Dirige Netanyahu, dirige !
Un gouvernement qui ne remplit pas son devoir de protection de ses propres citoyens, n'a pas le droit de gouverner. Le gouvernement Netanyahu a perdu ce droit quand il a entériné l’accord de libération des prisonniers
David est le fondateur et le rédacteur en chef du Times of Israel. Il était auparavant rédacteur en chef du Jerusalem Post et du Jerusalem Report. Il est l’auteur de « Un peu trop près de Dieu : les frissons et la panique d’une vie en Israël » (2000) et « Nature morte avec les poseurs de bombes : Israël à l’ère du terrorisme » (2004).
Quand Frazier Glenn Cross est inculpé pour le meurtre de trois personnes, un médecin William Corporon, son petit-fils de 14 ans Reath Griffin, et une ergothérapeute Terry LaManno, commis dans un centre communautaire et une maison de retraite juifs du Kansas, il encourt pour ces faits la réclusion criminelle à perpétuité
sans possibilité de libération conditionnelle.
Le tireur adepte de la suprématie de la race blanche est également passible de la peine capitale.
Une fois que le criminel, qui a ouvert le feu sans discernement sur des véhicules israéliens près de Hébron, à la veille de Pessah, tuant Baruch Mizrahi, sera arrêté, il devra subir des conséquences bien différentes.
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Si l’expérience est guide, le juge israélien imposera une peine similaire à celle de son homologue américain pour le récent crime de haine perpétré dans le Kansas.
Le coupable du meurtre de Cisjordanie se verra souligner qu’il a détruit une famille innocente et sera condamné pour le crime de sang-froid. Il écopera alors d’une peine de prison à perpétuité, non seulement parce que c’est le prix à payer imposé par la société pour son crime effroyable, mais également parce que c’est l’endroit où il doit être enfermé afin de nous protéger de ses aspirations et de ses penchants meurtriers.
Sauf que cette apparente sévérité du système judiciaire israélien est une chimère.
Malgré toute la sévérité formelle du procès, du verdict et de la sentence, le meurtrier d’Hébron – qui, encore une fois, si l’expérience est guide, traitera la cour avec mépris et dédain arguant qu’Israël n’a aucune autorité sur lui – aura toutes les raisons de se sentir léger.
Comme nous le savons, et comme il le sait, il n’a aucune raison de craindre de passer le reste de ses jours en prison.
Cette tradition israélienne, chaotique et autodestructrice, d’échange ou de libération de prisonniers fait miroiter aux terroristes palestiniens potentiels qu’il peuvent raisonnablement s’attendre à revenir au bout de quelques années auprès de leurs familles et amis, et se faire accueillir en héros.
Cette politique mène Israël à subir le crime sans infliger la sanction, à libérer des assassins aujourd’hui pour les rendre plus forts demain, et ainsi à se discréditer en libérant ceux qui ont ôté la vie de nos citoyens.
La majorité des Israéliens a reconnu depuis longtemps que cette mascarade doit cesser.
La Commission Winograd, qui a enquêté sur la seconde guerre du Liban de 2006, a exhorté l’Etat hébreu à mettre fin à ces échanges insensés.
Dix ans plus tôt, un certain Benjamin Netanyahu avait écrit dans un ouvrage intitulé La lutte contre le terrorisme, que « l’un des points essentiels de notre politique anti-terroriste devrait se baser sur le refus de libérer des terroristes condamnés dans nos prisons. C’est une erreur qu’Israël, l’un des pays leader en matière de contre-terrorisme, a répété à plusieurs reprises… Libérer des terroristes ne fait que renforcer leur sentiment d’impunité, le sentiment que désormais même s’ils sont inculpés, le châtiment sera bref. Pire, en laissant les terroristes penser que de telles demandes sont réalisables, on encourage précisément le genre de chantage des terroristes qu’il faut absolument éviter. »
Décidément…
Il s’avère franchement impossible de concilier la pensée claire de Netanyahu version 1995 avec la direction confuse de Netanyahu version 2013.
Plutôt que de faciliter la relance des pourparlers de paix en déclarant un gel de l’expansion des implantations et en reconnaissant le fait incontestable qu’Israël négocie sur la base des frontières d’avant 1967 – requêtes formulées par Mahmoud Abbas – Netanyahu a choisi de capituler devant la moins acceptable des conditions imposées par Abbas : la libération de terroristes palestiniens pré-Oslo.
