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Opinion

Edelstein, ex-prisonnier soviétique de Sion, aujourd’hui pro-arrestations politiques

Le député aurait dû être le premier à soutenir les trois femmes qui ont placé des tracts pour les otages sur les sièges de sa synagogue ; au lieu de cela, il a soutenu la police

Shalom Yerushalmi est analyste politique pour Zman Israël, le site en hébreu du Times of Israël sur l'actualité israélienne.

Le président de la commission des Affaires étrangères et de la Défense Yuli Edelstein (Likud) lors d'une réunion, à la Knesset, à Jérusalem, le 16 juillet 2024. (Crédit : Yonatan Sindel/Flash90)
Le président de la commission des Affaires étrangères et de la Défense Yuli Edelstein (Likud) lors d'une réunion, à la Knesset, à Jérusalem, le 16 juillet 2024. (Crédit : Yonatan Sindel/Flash90)

Yuli Edelstein aurait dû être fier de la forme de protestation choisie par les trois femmes qui ont été arrêtées vendredi après avoir distribué des tracts la veille dans la synagogue de Herzliya où il prie.

Edelstein figure en bonne place sur les tracts, sur une photo qui date de l’époque où il était un refuznik – ou prisonnier de Sion, un Juif réfractaire emprisonné en Union soviétique dans les années 1980 -, et qui est entourée de photographies des soldates de surveillance de l’armée israélienne – ou tazpitaniyot – qui sont toujours retenues en otage à Gaza – des héroïnes d’Israël, ni plus ni moins que lui.

Toutes ces femmes étaient en première ligne et avaient prévenu de l’imminence du désastre.

Enlevées à Gaza le 7 octobre, ces soldates ont été témoins des horreurs – meurtres, viols – perpétrées par les terroristes du Hamas en ce jour terrible. Aujourd’hui, elles languissent dans les tunnels du groupe terroriste palestinien et aspirent à être secourues, tout comme Edelstein il y a 40 ans.

Tracts exhortant à la libération des otages détenus par le Hamas qui ont été déposés sur les sièges d’une synagogue, à Herzliya, le 13 septembre 2024. (Crédit : Capture d’écran via X ; utilisée conformément à la clause 27a de la loi sur le droit d’auteur)

Mais Edelstein a un cœur de pierre.

« J’apporte tout mon soutien à la police israélienne et lui adresse de nombreux remerciements pour le fait qu’en plus de toutes ses autres tâches, elle est venue me protéger, ainsi que la synagogue, contre divers émeutiers », a-t-il déclaré dimanche.

Edelstein soutient l’arrestation des trois femmes qui ont exprimé leur opposition de la manière la plus modérée et la plus civile possible. Je suis certain que si les manifestants qui réclamaient la liberté des refuzniks, il y a bien longtemps, s’étaient contentés de distribuer poliment des tracts dans le monde entier, Nathan Sharansky et Yuli Edelstein seraient encore en train de croupir dans un goulag soviétique.

Edelstein n’a pas critiqué les scandaleuses arrestations et n’a pas eu d’empathie pour les trois manifestantes. Après tout, c’est l’homme qui a demandé aux parents des otages qui le poursuivaient à la Knesset il y a quelques mois de « sortir de ma vue ».

Des tracts appelant à la libération des otages détenus par le Hamas placés sur les sièges d’une synagogue à Herzliya, le 13 septembre 2024. (Crédit : Organisation de soutien aux détenus)

Même le nouveau chef de la police israélienne, Danny Levy, s’est rapidement rendu compte que ces arrestations étaient inappropriées, après que des policiers ont été envoyés pour menotter ces femmes à leur domicile pour les amener au poste de police de Glilot.

Levy a ordonné que les circonstances des arrestations soient examinées et il a clairement indiqué que des leçons seraient tirées.

Le Département des enquêtes internes de la police (PIID), organe du ministère de la Justice, s’est lui montré encore plus déterminé et a annoncé qu’il interrogerait les personnes impliquées.

