Echange d’accusations historiques entre Varsovie et Moscou
La semaine dernière, dans une évocation des origines de la Seconde Guerre, le président russe a rejeté la responsabilité du conflit sur les puissances occidentales et la Pologne
Varsovie et Moscou se sont rejeté mutuellement la responsabilité pour le déclenchement de la Seconde Guerre mondiale, s’entre-accusant de « fausser » l’histoire et de « saper » les relations bilatérales, dans une série d’échanges de propos et communiqués officiels.
« C’est avec inquiétude et incrédulité que nous accueillons les déclarations de représentants de la Fédération de Russie, dont du président Vladimir Poutine, sur la genèse et le déroulement de la Seconde Guerre mondiale, présentant une fausse image des événements », a déclaré le ministère polonais des Affaires étrangères, dans un long communiqué paru samedi soir sur son site officiel.
Varsovie reproche à Moscou de « renouer avec la propagande stalinienne » et de « gaspiller l’effort commun des experts polonais et russes, et l’acquis de ses prédécesseurs, Mikhail Gorbatchev et Boris Eltsine qui, en dépit de difficultés, avaient tenté de chercher une voie de vérité et de réconciliation dans les relations polono-russes ».
Et d’évoquer les souffrances et les massacres subies par la Pologne et les Polonais ainsi que les actes hostiles soviétiques à son égard avant et pendant la Seconde Guerre mondiale, estimant à 566 000 le nombre de victimes polonaises de la répression soviétique.
Dimanche, une porte-parole du ministère russe des Affaires étrangères a considéré la Pologne comme « le principal acteur de l’adoption des sanctions européennes anti-russes », et l’a accusée de « saper » les relations par une « rhétorique agressive, des démolissions de monuments aux combattants contre le fascisme ».
La semaine dernière, dans une évocation des origines de la Seconde Guerre, le président russe a rejeté la responsabilité du conflit sur les puissances occidentales et la Pologne, avant de dénoncer une résolution du Parlement européen sur la « mémoire européenne », adoptée en septembre, qui mettait sur un pied d’égalité communisme et nazisme.
« On peut jeter l’anathème sur le stalinisme (…) Mais mettre l’URSS et l’Allemagne fasciste sur le même plan ? », s’est interrogé M. Poutine, qui a critiqué cette résolution « totalement incorrecte ».
Lors d’une réunion des chefs de la Communauté des Etats indépendants (CEI), jeudi, et le lendemain, lors de sa conférence de presse annuelle, M. Poutine a dénoncé le « cynisme incroyable » de telles considérations.
« Les gens ne savent ni lire ni écrire ! Qu’ils lisent les documents de l’époque, qu’ils voient comment le soi-disant accord de Munich a été signé en 1938, lorsque les chefs des principaux pays – France, Grande-Bretagne – ont signé un accord avec Hitler sur le partage de la Tchécoslovaquie », auquel la Pologne a aussi participé, s’est élevé M. Poutine, selon la transcription officielle de ses propos.
Varsovie, lui, évoque le pacte germano-soviétique Ribbentrop-Molotov du 23 août 1939, doté d’un protocole secret, qui a « scellé » le partage de l’Europe orientale en zones d’influence des deux régimes totalitaires.