En pleine guerre, les appels à la démission de Netanyahu de plus en plus nombreux
Les organisateurs des manifestations anti-gouvernement, d'ex-chefs sécuritaires et autres estiment que le Premier ministre n'est ni capable, ni apte à diriger le pays
Jeremy Sharon est le correspondant du Times of Israel chargé des affaires juridiques et des implantations.
Les leaders du mouvement des opposants au projet de refonte judiciaire qui était avancé par le gouvernement ainsi que d’anciens hauts-responsables de la sécurité ont, ces derniers jours, multiplié leurs critiques du gouvernement et ils ont appelé le Premier ministre Benjamin Netanyahu à présenter sa démission, à l’issue d’une période de modération politique relative qui a suivi les atrocités commises par le Hamas sur le sol israélien en date du 7 octobre.
Un grand nombre des organisations qui s’étaient dressées contre le gouvernement et contre sa tentative d’affaiblir l’autorité du système judiciaire en Israël se sont transformées en groupes d’aides aux Israéliens frappés de plein fouet par les terroristes du Hamas et ses massacres. Ils ont aussi lancé des campagnes en faveur de la libération des otages retenus en captivité dans la bande de Gaza – des otages qui avaient été kidnappés pendant l’assaut.
Mais les leaders de ces mouvements activistes, comme Moshe Radman et Shikma Bresler – associant leurs voix à celle de l’ancien directeur du Shin Bet, Yuval Diskin et à celles d’autres anciens responsables de l’armée israélienne – réclament dorénavant la démission de Netanyahu alors que la guerre que mène actuellement Israël à Gaza bat son plein.
« Dire que ‘on ne change pas un Premier ministre pendant une guerre’ est une estimation erronée qui est dite et répétée par les journalistes, des personnalités publiques et par les citoyens en général », a dit Radman sur X, anciennement Twitter, mardi.
״לא מחליפים ראש ממשלה בזמן מלחמה״ זו אמירה שגויה שנאמרת שוב ושוב על ידי עיתונאים, אישי ציבור ואזרחים בכלל. אבל האמת היא הפוכה – חייבים להחליף, נתניהו הוא היום הדבר היחידי שעומד בינינו לבין ניצחון, לבין איחוד העם, לבין חיזוק ההרתעה ושיקום הכלכלה והחברה, רוצים.ות לדעת למה? סדרה של… pic.twitter.com/LrBQg8EV8D
— Moshe Radman Abutbul משה רדמן אבוטבול (@RadmanMoshe) October 31, 2023
« Mais la réalité, c’est que c’est le contraire. Nous devons changer de Premier ministre, Netanyahu est aujourd’hui la seule chose qui se tient entre nous et la victoire, l’unification de la population, le renforcement de la dissuasion et le redressement de l’économie et de la société », a-t-il ajouté.
Radman, qui est l’un des leaders de premier plan du mouvement contre le plan de refonte radicale du système judiciaire, qui avait été arrêté et blessé au cours de manifestations d’opposants au gouvernement, a affirmé, sur X, que Netanyahu était « le père du Hamas », que c’était lui qui avait lancé l’idée, avec l’establishment chargé de la sécurité, que le groupe terroriste pourrait être un atout pour disqualifier l’Autorité palestinienne et qu’il avait accepté de tolérer de petits cycles de conflit avec le Hamas, au fil des années, en résultat.
Les appels à la démission du Premier ministre lancés par Bressler, autre activiste de premier plan dans le mouvement des opposants au plan de refonte judiciaire, qui a fréquemment attaqué les alliés de Netanyahu et les responsables de la coalition, sont devenus, eux aussi, de plus en plus véhéments.
« La confiance est le B.A-BA du leadership. Netanyahu ne peut pas diriger l’armée dans le cadre de cette guerre », a-t-elle écrit sur X, accompagnant sa publication des résultats d’un sondage montrant le niveau de confiance extrêmement bas que les Israéliens portent dorénavant à la gouvernance du Premier ministre après l’assaut barbare du 7 octobre.
