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Discours de Marianne Miller, rescapée de la Shoah, à l’Assemblée générale de l’ONU

« J’implore le monde de se souvenir de ce qu’il s’est passé il y a à peine 80 ans », a déclaré la mère de l'humoriste israélien Adir Miller dans un contexte de recrudescence de l'antisémitisme à travers le globe

Marianne Miller, rescapée de la Shoah, à la tribune de l'ONU, à New York, le 27 janvier 2025. (Crédit : Kobi Gideon/GPO)
Marianne Miller, rescapée de la Shoah, à la tribune de l'ONU, à New York, le 27 janvier 2025. (Crédit : Kobi Gideon/GPO)

Marianne Miller, rescapée de la Shoah et éducatrice, a prononcé un discours ce lundi à l’Assemblée générale des Nations unies, à l’occasion de la Journée internationale de commémoration de la Shoah et du 80e anniversaire de la libération de camp d’extermination d’Auschwitz-Birkenau.

Née à Budapest pendant la Seconde Guerre mondiale, Miller a subi les horreurs de la Shoah, notamment la séparation forcée de sa famille et l’assassinat de plusieurs de ses proches. Malgré ces épreuves inimaginables, elle a survécu et a ensuite consacré sa vie à sensibiliser les générations futures aux crimes nazis et aux dangers de la haine et de l’intolérance.

Son intervention devant l’Assemblée générale des Nations Unies a été permise notamment grâce à Danny Danon, l’envoyé israélien à l’ONU.

Voici le discours intégral prononcé par Mirianne Miller :

« Mon nom est Marianne Miller, et je suis une rescapée de la Shoah. Je représente les derniers survivants de la Shoah, qui se font vieux, plus faibles et plus malades, nous quittant jour après jour. J’étais un bébé pendant la Shoah, mais je peux tout de même le dire haut et fort :

J’y étais.

Mes parents, Alfred et Violetta Nobel, formaient un jeune couple très amoureux. Avant que mon père ne soit emmené dans un camp de travail, ma mère voulait être enceinte. Mon père s’y est opposé. « Tu ne donnes pas naissance à un enfant dans un monde où une mort certaine l’attend partout », a-t-il dit. Mais ma mère, éperdument amoureuse, lui a répondu : « Peut-être l’un de nous survivra, et il aura la mémoire de l’autre. »

C’est dans ces conditions que je suis venue au monde – un monde dans lequel la mort m’attendait à chaque coin.

Budapest, 1944. Par une nuit de décembre glacée. Des mères marchent avec leurs bébés dans un silence de mort, en direction de la gare. Destination : Auschwitz.

Puis, quelque chose de sans précédent est arrivé. D’un mouvement soudain, ma mère a arraché son étoile jaune et a couru hors des rangs en me serrant dans ses bras. Elle s’est alors cachée sous un porche, pensant que personne ne l’avait vue.

Mais un Nazi hongrois l’a poursuivie, criant et pointant son fusil sur sa poitrine. « Comment oses-tu retirer ton étoile jaune ? », lui a-t-il aboyé. « À présent, je vais tuer ton enfant et te forcer à regarder. Puis tu retourneras dans le rang sans ton bébé. »

Il aurait été vain de supplier sa clémence. Tout ce que ma mère avait était une fine alliance en or. Elle l’a tendu en sa direction, disant : « Regarde ! Regarde ! Tu tues des gens et prends leurs bijoux, mais cet anneau est différent – il n’est pas couvert de sang. Il brille car tu n’as assassiné personne pour l’avoir. Prends-le. Il est béni. Tu as accordé la vie à une mère et son enfant. Prends-le ! »

Peut-être, à cet instant précis, il a trouvé au fond de lui-même une étincelle d’humanité. Il ne l’a pas suivie. Il l’a laissée s’échapper et nous avons été sauvées.

L’histoire de mon père est tout aussi remarquable.

Envoyé au camp de la faim de Bergen-Belsen, il survit avec une tranche de pain par semaine. Il avait la volonté de la diviser en sept morceaux et de n’en manger qu’un par jour. À la libération, il ne pesait plus que 35 kilos – le poids d’un enfant.

La plupart de ma famille n’a pas eu la même chance. Plusieurs ont été abattus et jetés dans le Danube. La sœur de ma mère, Nicolet, une partisane, a été exécutée. Mon cousin Gabor, qui n’avait que 13 ans, a été tué – il aurait pu devenir un poète connu dans le monde entier.

Aujourd’hui, je me tiens devant vous après avoir perdu mon mari, Yoel, il y a deux mois.

Il a été mon meilleur ami pendant 58 ans. Enfant, il avait survécu au camp de concentration de Theresienstadt, et était devenu une figure paternelle pour son petit frère.

En avril, j’ai eu l’honneur de diriger la Marche des Vivants à Budapest et à Auschwitz. J’ai été profondément bouleversée par les montagnes de chaussures, de lunettes et de cheveux qui demeuraient de cette époque. Six millions de personnes ont été brutalement tuées simplement parce qu’elles étaient juives.

Je suis venue aujourd’hui accompagnée de mes enfants et petits-enfants – ma réponse personnelle à Hitler.

L’antisémitisme redresse son affreux visage à nouveau à travers le monde. Nous devons nous souvenir : Dieu a créé les hommes pour aimer, non pour haïr. Dieu veut être fier de l’humanité, et non avoir honte d’elle.

Je représente aujourd’hui les six millions de victimes de la Shoah, qui ont été assassinées pour le simple fait qu’elles étaient juives. J’implore le monde de se souvenir de ce qu’il s’est passé il y a à peine 80 ans.

Jamais. Jamais. Jamais ne laissons cela se reproduire.

Merci, du plus profond de fond de mon coeur, à l’ambassadeur Danny Danon et au Président Isaac Herzog d’avoir rendu ma présence possible aujourd’hui. »

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