Israël en guerre - Jour 431

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Des soldats israéliens racontent les traumatismes de la guerre contre le Hamas à Gaza

Le Centre israélien de traumatologie et de résilience a vu les demandes monter en flèche parmi les soldats et leurs familles depuis le pogrom perpétré le 7 octobre par le Hamas

Barak, dont la jambe a été déchiquetée par une grenade lors d'une mission de sauvetage d'otages dans la bande de Gaza, marchant dans un couloir de l'hôpital Ichilov, à Tel Aviv, le 22 juillet 2024. (Crédit : Sharon Aranowicz/AFP)
Barak, dont la jambe a été déchiquetée par une grenade lors d'une mission de sauvetage d'otages dans la bande de Gaza, marchant dans un couloir de l'hôpital Ichilov, à Tel Aviv, le 22 juillet 2024. (Crédit : Sharon Aranowicz/AFP)

Après avoir eu les jambes déchiquetées par une grenade lors d’une tentative de sauvetage d’otages par l’armée israélienne qui a mal tourné à Gaza, Barak a tenté de se suicider avec son arme pour éviter d’être capturé par des terroristes palestiniens. Aujourd’hui, le son de l’explosion hante ce soldat israélien.

« La grenade a explosé juste à côté de moi », raconte à l’AFP cet homme de 32 ans, originaire d’Akko, une ville du nord d’Israël. Blessé en décembre dans le centre de la bande de Gaza, il a passé les sept derniers mois à l’hôpital.

Comme beaucoup d’autres soldats israéliens qui ont combattu à Gaza, il a lutté contre des douleurs physiques et des troubles post-traumatiques (TSPT), datant tous de ce moment précis.

« Il s’agit de ce grand boum qui vous fait passer d’un état d’alerte totale à un état d’effondrement et de mort imminente », explique à l’AFP le soldat qui n’a pas souhaité décliner son nom.

« Vous l’entendez, vous sentez l’odeur du plomb, et c’est quelque chose de très traumatisant », dit-il pour expliquer les cauchemars qu’il faisait régulièrement par la suite.

Barak a lui aussi lancé une grenade sur des terroristes palestiniens qui tiraient sur ses jambes déchiquetées, alors qu’il était allongé près d’un encadrement de porte.

Barak, dont la jambe a été déchiquetée par une grenade lors d’une mission de sauvetage d’otages dans la bande de Gaza, dessinant alors qu’il est assis sur son lit à l’hôpital Ichilov, de Tel Aviv, le 22 juillet 2024. (Crédit : Sharon Aranaowicz/AFP)

« Mes jambes étaient étendues sur cette porte et elles étaient dans un état désastreux, comme si elles étaient complètement brisées, et des morceaux de grenade ont pénétré dans mes fesses jusqu’à mon estomac », raconte-t-il encore depuis son lit d’hôpital à Tel Aviv.

C’est à ce moment-là que Barak, entrepreneur dans le domaine de la haute technologie jusqu’au 7 octobre, a pensé à se suicider.

« J’essayais d’atteindre mon pistolet pour me tirer dessus parce que tout ce que j’avais à l’esprit à ce moment-là, c’était que s’ils m’emmenaient dans cette situation, ce ne serait pas bon pour moi », dit-il.

L’homme n’a pas réussi à atteindre son pistolet parce qu’il avait perdu trop de sang, ce qui lui a fait perdre connaissance et l’a empêché de se réveiller pendant sept jours.

Barak, dont la jambe a été déchiquetée par une grenade lors d’une mission de sauvetage d’otages dans la bande de Gaza, faisant de l’exercice à l’hôpital Ichilov, à Tel Aviv, le 22 juillet 2024.(Crédit : Sharon Aranowicz/AFP)

« Etat de choc »

« J’étais sur le point de mourir, puis je me suis réveillé avec beaucoup de douleurs et j’ai commencé à me reconstruire », se souvient Barak, qui se déplace maintenant avec des béquilles.

Ses cauchemars étaient amplifiés par des acouphènes, « c’était comme quand une grenade explose à côté de vous […], j’étais en état de choc en permanence », dit-il.

Einav Ben Hur, responsable des services sociaux du ministère israélien de la Défense à Tel Aviv, a vu le nombre de cas comme celui de Barak grimper en flèche depuis le début de la guerre menée contre le groupe terroriste palestinien du Hamas à Gaza le 7 octobre.

