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Deux femmes accusées d’espionnage pour l’Iran nient toute intention malveillante

Selon un reportage, deux des Israéliennes mises en cause étaient en difficulté financière et tout juste divorcées ; elles ont dit que l'agent leur avait offert de l'argent

Une femme accusée d'avoir été en contact avec un agent étranger de l'Iran lors d'une audience judiciaire à la cour de district de Jérusalem, le 20 janvier 2022. (Crédit : Yonatan Sindel/Flash90)
Une femme accusée d'avoir été en contact avec un agent étranger de l'Iran lors d'une audience judiciaire à la cour de district de Jérusalem, le 20 janvier 2022. (Crédit : Yonatan Sindel/Flash90)

Une chaîne de télévision israélienne a rapporté mercredi des détails au sujet des témoignages de deux des femmes israéliennes soupçonnées d’avoir aidé l’Iran dans une opération d’espionnage et qui ont été récemment arrêtées dans le cadre de ce dossier.

Le Shin Bet a annoncé, la semaine dernière, avoir appréhendé cinq suspects juifs israéliens, qui sont accusés d’avoir aidé un agent de la République islamique à collecter des renseignements et à établir des contacts au sein de l’État juif.

Les cinq suspects, quatre femmes et un homme, sont des Juifs originaires d’Iran ou des descendants d’immigrants iraniens. Ils ont été mis en examen le mois dernier par la Cour de district de Jérusalem.

Selon le Shin Bet, les suspects auraient photographié des sites stratégiques significatifs au sein de l’État juif et notamment le consulat américain de Tel Aviv ; ils auraient essayé de se mettre en relation avec des politiciens et auraient fourni des informations concernant les dispositifs mis en place pour assurer la sécurité sur différents sites, entre autres délits – tout cela alors qu’ils étaient placés sous la direction de l’agent de Téhéran, qui se présentait sous le nom de Rambod Namdar et qui aurait offert des milliers de dollars en contrepartie.

Deux des suspects auraient ainsi tenté de convaincre leurs fils de rejoindre une unité des renseignements militaires de l’armée israélienne, selon Tsahal.

Dans certains cas, les suspects ont reconnu avoir eu conscience qu’il était possible que Namdar soit un agent iranien des renseignements, continuant toutefois à maintenir le contact avec lui, a fait savoir le service de sécurité.

Néanmoins, dans la mesure où aucun suspect présumé dans le dossier n’aurait eu accès à des renseignements classifiés, rien n’indique que cette cellule ait gravement compromis la sécurité nationale. L’affaire révèle malgré tout une faiblesse potentielle qui pourrait être exploitée à l’avenir par la République islamique.

La Treizième chaîne a diffusé les témoignages apportées par deux suspectes aux enquêteurs au cours de leur interrogatoire.

L’une d’elle, une quinquagénaire en cours de divorce et mère de cinq enfants qui est originaire de Jérusalem, n’a été identifiée que par la première lettre en hébreu de son prénom, « Dalet ».

« Dalet » a indiqué qu’il y a deux ans et demi, elle avait accepté une demande d’ami de Namdar sur Facebook après avoir constaté qu’ils avaient de nombreux amis en commun. L’homme s’était présenté comme Juif.

« Il m’a demandé comment j’allais en hébreu, et je lui ai demandé comment ça se faisait qu’il parlait l’hébreu. Il m’a répondu que c’était son grand-père qui lui avait appris. Il s’est présenté comme étant un entrepreneur d’un quartier chic », aurait-elle dit.

Une photo de profil sur Facebook utilisée par un agent des renseignements iraniens, connu sous le nom de Rambod Namdar, pour entrer en contact avec des citoyens israéliens. (Crédit : Shin Bet)

Ils ont ensuite rapidement discuté via WhatsApp – Namdar s’efforçant, à ce moment-là, d’obtenir des informations de sa part en lui envoyant un post d’un groupe Facebook qui souhaitait à une nouvelle commandante de l’unité 8200 des renseignements militaires, une femme d’origine perse, de réussir à son nouveau poste.

