Des résidents d’implantations attaquent un village palestinien avant de s’enfuir
Une dizaine d'Israéliens armés ont menacé les habitants de Tuba, dans les collines du sud d'Hébron, lieux de violences redoublées de la part des résidents d'implantations depuis l'Oscar remporté par un documentaire sur la question

Une dizaine de résidents d’implantations armés ont attaqué samedi le village palestinien de Tuba, dans les collines du sud d’Hébron, en Cisjordanie, dans le cadre d’une initiative coordonnée qui, selon les habitants, avait vocation à effrayer les villageois palestiniens de façon à ce qu’ils quittent leurs terres.
Dépêchée sur les lieux, la police n’est arrivée qu’après le départ des résidents d’implantations armés, ont indiqué les habitants.
Ce raid avait pour but de provoquer les habitants palestiniens afin d’avoir un « prétexte » pour les attaquer, a déclaré le groupe d’activistes israélien Beyond the Herd engagé aux côtés des Palestiniens du sud de la Cisjordanie qui font face aux attaques récurrentes de résidents d’implantations extrémistes.
L’un des résidents d’implantations impliqués dans l’attaque de samedi n’est autre qu’Issachar Manne, ressortissant américain sanctionné par l’administration Biden en raison de son implication dans des attaques contre les Palestiniens. Avec un autre ressortissant américain, Manne avait introduit un recours contre ces sanctions, qui ont été purement et simplement levées par l’administration Trump dès son retour au pouvoir.
Tuba fait partie d’un groupe de villages palestiniens situés à Masafer Yatta, théâtre de « No Other Land », le documentaire oscarisé qui dénonce les violences des résidents d’implantations ainsi que la démolition des maisons palestiniennes par l’armée israélienne en Cisjordanie. Depuis que le film s’est fait connaitre, les villageois font face à un regain des attaques de résidents d’implantations.
Selon les habitants des lieux, ces attaques, qui ont pour but de faire peur aux Palestiniens et de les pousser à quitter leur terre, ont le soutien de l’État, qui n’agit que rarement en cas d’incidents.
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כעשרה מתנחלים, בניהם יששכר מן הבעלים של המאחז משק מן, פלשו היום לכפר טובא כשחלקם חמושים, ונכנסו לחצרות הבתים. המשטרה דאגה להופיע ברגע שהמתנחלים עזבו את המקום. https://t.co/Bop7BdzLNJ pic.twitter.com/IE3OwcxUXg— מחוץ לעדר (@masafering) April 5, 2025
La semaine dernière, une cinquantaine de résidents d’implantations ont attaqué des maisons, incendié des biens et agressé des habitants dans le village de Douma, dans le nord de la Cisjordanie, ce qui a fait trois blessés côté palestinien.
Suite au saccage des résidents d’implantations à Douma, le ministre de la Défense Israel Katz a refusé jeudi de parler de terrorisme, déclarant : « Je ne dirais pas que c’est du ‘terrorisme’. C’est tout du moins mon point de vue. »
« Il y a infraction à la loi, ce qui impose de prendre des mesures. La loi doit s’appliquer à ceux qui ont fait cela – qui que ce soit », a déclaré Katz en ajoutant : « Je suis contre les violences et pour l’application de la loi » avant d’affirmer que de tels actes n’avaient pas lieu d’être.
La Cisjordanie connaît un regain de violence depuis le 7 octobre 2023, jour où des milliers de terroristes dirigés par le Hamas ont pris d’assaut le sud d’Israël pour y tuer 1 200 personnes et faire 251 otages, tout en déclenchant la guerre à Gaza.
En Cisjordanie, l’armée mène des opérations antiterroristes de grande ampleur qui ont d’ores et déjà fait des centaines de morts – en majorité des hommes armés, selon l’armée israélienne – et provoqué le déplacement de dizaines de milliers de personnes.
Il est extrêmement rare que les actions violentes des résidents d’implantations donnent lieu à l’interpellation d’Israéliens. Le chef de la police en Cisjordanie fait d’ailleurs l’objet d’une enquête en raison de son inaction en la matière, dont on pense qu’elle avait pour but de lui attirer les faveurs du ministre d’extrême droite de la Sécurité intérieure, Itamar Ben Gvir.
C’est d’ailleurs cette absence de réaction des autorités israéliennes face aux violences quasi-quotidiennes des résidents d’implantations qui a conduit la précédente administration américaine et plusieurs gouvernements européens à prendre des sanctions à l’encontre des résidents d’implantations violents, l’an dernier. Le président américain Donald Trump a levé les sanctions de son prédécesseur dès sa prise de fonctions en janvier dernier.