L’accord de libération des prisonniers les plus sanguinaires, échelonné en quatre phases, représentait depuis le départ une terrible erreur. Et pas seulement avec le recul après constat de l’agonie du processus de paix. Israël s’est rétracté avant la dernière phase, refusant de procéder à la libération des terroristes arabes israéliens sans au minimum la confirmation qu’Abbas prolongerait les pourparlers au-delà de leur date butoir du 29 avril.
Que dit, à propos de Abbas et de la société palestinienne, leur volonté de libérer ces assassins en amont d’un long processus de négociation au cours duquel il s’est montré inflexible, plutôt que d’envisager ces libérations comme l’acte de conclusion d’un véritable processus de réconciliation ?
Que dit, à propos d’Israël, le fait que notre gouvernement ait permis une telle
humiliation ?
Netanyahu s’est rendu coupable de la libération de ces terroristes, en négation totale et délibérée de sa propre position de principe articulée en 1995.
En cause, son refus non négociable de freiner les constructions dans les implantations, mêlé aux exigences imposées par sa propre coalition et les pressions politiques internationales : Il ne pensait pas pouvoir obtenir une majorité au sein de sa coalition afin d’imposer un gel des implantations, être en mesure de refuser un retour à la table des négociations sans froisser les Américains. En définitive, il considère n’avoir eu d’autre choix que de laisser des tueurs en liberté.
Mais ce raisonnement n’est pas tenable. Libérer des terroristes ignobles « pour le bien du pays » n’a aucun sens.
Mais ce raisonnement n’est pas tenable. Libérer des terroristes ignobles « pour le bien du pays » n’a aucun sens
Et son attitude qui vise à « punir » les actes de terrorisme en approuvant encore plus de construction dans les implantations ne fait qu’ajouter l’insulte à l’injure.
Un gouvernement qui ne remplit pas son devoir de protection de ses propres citoyens, n’a pas le droit de gouverner. Le gouvernement Netanyahu a perdu ce droit quand il a entériné l’accord de libération des prisonniers.
Israël a grand intérêt à parvenir à un arrangement avec les Palestiniens. L’Etat hébreu ne peut imposer de conditions à une direction palestinienne qui refuse de les accepter.
En revanche, il pourrait adopter des mesures susceptibles de créer un climat plus propice au progrès des négociations.
Par exemple, accorder la priorité à l’impératif pour les forces de sécurité de prévenir les actes de violence des extrémistes juifs résidant dans les implantations contre leurs voisins palestiniens (ou, comme à Yitzhar la semaine dernière, contre l’armée israélienne).
Il pourrait relancer la commission mixte israélo-palestinienne mise en place pour lutter contre l’incitation à la haine et l’atmosphère toxique qui encouragent des actes comme l’assassinat de Baruch Mizrahi.
Et il pourrait également geler les constructions dans les implantations que l’Etat hébreu n’envisage pas de conserver après la signature d’un accord permanent.
Des mesures qui donneraient du crédit aux modérés côté palestinien qui clament qu’Israël cherche la paix, et permettrait à Israël de présenter une position cohérente sur la scène internationale concernant ses exigences sécuritaires.
Compte tenu de la rigidité affichée par Abbas, aucune de ces mesures ne modifierait la donne de façon spectaculaire dans un avenir proche. Mais elles aideraient à atteindre cet objectif.
Mettre un terme à cette politique de libération des terroristes avant qu’ils n’aient fini de purger leur peine pourra enfin restaurer la crédibilité de notre système judiciaire, et nous évitera de trahir les familles des victimes.
Cela permettra essentiellement de restaurer notre dissuasion face aux futurs assassins, de restaurer la dignité d’Israël et de réduire le sentiment de défaitisme de ses habitants. Des éléments essentiels à la résilience nationale, redonnant l’espoir aux Israéliens d’avoir à nouveau confiance en leur gouvernement.
Si Netanyahu n’est pas prêt à mener la danse sur ces terrains sensibles, il n’a aucun droit d’être Premier ministre.
S’il ne place pas la protection des citoyens israéliens en tête de ses priorités, il doit quitter son fauteuil en faveur de quelqu’un qui le fera. Il critique la faiblesse apparente des États-Unis sur la scène internationale, en particulier leur politique laxiste à l’égard de l’Iran.
Mais l’Amérique ne capitule face au terrorisme. Netanyahu oui.
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David Horovitz, rédacteur en chef et fondateur du Times of Israel