Israël en guerre - Jour 498

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Des retraités s’offrent une seconde jeunesse avec l’année de service des plus de 50 ans

Mené dans deux conseils régionaux près de la frontière de Gaza, le projet pilote permet de rapprocher besoins locaux et compétences des personnes proches de l'âge de la retraite

Sue Surkes est la journaliste spécialisée dans l'environnement du Times of Israel.

Edna Hefer fait un câlin à l'âne Messie dans le zoo pour enfants du kibboutz Nahal Oz, dans le sud d'Israël, le 16 janvier 2025. (Crédit : Sue Surkes/Times of Israel)
Edna Hefer fait un câlin à l'âne Messie dans le zoo pour enfants du kibboutz Nahal Oz, dans le sud d'Israël, le 16 janvier 2025. (Crédit : Sue Surkes/Times of Israel)

Le soleil darde ses rayons dorés sur les arbres, pelouses et maisons à un étage du kibboutz Nahal Oz tandis que des bénévoles très dynamiques, membres d’un programme d’une année, ont pris place autour d’une table en plastique pour déguster des salades tout en se racontant leur journée.

Ori Weisman a participé à la remise en état de logements, Edna Hefer, a nourri les animaux du zoo pour enfants et Aviva Kogus a travaillé à la préparation d’un événement dans le désert du Neguev pour la floraison de l’anémone rouge.

Mais il ne s’agit pas là de Shinshinim (abréviation de « shnat sherut », ou « année de service »), nom donné en hébreu aux jeunes qui, 12 mois durant, font du bénévolat avant de commencer leur service national obligatoire.

Ici, avoir 50 ans, c’est un peu comme en avoir 20 : ces personnes proches de l’âge de la retraite se sont installées dans le sud pour un an pour offrir leurs compétences et expériences aux populations frontalières de Gaza.

L’idée de cette année de service pour les 50 ans et plus a germé dans la tête d’une enseignante, Rina Cohen, au moment de faire valoir ses droits à la retraite après une carrière passée au service du ministère de l’Éducation : elle n’était pas prête pour une vie de farniente. Elle a donc contacté Tamar Oged, son ancienne directrice d’école, qui lui a présenté Guy Gardi, PDG d’Elul, de Beit Midrash impliqué dans les nouvelles manières d’être juif.

Boaz Shalit, qui se trouve être un ami de Cohen et un consultant en stratégie, s’est joint au projet, tout comme Eran Baruch, ancien chef de Bina, et le groupe s’est mis au travail.

« L’espérance de vie moyenne a grandement augmenté, mais nous n’avons retardé l’âge de la retraite que de deux ans », explique Gardi au Times of Israel. « Les gens prennent leur retraite au moment où ils sont au mieux de leur force, de leur passion, de leurs capacités professionnelles, de leurs compétences et de leur sagesse de la vie, raison pour laquelle nous leur disons : « Voilà, maintenant, vous restez chez vous ». Pour nombre d’entre eux, ce n’est pas adapté.

Les cinq fondateurs de l’Année de service pour les 50+, de droite à gauche : Guy Gardi, Rina Cohen, Boaz Shalit, Eran Baruch et Tamar Oged, août 2024. (Osnat Yarden Kelner)

L’équipe a pris contact avec les autorités régionales de la frontière de Gaza. Les conseils d’Eshkol et de Merhavim ont immédiatement réagi et précisé les compétences dont ils avaient besoin en matière de thérapie et de soutien, d’éducation et de travail communautaire. Ils se sont mis d’accord sur les contrats d’hébergement et de location, la prise en charge des assurances et les loyers, l’intégration professionnelle des bénévoles. Des philanthropes versent une subvention mensuelle de 700 shekels à chaque bénévole, avec l’espoir que l’État s’en mêle.

Le projet a vu le jour en janvier 2024, et en septembre, 44 volontaires ont commencé à travailler dans les deux régions. (Les Weisman et les Hefer ont rejoint le groupe Eshkol bien qu’ils vivent à Nahal Oz, qui relève de l’autorité régionale de Shaar Hanegev.) Ce mois-ci, 16 d’entre eux commenceront à faire du bénévolat à Shaar Hanegev. La plupart vivront dans le kibboutz Kfar Aza, l’un des plus durement touchés en octobre 2023.

