d’une trêve d’une semaine dans la guerre opposant Israël au Hamas dans la bande de Gaza, fin novembre. Quatre femmes avaient été antérieurement relâchées et une soldate avait été secourue par l’armée. Les dépouilles de huit otages ont aussi été retrouvées et trois ont été accidentellement tués par des militaires.
L’armée israélienne a confirmé la mort de 25 personnes encore détenues par le Hamas, citant de nouveaux renseignements et des informations obtenues par les troupes qui se battent sur le terrain à Gaza.
En réponse, l’État juif a juré de détruire le Hamas et a lancé une campagne militaire à Gaza dont l’objectif est de détruire les capacités militaires du groupe terroriste, de l’écarter du pouvoir dans la bande et d’obtenir le retour des otages.
Le ministère de la Santé dirigé par le Hamas indique qu’au moins 22 000 personnes ont été tuées au sein de l’enclave côtière depuis que la guerre a éclaté, le 7 octobre. Ce chiffre ne fait pas la différence entre les civils et les terroristes et il comprend également les Gazaouis morts des suites des tirs de roquettes des groupes terroristes qui, échouant à franchir la frontière, sont retombés dans la bande.
Le kibboutz Reïm est à moins de cinq kilomètres de la bande de Gaza et le son de la musique électronique a depuis longtemps laissé la place, maintenant, au bruit des explosions et des combats émanant de l’enclave.
Mais le sol, à Reïm, rappelle encore ce qui s’est passé pendant ce Shabbat noir – avec des douilles qui jonchent le secteur, par terre.
Pour tenter de laisser une marque plus positive, un mémorial a été dressé, avec des portraits des victimes, des fleurs, des bougies et des drapeaux israéliens.
Parmi les festivaliers qui ont trouvé la mort, Hodaya et Tair David – 27 ans et 23 ans respectivement. Ce sont les nièces d’Asaf Pozniak, l’un des fondateurs du Forum des Familles des otages et des portés-disparus.
Le jeune homme de 30 ans sait qu’elles « ne reviendront pas », « mais il y a toujours des vies qui peuvent être sauvées et nous devons tout faire pour maintenir la pression sur la communauté internationale et le gouvernement israélien afin de les ramener à la maison maintenant », insiste-t-il.
Au milieu des eucalyptus et du bourdonnement constant des drones et des hélicoptères, « c’est plus dur que ce que je pensais », raconte Michaël Levi, 41 ans, dont le jeune frère de 33 ans, Or, a été enlevé et la belle-soeur Eynav, 32 ans, tuée.
« Je pensais tout savoir » du site « car j’ai regardé beaucoup de vidéos » de l’attaque, explique-t-il, très ému. « Je ne pensais pas que cela me toucherait autant, mais juste d’être ici, de ressentir l’atmosphère, de voir ce qu’il s’est passé ici, les douilles sur le sol, c’est différent », décrit-il.
Michaël Levi a vu sa vie bouleversée depuis le 7 octobre et ne se consacre plus qu’à une chose: la libération de son frère et des 131 autres otages du 7 octobre toujours détenus à Gaza.
Son quotidien est désormais fait d’interviews et de rencontres avec des personnalités politiques et des diplomates, à qui il demande notamment de « continuer à faire pression sur le Qatar, le Hamas, l’Egypte, et tous ceux qui peuvent aider » à libérer les otages « le plus vite possible ».
Il n’a qu’une hâte : retrouver Or, « toujours souriant et entouré d’amis » pour retourner avec lui voir des matchs de basket, leur passion commune.