Même Moshe Saada, membre du Likud à la Knesset, a été choqué.

Mais Edelstein ? Il a exigé que la police le protège des distributrices de tracts et des manifestants qui l’ont accompagné sur le chemin de la synagogue pendant Shabbat.

Des manifestants entourant le député Yuli Edelstein alors qu’il se rend à la synagogue de Herzliya, le lendemain de l’arrestation de trois femmes qui avaient placé des tracts en otage dans le lieu de culte, le 14 septembre 2024. (Crédit : Yaïr Palti/ Groupe de protestation pour la démocratie)

« Nous sommes sur une pente glissante », a déclaré Edelstein. « Si nous ne fixons pas des limites très claires à ce qu’est une manifestation et à ce qu’est une protestation, nous finirons par nous retrouver dans de mauvaises situations. »

Il convient de rappeler à Edelstein que nous avons depuis longtemps atteint des sommets et qu’il a contribué à nous faire dégringoler sur cette pente glissante. En mars 2020, Edelstein, qui était alors président de la Knesset, avait refusé d’obéir à un ordre de la Cour suprême consistant à convoquer la Knesset pour choisir un nouveau président après une saga juridico-parlementaire. Il avait alors affirmé que la Cour suprême avait porté atteinte à la souveraineté de la Knesset et avait démissionné plutôt que de se conformer aux ordres de la Cour.

Depuis lors, Edelstein n’a cessé de reculer. Cet homme politique qui était arrivé en tête des primaires du Likud et qui était considéré comme un candidat sérieux à la tête d’Israël est tombé bien bas sur la liste du parti pour la Knesset actuelle. En 2021, il avait annoncé qu’il défierait Benjamin Netanyahu pour la direction du Likud, mais il avait rapidement changé d’avis.

Au cours de l’année 2023 et à nouveau depuis le pogrom du 7 octobre perpétré par le groupe terroriste palestinien du Hamas, Edelstein a tenté en coulisses d’organiser un vote de défiance constructif à l’égard du gouvernement Netanyahu, se proposant comme Premier ministre de remplacement jusqu’à la tenue d’élections législatives. Cette tentative a échoué car le Likud a refusé de soutenir sa candidature.

Le prisonnier de Sion Yuli Edelstein, son épouse Tatiana et leur fille arrivant en Israël le 12 juillet 1987. (Crédit : Kfir Maïr, IPPA ; Dan Hadani archive ; National Library)

Edelstein a été un dissident, un homme courageux qui a purgé une peine dans une prison soviétique, a fait des grèves de la faim, insistant sur son droit démocratique à réaliser son rêve sioniste. Aujourd’hui, malheureusement, il soutient les arrestations politiques de ceux qui manifestent pour la libération des otages abandonnés par le gouvernement Netanyahu. Peut-être espère-t-il s’attirer les faveurs des électeurs du Likud qui l’ont chassé des hautes sphères du parti de l’actuel Premier ministre.

Il sera intéressant de voir si Edelstein pliera également sur la question centrale qu’il traite actuellement en tant que président de la commission des Affaires étrangères et de la Défense de la Knesset : les efforts visant à légiférer une loi pour réglementer l’enrôlement militaire de la population ultra-orthodoxe.

Edelstein a promis qu’il ne soutiendrait pas le retour des exemptions générales pour les Haredim – il ne soutiendra pas la plaisanterie d’un projet de loi qui est actuellement sur la table de la commission. Il a déclaré qu’il n’approuverait en dernière lecture que les projets de loi qui permettraient réellement de recruter des ultra-orthodoxes dans les rangs de Tsahal, une mesure vitale compte tenu des besoins d’Israël en matière de sécurité.

La pression exercée sur Edelstein est considérable, principalement de la part de Netanyahu et des politiciens ultra-orthodoxes. À en juger par son comportement lamentable au cours du week-end, il est à craindre qu’Edelstein ne prouve, une fois de plus, qu’il a perdu ses principes.

Traduit du Zman Yisrael, la version en hébreu du Times of Israel.

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