Sur cette photo non datée, des bénévoles participent à une activité de groupe. (Osnat Yarden Kelner)

Le dimanche, les volontaires visitent leur région, rencontrent les habitants, discutent de leur travail et étudient des thèmes pertinents tels que le phénomène pionnier ou les avantages et difficultés du bénévolat dans une communauté.

Michal Uziyahu, chef du Conseil régional d’Eshkol, estime que ces volontaires sont « la face positive de la société israélienne », qui permet au pays de « s’unir et grandir même face aux difficultés les plus grandes ».

Les demandes d’adhésion continuent d’arriver, y compris de l’étranger. L’équipe envisage déjà d’intégrer les Juifs de la diaspora qui parlent hébreu.

« Le programme a le potentiel de toucher tout Israël et même au-delà », ajoute Gardi d’Eloul.

Une zone militaire fermée

Le 7 octobre 2023, des milliers de terroristes du Hamas ont envahi le sud d’Israël pour y massacrer plus de 1 200 personnes et faire 251 otages dans la bande de Gaza. Rien que dans le kibboutz Nahal Oz, 15 personnes ont été assassinées, dont un stagiaire tanzanien, et sept ont été kidnappées.

Situé à moins d’un kilomètre de la frontière de Gaza, le kibboutz Nahal Oz demeure une zone militaire d’exclusion ; les seuls bruits qui s’en échappent sont le gazouillis des oiseaux et des explosions occasionnelles.

« C’est l’armée israélienne qui bombarde Beit Hanoun », m’explique-t-on lorsque des déflagrations se font entendre (c’était avant le cessez-le-feu actuel).

La plupart des habitants du kibboutz vivent temporairement à Netivot ou au kibboutz Mishmar Haemek, dans le nord d’Israël.

Le groupe qui a rendez-vous avec le Times of Israel est assis devant des maisons temporaires près des Weisman du kibboutz Cabri et des Hefer d’Abirim. Cabri et Abirim, dans le nord d’Israël, ont tous deux été pris dans la ligne de mire lorsque l’organisation terroriste du Hezbollah, au Liban, a commencé à tirer des roquettes et des drones sur Israël, le 8 octobre 2013, le lendemain du massacre du Hamas. La guerre entre Israël et le Hezbollah s’est terminée par un cessez-le-feu en novembre qui a été prolongé jusqu’au 18 février.

Ori Weisman était responsable de la sécurité à Cabri et Esti, secrétaire du kibboutz puis gestionnaire de la communauté de Har Halutz en Galilée.

Edna et Eyal Hefer dirigeaient une installation touristique privée avec des chevaux et des chèvres. Eyal a également été secrétaire de la section jeunesse du mouvement Moshav.

Les Hefer ont suivi les Weisman jusqu’à Nahal Oz, et les Weisman y sont arrivés grâce à des contacts personnels.

Des Palestiniens se dirigent vers le poste-frontière de Nahal Oz avec Israël, à l’est de la ville de Gaza, le 7 octobre 2023 (MAHMUD HAMS / AFP)

« Nous avions déjà prévu de faire partie du programme de l’année de service, alors nous avons décidé de faire notre travail à Nahal Oz », explique Esti Weisman.

En plus de trier le courrier du kibboutz, de désherber et de nettoyer, Esti participe à un programme d’entraînement préparatoire militaire (mechina) qui, étonnamment, fonctionne au sein de Nahal Oz depuis décembre 2023.

Ori Weisman met à profit ses talents de bricoleur.

