Désaccord entre les Juifs d’Argentine sur les poursuites contre l’ex-présidente
Le centre juif de Buenos Aires adresse une lettre publique à un organisme-cadre, lui demandant de se retirer de la liste des plaignants, à l'approche des élections présidentielles

BUENOS AIRES, Argentine (JTA) — La tension monte entre les différentes institutions juives du pays après que le centre juif de Buenos Aires (AMIA) a demandé à la Délégation des associations juives argentines (DAIA) de se retirer de la liste de plaignants dans la plainte portée contre l’ancienne présidente du pays.
Le centre juif a effectivement appelé la DAIA à se soustraire de la plainte pour trahison déposée contre Cristina Fernández de Kirchner, qui avait conclu un pacte avec l’Iran en 2013.
Le gouvernement de son successeur, Mauricio Macri, a annulé cet accord en décembre 2015, lors de sa première semaine d’exercice.
« En se désistant de la plainte contre la sénatrice et ancienne présidente Cristina Fernández de Kirchner, en plus de corriger une grave erreur commise par l’ancien gouvernement argentin, la DAIA prendrait ses distances d’une affaire qui occasionne une grande scission entre la plupart des Argentins, une division qui ne nous représente pas, » a fait savoir l’AMIA dans sa lettre.
L’ancienne présidente constitue la principale opposition au gouvernement Macri, la bipolarisation sociale et politique en découlant gagne le pays à l’approche des prochaines élections présidentielles prévues en octobre. Celle-ci s’est transformée en véritable division au sein de la société, « la grieta » (fissure).

La DAIA a réagi dans un communiqué vendredi, précisant qu’elle ne souhaitait pas abandonner son rôle dans le procès, mais qu’elle soumettra la demande de l’AMIA au reste de ses membres, AMIA y compris. « La DAIA ignore pourquoi l’AMIA, l’une de ses 120 organisations membres, a souhaité rendre ce différend public, » indique le communiqué.
Les médias argentins auraient plusieurs fois fait état des tensions qui secouent les institutions de la communauté juive argentine.
Le procès n’a pas encore de date. Il s’agira de déterminer si le pacte conclu avec l’Iran avait pour but de dissimuler le rôle de la République islamique dans l’attentat meurtrier ayant visé l’AMIA en 1994.
L’explosion à la bombe avait fait 85 morts et des centaines de blessés. L’Iran a toujours réfuté son implication. Kirchner avait signé un protocole d’entente avec Téhéran en 2013 pour mener une enquête commune. Outre l’ancienne présidente, d’autres anciens représentants du gouvernement seront jugés pour dissimulation de preuves et abus de pouvoir.