« Il m’a demandé qui c’était. Je lui ai dit que je la connaissais et que je l’avais rencontrée mais qu’elle n’était pas une amie », a déclaré « Dalet ».

Il lui a ultérieurement dit que la série très populaire israélienne « Téhéran » – qui évoque des opérations fictives du Mossad au sein de la République islamique – était « une série du Shin Bet », et il lui a demandé si elle avait rencontré des personnes qui travaillaient pour le Shin Bet.

Après quatre mois, Namdar a offert de rencontrer « Dalet » en Turquie ou à Dubaï.

« Je lui ai dit que j’étais encore mariée, que je n’avais pas encore divorcé, et il a continué à essayer de me convaincre de me rendre dans un autre pays », a-t-elle dit. « Je lui ai dit qu’il pouvait payer quelqu’un pour m’obtenir un visa pour l’Iran via l’Arménie, et que je ne dirais à personne. »

Plus tard, après le début de la pandémie de COVID-19, Namdar a offert de l’argent à la femme qui lui avait confié rencontrer des difficultés financières en raison des confinements. « Il a insisté pour m’envoyer 1 000 dollars et, un jour, il m’a transmis un numéro de code Western Union. Je suis allé à la banque et j’ai retiré 2 800 shekels envoyés d’Australie. Il m’a dit qu’il avait demandé à un ami qui se trouvait là-bas d’envoyer l’argent. »

« Dalet » a expliqué qu’elle avait nourri des soupçons à l’encontre de Namdar, ce dernier ayant toujours été réticent à parler de lui.

Malgré ses soupçons, ce n’est que lorsqu’elle a été arrêtée qu’elle a compris l’ampleur de l’affaire dans laquelle elle se trouve aujourd’hui impliquée.

« Je n’avais pas l’intention de porter préjudice au pays avec cette relation », a-t-elle déclaré aux enquêteurs, selon la chaîne. « Je ne veux pas que ma vie et que celle de mes enfants soient détruites. Ayez pitié de moi. »

Photo d’illustration : Une Juive iranienne met son bulletin dans l’urne dans un bureau de vote de Téhéran, le 21 février 2020. (Crédit : Atta Kenare/AFP)

La Treizième chaîne a aussi cité le témoignage d’une autre femme qui a été désignée par l’initiale « Mem ».

« Il y a environ cinq ans, il m’a transmis un message sur Facebook et m’a dit qu’il était un riche Juif. Je lui ai dit que j’avais traversé un divorce difficile et que j’avais plusieurs emplois », a dit « Mem ».

Elle a expliqué que Namdar lui avait aussi proposé de lui envoyer de l’argent mais qu’elle avait refusé.

« Mem » a noté qu’à une occasion, elle avait découvert que Namdar avait offert à une autre femme – identifiée par l’initiale « Bet » – de la rencontrer en Turquie. « Bet » lui avait dit que l’homme lui avait acheté un collier.

« Elle a commencé à pleurer, elle a dit qu’elle ne pourrait pas prendre l’avion en fin de compte, qu’elle avait déjà acheté le billet et gaspillé beaucoup d’argent », a continué « Mem », ajoutant lui avoir alors dit « Pourquoi y vas-tu ? Sais-tu qui il est ? ».

Les avocats des cinq suspects ont affirmé que leurs clients n’avaient à aucun moment voulu nuire au pays. Selon le fils de l’une des suspectes qui a été cité par la Douzième chaîne, sa mère est une femme âgée qui n’aurait jamais porté préjudice à son pays et qui encourageait et œuvrait en faveur de l’immigration en Israël des Juifs d’Iran.

Babek Yitzhaki, journaliste né en Iran, a déclaré que le dossier était un « séisme » au sein de la communauté d’Israéliens nés au sein de la République islamique.

L’enquête et les mises en examen conséquentes mettent en lumière le phénomène rare et peu discuté des Juifs d’Iran se rendant au Israël pour rendre visite à la famille.

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