« Les soldats n’ont pas confiance en Netanyahu ; il ne peut pas diriger Israël dans le cadre de cette guerre », avait-elle déjà posté il y a deux semaines, lorsqu’un soldat avait commencé à crier « Menteur ! » en direction du Premier ministre qui visitait, ce jour-là, une base militaire du sud du pays. Netanyahu avait dû renoncer à prononcer le discours qu’il avait prévu de faire là-bas.
אין כמעט אדם במדינת ישראל שילך אחרי נתניהו. לא בעיניים פקוחות ובטח שלא בעיניים עצומות (מזכירה שאת המונח שקרן בן שקרן הגה סמוטריץ׳).
זה משבר מנהיגות ומשבר אמון מהמעלה הראשונה. משבר כזה פוגע בכלל המערכות ובעת מלחמה מהווה סכנה של ממש.
הכתובת זועקת מהקיר.— שקמה ברסלר Shikma Bressler (@ShikmaBressler) October 23, 2023
D’anciens responsables de la sécurité ont également affirmé que le Premier ministre devait quitter ses fonctions sans tarder, indépendamment de la guerre en cours – une guerre qui est le conflit le plus grave connu par Israël depuis presque deux décennies.
Écrivant sur le site d’information Walla, Diskin a dénoncé Netanyahu pour avoir tenté d’attribuer la responsabilité des événements au chef du Shin Bet et au responsable des renseignements militaires au début de la semaine, insistant sur le fait que c’était le Premier ministre qui, au final, était à blâmer.
« Le pogrom survenu à Simchat Torah est l’explosion des mensonges, de l’imposture, de la perte de direction de l’État d’Israël, une explosion qui nous revient en plein visage. Un seul homme en est responsable. C’est le Premier ministre resté le plus longtemps à sa fonction de toute l’Histoire d’Israël – Benjamin Netanyahu, » a écrit Diskin, lundi.
L’ancien chef du Shin Bet a indiqué que Netanyahu avait échoué « au niveau stratégique », ajoutant que le pays devait exiger la démission immédiate du Premier ministre et la formation d’un gouvernement d’urgence qui serait chargé de gérer la guerre.
Suite à un post publié sur X par Netanyahu – où il avait affirmé que ses propres responsables sécuritaires endossaient la responsabilité des atrocités commises par le Hamas le 7 octobre – Noam Tilbon, général à la retraite et ancien commandant de la Division de Judée-Samarie au sein de Tsahal, a appelé Netanyahu à présenter sans délai sa démission au cours d’un entretien accordé à la Douzième chaîne, dimanche.
« En cette journée de Shabbat noir, le Hamas, une organisation qui n’est pourtant pas très grande, a humilié l’armée israélienne et a humilié Israël », a dit Tibon, qui s’est rendu dans le sud d’Israël, dans la matinée du 7 octobre, pour se battre contre des terroristes du Hamas. Il est parvenu à secourir son fils et sa famille au kibboutz Nahal Oz, tuant plusieurs hommes armés.
« Il y a des gens qui doivent être blâmés pour tous les manquements qui ont eu lieu », a dit Tibon, qui a noté que le chef d’état-major de Tsahal et le responsable du Shin Bet avaient d’ores et déjà assumé leur part de responsabilité dans la catastrophe.
« Le seul à n’avoir pas reconnu sa responsabilité là-dedans, c’est Benjamin Netanyahu », a continué Tibon, qui s’était illustré dans le mouvement d’opposition au plan de refonte radicale du système de la justice.
« Les gens ont perdu leur sentiment de sécurité tout entier au cours des trois dernières semaines. Je le dis donc directement à Netanyahu : Assumez. Démissionnez maintenant. Cela ne pourra qu’aider la campagne ».
Le Bureau de Netanyahu n’avait pas répondu à une demande de réaction sur ces appels à la démission au moment de la rédaction de cet article.