En Israël, plus de sites saints juifs profanés que de sites chrétiens et musulmans réunis
Une recherche de l’organisation 'Terre commune' documente la violence religieuse en Terre sainte, depuis 2011, 52 % des sites attaqués étaient juifs
Elhanan Miller est notre journaliste spécialiste des affaires arabes
L’incendie à l’Eglise de la Multiplication sur les rives de la mer de Galilée par des Juifs extrémistes en juin a entraîné l’indignation en Israël et la condamnation à l’étranger, soulignant le potentiel des crimes religieux pouvant faire du tort diplomatiquement à Israël et ternir son image de protecteur fervent de la liberté religieuse.
L’attaque n’est pas venue comme une surprise pour une petite équipe de chercheurs aux bureaux Jérusalem de Recherche pour la Terre Commune, une organisation internationale à but non lucratif consacrée à la résolution du conflit, principalement à travers les projets intereligieux.
Mais l’attaque, si elle a été largement couverte dans la presse, n’est pas vraiment représentative des faits sur le terrain.
Depuis 2013, le bureau de Jérusalem de l’ONG a recensé et classé les attaques sur les sites religieux en Terre Sainte (un terme qu’il utilisent pour décrire à la fois Israël et la Cisjordanie), et récolter des informations depuis 2011.
Une analyse des données disponibles dans le registre des attaques sur des sites religieux en Terre Sainte révèle qu’au cours des quatre dernières années, les sites juifs ont été attaqués plus souvent que ceux musulmans et chrétiens combinés. Des 136 attaques documentées depuis septembre 2011, 52% des sites attaqués étaient juifs, 26% étaient musulmans et 22 % chrétiens.
La violence sur le mont du Temple a été intentionnellement omise des statistiques qui ne différencient pas les attaques sévères de celles moins graves.
Dans de nombreux cas, les chercheurs ont noté que les assaillants des attaques contre de sites juifs, y compris des synagogues, des cimetières seraient des Juifs, hypothèse qui se base sur les éléments retrouvés sur les lieux des incidents.
« Nous, la communauté juive, nous nous percevons comme des victimes d’attaques perpétrées par d’autres groupes ethniques », a déclaré Sharon Rosen, le co-directeur du bureau de Jérusalem de la Recherche pour la Terre commune, au Times of Israel. « Le registre reflète la violence dans notre société, tout comme la violence externe que nous connaissons tous ».
L’idée du registre a été inspirée par le Code universel de conduite sur les Lieux saints écrit par la Recherche pour la Terre Commune et trois autres organisations en janvier 2011, et est soutenu par les principales organisations religieuses d’Israël. Le code vise à améliorer la protection des lieux saints et à faire la promotion de la reconciliation intereligieuse.
En cherchant à travers la base de données, qui développe un projet pilote lancé en Bosnie en 2011, on peut trouver la date exacte et la localisation d’une attaque, la nature du crime, les liens vers des articles en ligne et l’information sur l’enquête de police. En outre, la localisation de toutes les attaques est disponible sur une carte Google incluse dans le registre.
Les attaques contre les sites religieux ne se produisent pas régulièrement ou systématiquement, ni en temps ni en lieu. Les chercheurs ont remarqué, avec surprise, une chute du nombre d’attaques depuis juin 2014, coïncidant avec l’enlèvement et le meurtre des trois adolescents israéliens dans le sud de Jérusalem.
Cela a entraîné une campagne israélienne massive d’arrestations contre le groupe terroriste du Hamas en Cisjordanie, puis d’une opération militaire de 50 jours contre des groupes terroristes à Gaza.
« Nous ne pouvons par le dire avec certitude, mais nous supposons que les gens ont été trop occupés avec les autres événements qui se produisaient », a déclaré Rosen.
Eran Tzidkiyahu, un coordinateur du programme à la Recherche pour la Terre commune et directeur du registre, a déclaré qu’il attend toujours une confirmation officielle de la police sur les informations rassemblées par les média et d’autres groupes de surveillance, comme Tag Meir.
« J’ai été surpris de découvrir le nombre d’attaques ésotériques contre des sites juifs dans le pays et dont personne n’entend presque jamais parler, a déclaré Tzidkiyahu.
« De nombreuses synagogues sont cambriolées pour des raisons qui semblent criminelles, et il y a beaucoup de violence contre des [synagogues] Conservatrice et Réformées, qui ont probablement été menées par des éléments orthodoxes ou ultra-orthodoxes. Dans certains cas, les synagogues sont vandalisées pour des raisons nationalistes, tout particulièrement dans des zones frontières. »
Selon Tzidkiyahu, le Mont Sion à Jérusalem, foyer d’importants sites et institutions religieux pour les Juifs, les Chrétiens et la Musulmans, est un lieu de tension connu pour les attaques religieuses.
« Il y a sept cimetières chrétiens sur le Mont Sion, a déclaré Tzidkiyahu. Dans les mois récents, nous avons assisté à la destruction de cimetières, des attaques au spray sur l’Abbaye Dormition et la destruction par un incendie d’un séminaire des prètres grecs orthodoxes, sur les pentes occidentales de la montagne ».
Les nombreuses attaques sur le mont Sion ont poussé les autorités israéliennes à agir, en installant un poste de police permanent sur le site.
« Ce n’est pas juste une question de sites chrétiens locaux attaqués, a déclaré Tzidkiyahu, mentionnant les liens personnels entre les individus impliqués dans les attaques religieuse du Mont Sion et Yishai Schlissel, qui a assassiné la jeune adolescente Shira Banki lors de la parade de la gay pride le mois dernier dans la capitale.
« C’est comme une blessure infectée qui peut se propager dans le corps et contaminer des organes vitaux si elle n’est pas traitée », a-t-il ajouté.