« Des pyromanes qui débitent des choses insensées » : Un ex porte-parole de Tsahal éreinte la communication de guerre du Premier ministre
Peter Lerner, né en Grande-Bretagne, déclare que le manque de planification pour l'avenir à Gaza l'a laissé désarmé face à la presse étrangère alors que "la latitude de légitimité" post-7 octobre avait disparu
![Capture d'écran du lieutenant-colonel réserviste Peter Lerner, porte-parole de Tsahal. (Capture d'écran : YouTube. Used in accordance with Clause 27a of the Copyright Law) Capture d'écran du lieutenant-colonel réserviste Peter Lerner, porte-parole de Tsahal. (Capture d'écran : YouTube. Used in accordance with Clause 27a of the Copyright Law)](https://static-cdn.toi-media.com/fr/uploads/2024/07/Peter-Lerner-e1717654762644-640x400.jpeg)
Un ancien porte-parole de Tsahal, qui intervenait auprès des médias étrangers, a accusé le gouvernement « d’avoir aidé directement le Hamas » en sabotant, selon lui, le travail de relations publiques d’Israël pendant la guerre à Gaza.
Le lieutenant-colonel réserviste Peter Lerner, revenu servir au sein de Tsahal dans la réserve après le 7 octobre, a tenu ces propos au cours d’un entretien qui a été publié vendredi dans le quotidien Haaretz. Le journal a noté que Lerner, né en Grande-Bretagne, a été interviewé à 750 reprises par les médias étrangers pendant la guerre. Il a quitté son poste de porte-parole au mois de juin.
Selon Lerner, l’image d’Israël, à l’international, s’est effondrée de manière précipitée à ce moment-là. Il a accusé le gouvernement de ne pas avoir été à la hauteur du défi et il a attribué à des ministres spécifiques la responsabilité du sabotage de la stratégie médiatique de l’État juif.
Lerner a indiqué que la campagne militaire à Gaza avait bénéficié « d’une latitude de légitimité » dans les jours qui avaient suivi l’attaque du Hamas, le 7 octobre – les hommes armés avaient envahi le sud d’Israël et ils avaient massacré près de 1200 personnes, des civils en majorité, et ils avaient enlevé plus de 250 personnes, prises en otage dans la bande de Gaza.
« Il y a une phrase que j’ai répétée encore et encore et, à ce moment-là, c’était réellement vrai : ‘Les pays décents et les nations décentes sont de notre côté’, » a confié Lerner à Haaretz en évoquant les premiers jours du conflit.
Alors que l’offensive terrestre dévastait progressivement Gaza, les relations publiques d’Israël avaient été mises en difficulté. Et la principale difficulté, a dit Lerner, avait été le gouvernement d’Israël.
L’ancien porte-parole de l’armée a désigné deux problèmes spécifiques : l’incapacité du gouvernement à mettre au point une stratégie pour l’après-guerre à Gaza et les ministres qui se sont laissés aller à des propos va-t-en-guerre pour satisfaire leurs électeurs.
Lerner a ajouté que formuler une stratégie pour l’après-guerre à Gaza n’était pas le travail de l’armée.
« Mais en tant que porte-parole, j’ai commencé à entendre des questions sur le sujet dès le 10 octobre : Quels sont vos objectifs ? Que tentez-vous donc de faire, quels sont vos plans pour l’avenir ? », s’est-il souvenu.
« Et j’ai compris très rapidement que je n’avais pas de réponse à ces questions – pas parce qu’ils n’avaient rien décidé mais parce qu’ils n’allaient tout simplement jamais se décider », a-t-il dit au journal, expliquant qu’il avait eu l’impression d’être un gardien armé sans munition dans son chargeur.
Pressed by @MarthaRaddatz about the civilian casualties in Gaza caused by the Israeli military’s rescue mission to free four hostages, IDF spokesperson Peter Lerner says, “Every civilian life lost in this war is a result of how Hamas has operated.” https://t.co/6mpPPpkFFz pic.twitter.com/N4Fe4OTlRf
— This Week (@ThisWeekABC) June 9, 2024
Lerner n’a pas non plus mâché ses mots concernant les ministres du gouvernement, évoquant « une bande de pyromanes qui débitent des choses insensées ».
Il a cité le ministre du Patrimoine, Amichai Eliyahu, qui avait estimé que la bombe atomique était « un moyen » de gérer la problématique à Gaza ; le ministre de l’Agriculture; Avi Dichter, qui avait déclaré avec fierté qu’Israël était en train de faire une « Nakba » — le mot qui, pour les Palestiniens, désigne ce qu’ils considèrent comme la « catastrophe » de la création d’Israël et le départ consécutif de nombreux Arabes – à Gaza et la ministre des Renseignements, Gila Gamliel, dont le bureau avait fait l’ébauche d’un rapport portant sur le déplacement des résidents de Gaza.
Le gouvernement a été critiqué de manière répétée pour l’effondrement de sa diplomatie publique ou « Hasbara ». Un reportage diffusé par la Douzième chaîne, au mois de juin, avait révélé le triste état de l’Administration chargée de la diplomatie publique. L’instance avait perdu l’immense majorité de ses employés après avoir échoué à verser leurs salaires.