Depuis son bureau à Tel Aviv, où elle coordonne les traitements psychologiques pour les soldats, elle explique à l’AFP que l’impact psychologique est inévitable pour certains.

« Je pense que cela fait partie des préjudices causés par la guerre. La guerre blesse l’âme humaine. Je ne pense pas que l’armée puisse éviter cela », dit-elle.

Le Centre israélien de traumatologie et de résilience, qui gère une ligne d’assistance téléphonique du ministère de la Défense, a vu les demandes monter en flèche parmi les soldats et leurs familles depuis le pogrom perpétré le 7 octobre par quelques 3 000 terroristes du Hamas infiltrés depuis Gaza dans le sud d’Israël. Ils ont tué près de 1 200 personnes et ont également pris en otage 251 personnes, pour la plupart des civils, et les ont emmenées de force à Gaza.

En réponse à cet assaut barbare, le plus meurtrier de l’histoire du pays et le pire mené contre des Juifs depuis la Shoah, Israël a juré d’anéantir le Hamas et de mettre fin à son règne de seize ans, et a lancé une opération aérienne suivie d’une incursion terrestre dans la bande de Gaza, qui a commencé le 27 octobre.

Plus de 39 000 personnes seraient mortes à Gaza depuis le début de la guerre, selon le ministère de la Santé du Hamas. Les chiffres publiés par le groupe terroriste sont invérifiables, et ils incluraient ses propres terroristes, tués en Israël et à Gaza, et les civils tués par les centaines de roquettes tirées par les groupes terroristes qui retombent à l’intérieur de la bande de Gaza.

Israël dit avoir tué 15 000 terroristes au combat. Tsahal affirme également avoir tué un millier de terroristes à l’intérieur du pays le 7 octobre.

330 soldats israéliens ont été tués au cours de l’opération terrestre contre le Hamas et lors des opérations menées le long de la frontière de Gaza.

« Je veux juste vivre »

Le 7 octobre, Barak s’était d’abord dirigé vers le festival Supernova, où se trouvaient trois de ses frères et où des centaines de festivaliers ont finalement été tués.

En chemin, il a été réaffecté au kibboutz Beeri, à la frontière avec Gaza, qui avait été envahi par des centaines de terroristes palestiniens.

Le 7 octobre, raconte Barak, « j’ai vu de mes propres yeux tout ce qui passait sur Telegram et dans les journaux […] Une enfant de 10 ou 12 ans sans tête, des choses horribles comme ça », se souvient-il.

Ben Hur explique que les soldats qui perdent leurs compagnons d’armes sont les plus touchés. « Nous savons que des soldats ont dû ramasser les morceaux [de corps] de leurs amis explosés », dit-elle. « La vue d’un cadavre déchiqueté, avec des organes manquants, l’odeur de la mort, c’est très dur pour eux, disent-ils. »

Saar Ram, un réserviste qui a dirigé une unité de chars à Gaza et qui a eu le crâne brisé lorsque des tireurs palestiniens ont surgi des tunnels pour tendre une embuscade à son bataillon, interviewé dans sa cour dans le village de Ginaton, à proximité de Modiin, le 6 juin 2024. (Crédit : Gil Cohen-Magen/AFP)

Saar Ram, un réserviste qui dirigeait une unité de chars à Gaza, a eu le crâne fracturé lorsque des terroristes palestiniens sont sortis des tunnels pour tendre une embuscade à son bataillon, mais le souvenir le plus marquant que garde cet homme de 29 ans de cette journée, est celui de ce qui est arrivé à ses amis.

« J’y suis allé après pour voir les chars, les chars brûlés […], certains de mes amis sont morts là-bas, mais cette image du char, du char brûlé, c’est quelque chose que je n’oublierai jamais », raconte-t-il à l’AFP.

Barak, lui, dit qu’il n’a pas l’intention de retourner dans la start-up qu’il a fondée avant la guerre. « Je n’ai plus aucune ambition dans la vie, plus rien du tout. Je veux juste vivre », dit-il à côté d’un livre ouvert sur sa table de chevet, le roman de l’auteur français juif Romain Gary, La vie devant soi.

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