El Al annonce des profits records ; les consommateurs israéliens se plaignent des prix élevés
La compagnie aérienne a considérablement bénéficié du fait qu'elle est le seul transporteur à proposer des vols réguliers à destination et en provenance d'Israël au cours des derniers mois
El Al Israel Airlines a enregistré des bénéfices en hausse au quatrième trimestre 2023, stimulés par la guerre entre Israël et le Hamas à la faveur de laquelle la compagnie nationale s’este mobilisée pour assurer les départs et retours des Israéliens au moment où les compagnies rivales annulaient leurs vols vers Tel Aviv.
La compagnie nationale israélienne est désormais l’une des seules compagnies aériennes à proposer des vols réguliers depuis que la plupart des transporteurs étrangers ont interrompu leur activité. Certains, comme Lufthansa, Swiss et Air France, ont repris des liaisons avec Israël de manière limitée, et United et British Airways devraient reprendre sous peu.
La PDG d’El Al, Dina Ben-Tal Ganancia, a déclaré jeudi à Reuters que le quatrième trimestre 2023 avait été « en montagnes russes », depuis le choc initial des attaques du 7 octobre contre Israël par des terroristes du Hamas, au cours desquelles quelque 1 200 personnes ont été assassinées et 253 prises en otage jusqu’à la nécessité de rapatrier les réservistes et prendre en charge les passagers.
« La reprise a été rapide en décembre et cette tendance [positive] se poursuit au premier trimestre », a-t-elle déclaré.
El Al a annoncé jeudi un bénéfice net de 39,7 millions de dollars sur la période d’octobre à décembre, contre 8,5 millions de dollars l’an dernier, avec des revenus passés de 570,7 à 678,8 millions de dollars, qui ont fait grimper ses actions de près de 5 %.
Le bénéfice net pour 2023 est passé de 109,4 millions de dollars en 2022 à 116,7 millions de dollars. Le chiffre d’affaires a atteint un record de 2,5 milliards de dollars, en hausse de 26 % par rapport à 2022.
Selon les données de l’Autorité aéroportuaire israélienne, le nombre de passagers transportés par El Al l’an dernier a augmenté de 32,5 % pour atteindre 5,5 millions, soit une part de marché de 26,3 % à l’aéroport Ben Gurion.
Sur les réseaux sociaux, les consommateurs israéliens ont exprimé leur déception envers la compagnie aérienne, disant qu’El AL a profité de son monopole de fait pour relever ses tarifs.
Toutefois, une enquête de la Treizième chaîne israélienne a confirmé que si El Al n’était pas toujours l’option la moins chère, ses prix n’avaient pas changé de manière abusive.
« En fin de compte », a expliqué Ben-Tal Ganancia à la Treizième chaîne, « cette impression est celle des personnes qui [réservent des billets] à la dernière minute, ou dont les vols ont été annulés par une autre compagnie aérienne », et qui doivent acheter un vol El Al, plus cher.
La concurrence s’est durcie ces dernières années, et Ben-Tal Ganancia a confié à Reuters que le désengagement des compagnies rivales continuerait à stimuler les ventes d’El Al même au-delà de la période actuelle.
« Les gens ont compris qu’El Al était une valeur sûre pour réserver un vol, et ils y reviennent ». « Nous sommes le pont entre Israël et le monde. »
Pourtant, la demande a diminué, et la plupart des dessertes se font avec les États-Unis, essentiellement avec des missions de soutien à Israël, et aussi un peu vers l’Europe, la Grèce et Chypre surtout, a-t-elle ajouté.
El Al a interrompu ses liaisons vers Johannesburg, Dublin et Istanbul – destinations situées dans des pays très critiques d’Israël en guerre – ce qui a entraîné une baisse des vols israéliens et un regain des vols américains.
« Nous ajustons notre réseau à la demande », a ajouté Ben-Tal Ganancia.
El Al a toujours l’intention d’acheter une trentaine d’avions court-courriers pour remplacer une flotte vieillissante, et même si la guerre a un peu retardé cette décision, la compagnie aérienne continue de négocier avec Boeing et Airbus, a expliqué Ben-Tal Ganancia.
« Il y a beaucoup de problèmes avec la chaîne d’approvisionnement et le fait que nous soyons en guerre a un peu retardé nos discussions, ne serait-ce que parce que les personnes concernées n’étaient pas très enclines à se rendre en Israël. »
« Nous sommes à 50-50 », a-t-elle conclu à propos de la décision entre les deux avionneurs.