Egypte : les étoiles sur un temple ancien ne sont ni nouvelles, ni juives
Les étoiles à six branches trouvées à Eléphantine datent de l’antiquité tardive et ne sont pas des étoiles de David
Ilan Ben Zion est journaliste au Times of Israel. Il est titulaire d'une maîtrise en diplomatie de l'Université de Tel Aviv et d'une licence de l'Université de Toronto en études du Proche-Orient et en études juives

Le ministère égyptien des Antiquités a dissipé les rumeurs selon lesquelles un archéologue allemand avait gravé deux étoiles de David sur un bloc de calcaire d’un temple ancien à Eléphantine, déclarant dans un communiqué publié la semaine dernière que les inscriptions avaient au moins 1 400 ans.
Le retrait d’un bloc de calcaire portant deux étoiles à six branches d’un temple égyptien le mois dernier a remué les médias locaux, certains affirmant que le ministère de l’Antiquité était troublé par la présence d’étoiles de David sur un site archéologique, ou que des archéologues étrangers les avaient gravées dans la pierre.
Mais les archéologues familiers du temple d’Osiris Nesmeti d’Eléphantine, d’où proviennent les inscriptions, ont affirmé que la pierre avait été enlevée simplement pour étudier plus facilement l’inscription.
L’autorité égyptienne des antiquités a déclaré la semaine dernière dans un communiqué en arabe que la pierre, découverte par des archéologues suisses en 1985, a été gravée entre le 1er et le 6e siècle après Jésus-Christ. Des études supplémentaires sont nécessaires pour préciser la date d’inscription des étoiles, a déclaré le ministère.

Le rapport notait que les étoiles à six branches n’apparaissaient pas dans les objets coptes de l’époque, ni dans l’iconographie islamique avant le 8e siècle de notre ère.
Nasr Salam, directeur des antiquités d’Aswan au ministère, a souligné pendant une conversation téléphonique avec le Times of Israël que, contrairement à ce qu’annonçait les médias locaux, les dessins n’étaient pas des étoiles de David, mais des étoiles à six branches.
Même si l’étoile à six branches est un symbole juif contemporain, elle ne l’est devenue que pendant les derniers siècles.
Le fameux chercheur juif mystique Gershom Sholem soulignait dans un essai de 1949 que « jusqu’au milieu du 19e siècle, il n’est venu à l’esprit d’aucun chercheur ou cabaliste [pratiquant de la tradition mystique juive] d’enquêter sur le secret de sa signification juive, et elle n’est pas mentionnée dans les livres pieux, ni dans toute la littérature hassidique. »
Des articles de médias égyptiens spéculatifs affirmaient qu’un archéologue juif allemand avait gravé le symbole juif moderne sur la pierre pour humilier le peuple égyptien.
Un autre article affirmait que le ministère des Antiquités avait enlevé le bloc pour sauver la face, en pleine reconstruction du temple de l’ère ptolémaïque dédié à Osiris.
Les archéologues familiers de la situation ont déclaré que le bloc avait été enlevé pour sa préservation pendant l’étude et serait remis en place dès que possible.
Les ruines du temple ont été découvertes sur l’île d’Eléphantine, dans le sud de l’Egypte, pendant des fouilles en 2001. Le temple d’Osiris Nesmeti a été démantelé dans l’antiquité et ses pierres ont été réutilisées dans un mur datant du 6e siècle après Jésus-Christ.
Des siècles avant la construction du temple d’Osiris Nesmeti, Eléphantine accueillait une population de mercenaires de Judée depuis le 6e siècle avant notre ère, et comptait un temple juif complètement fonctionnel avec des sacrifices d’animaux. Un ensemble de papyrus trouvé sur l’île documentait leur histoire.