« Les maisons ici [contrairement à d’autres kibboutzim attaqués par le Hamas] n’ont pas été incendiées », explique Ori. « Les terroristes sont venus ici pour prendre des tracteurs, des voiturettes, et même de la nourriture dans les réfrigérateurs. »

Nadav Tzabari examine les dégâts à l’intérieur de sa maison du kibboutz Nahal Oz, en Israël, le 7 février 2024. (Crédit : AP Photo/Leo Correa)

« Il y a beaucoup de dégâts internes causés par les grenades », poursuit-il. « Nous avons surtout retiré des déchets et jardiné, aidé à emballer et retirer le contenu de 60 maisons afin qu’elles puissent être réparées. »

Tout le travail a été effectué sous la supervision d’un membre du kibboutz, avec des fonds de la Direction nationale de Tekuma, et la participation des familles concernées.

Edna Hefer nourrit les quelques animaux encore dans l’enclos du kibboutz. Elle espère rendre l’installation plus attrayante pour tous les membres du kibboutz à leur retour.

Son mari, Eyal, anime des ateliers de renforcement de l’esprit d’équipe et de communication au sein des écoles et programmes pré-militaires.

Aviva Kogus vit au moshav Dekel pour cette année. Elle a dirigé le Conseil sioniste de Nouvelle-Galles du Sud, en Australie. Depuis son retour en Israël, elle travaille à temps partiel à la Chambre de commerce Australie-Israël.

Kogus aide à la gestion et à la collecte de fonds au centre de jour du conseil régional d’Eshkol pour les personnes âgées, Neve Eshkol.

« Nous avons tous reçu des messages via WhatsApp », explique Kogus. « Le groupe fondateur d’Elul avait prévu une grande campagne de relations publiques, mais ils ont envoyé des messages WhatsApp à leurs amis, qui ont fait ricochet. »

« Ils attendaient 30 personnes pour un projet pilote, ils ont eu 830 réponses. Ils ont invité 320 personnes à la première réunion virtuelle via Zoom, nous ont tous fait remplir des formulaires et arrêté les entretiens après les 100 premiers », ajoute-t-elle.

Edna Hefer au zoo pour enfants du kibboutz Nahal Oz, dans le sud d’Israël, le 16 janvier 2025. (Crédit : Sue Surkes/Times of Israel)

Yaron Assaf est médecin à la retraite du kibboutz côtier Maagan Michael, entre Haïfa et Hadera. Sa compagne, Irit Dotan, est sage-femme. Le couple vit dans un logement temporaire dans le moshav Sdei Avraham.

Assaf voit des patients dans une clinique régionale et travaille avec des personnes âgées à Neve Eshkol. Dotan aide à effectuer des tests sanguins dans une clinique et offre des suivis de grossesse dans une autre. Dans ce dernier, elle aide les femmes à se préparer à l’accouchement et à l’allaitement et vérifie leur état mental.

« Il y a beaucoup d’anxiété », confie-t-elle. « C’est une période assez difficile. »

Dotan parle de « l’ambiance familiale » entre le personnel, les bénévoles et les patients et ajoute : « Les gens d’ici ont du mal à croire que des gens comme nous ont quitté leur maison pour être avec eux. »

Elle poursuit : « Avant de venir, nous ne comprenions pas à quoi ressemblait la vie ici. Je ne savais pas avant d’arriver qu’il y avait un abri anti-bombes à côté de chaque arrêt de bus. »

Esti Weisman devant sa maison pour l’année au kibboutz Nahal Oz, dans le sud d’Israël, le 16 janvier 2025. (Crédit : Sue Surkes/Times of Israel)

Interrogée sur l’importance de cette année de service, Esti Weisman confie : « C’est tellement plaisant de donner. Et nous nous sommes fait des amis pour la vie grâce à ce groupe. »

« Ce que nous faisons ici nous élève et nous motive. Qui fait quelque chose de nouveau à 60 ans ? Cela apprend à mettre son ego de côté », poursuit-elle. « Je dirigeais mon kibboutz. Ici, je ne suis pas la grande patronne. Je n’ai aucun problème à trier le courrier pendant trois jours. »

Weisman ajoute : « D’autres personnes voient que nous avons encore quelque chose à apporter. C’est aussi très amusant. C’est une opportunité de rester jeune. »

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