Enquête du « Qatar-Gate » : 2 suspects interrogés par la police – médias
Les 2 collaborateurs du Premier ministre, décrits comme des "figures centrales" de l'affaire, sont soupçonnés d'avoir été en contact avec un agent étranger et de blanchiment d'argent

Mercredi soir, la police a placé en garde à vue et interrogé deux suspects dans le cadre de l’enquête en cours visant à déterminer si des milliers de dollars ont été transférés du Qatar à des collaborateurs du Premier ministre Benjamin Netanyahu au cours des derniers mois.
Ces arrestations ont eu lieu quelques heures après la diffusion par la chaîne publique Kann d’enregistrements dans lesquels un homme d’affaires israélien basé dans le Golfe a admis avoir transféré de l’argent de Jay Footlik, lobbyiste américain employé par le Qatar, à Eli Feldstein, collaborateur de Netanyahu.
Selon Kann, l’homme d’affaires israélien Gil Birger a versé de l’argent à Feldstein par l’intermédiaire d’une société privée alors que ce dernier travaillait comme porte-parole de Netanyahu.
En vertu d’un embargo délivré par le tribunal, qui est en vigueur jusqu’au 10 avril, il est interdit de publier d’autres détails concernant cette enquête.
Les enquêteurs de la police se seraient rendus au domicile des suspects munis de mandats de perquisition vers 19 heures. Après avoir perquisitionné leurs maisons, les deux suspects ont été arrêtés.
Ils auraient été placés en détention pour suspicion de maintien de contact avec un agent étranger et de blanchiment d’argent, selon les médias israéliens, qui décrivent ces détenus comme des « figures centrales » et déclarent que chacun d’eux a donné sa version des événements.

Après avoir été interrogés, les deux suspects ont été libérés jeudi matin, selon certaines sources, sous des conditions non précisées.
Les suspects ont été arrêtés et interrogés après la publication des enregistrements, qui, selon les avocats de Feldstein, prouvent l’innocence de leur client.
« Étant donné qu’un embargo a été imposé sur tous les détails de l’enquête connue sous le nom de ‘Qatar-gate’ – et que Kann n’aurait pas enfreint cet ordre, il est clair que Feldstein n’est pas suspect dans cette affaire, et pour cause », ont déclaré les avocats de Feldstein.
« Comme cela a été affirmé dès que les allégations ont été soulevées pour la première fois, Feldstein n’a jamais travaillé pour le Qatar, n’a jamais transmis d’informations au Qatar et n’a jamais reçu d’argent du Qatar », peut-on lire dans le communiqué des avocats.
« Feldstein travaillait pour le bureau du Premier ministre et toutes ses activités sur les questions politiques et de sécurité étaient menées uniquement au nom et pour le compte du Premier ministre. »
Selon la chaîne N12, les avocats de Feldstein ont ajouté que l’argent que leur client avait reçu de Birger était destiné à des services qu’il avait fournis « pour le bureau du Premier ministre, et non pour le Qatar ». Ils ont affirmé que les paiements versés à Feldstein constituaient une « solution temporaire et partielle apportée par des personnes du cabinet du Premier ministre » à un « problème lié à son salaire », mais n’ont pas précisé en quoi consistait ce problème qui nécessitait le paiement du salaire de Feldstein par des sources extérieures au gouvernement.
Le reportage de la chaîne N12 a également ajouté que les déclarations de l’équipe juridique de Feldstein suggéraient que l’idée de payer ce dernier par l’intermédiaire de la société de relations publiques financée par Doha avait été lancée par Jonatan Urich, un haut assistant de Netanyahu, et que leur client n’avait pas connaissance du lien entre les paiements et le Qatar.
« En d’autres termes, les représentants de Feldstein rejettent aujourd’hui la responsabilité sur le bureau du Premier ministre et, selon cet argument, les Qataris, par l’intermédiaire du lobbyiste américain Jay Footlik, ont financé l’emploi d’un porte-parole militaire du Premier ministre d’Israël en temps de guerre », selon la chaîne N12.
En réponse à la mention de son nom, les avocats d’Urich ont nié son implication dans l’affaire et ont affirmé que leur client « n’a aucune idée de qui est Gil Birger ».
« Urich est un consultant privé qui n’est ni fonctionnaire, ni employé par le cabinet du Premier ministre », ont déclaré ses avocats. « Et de toute façon il n’est ni responsable ni chargé des questions d’emploi ou de ressources humaines au sein du cabinet. Il ne s’occupe donc pas des salaires et ne transfère d’argent à personne. »
« Il s’agit d’une fausse accusation fabriquée de toutes pièces », ont affirmé les avocats d’Urich, ajoutant que les « motifs de l’enquête sont transparents et connus de tous ».

Réagissant également aux enregistrements diffusés par Kann, le cabinet du Premier ministre a déclaré que ce reportage était « encore une fake news » et a affirmé que le cabinet du Premier ministre « s’abstient de ‘verser’ des pots-de-vin à qui que ce soit. Tous les paiements effectués par un organisme gouvernemental le sont conformément aux dispositions de la loi et par l’intermédiaire d’entités autorisées uniquement. Toute autre allégation est sans fondement et vise à relancer une nouvelle affaire fabriquée de toutes pièces ».
Ces investigations ont été lancées à la suite des révélations selon lesquelles Feldstein, l’ancien porte-parole de Netanyahu, accusé d’avoir porté atteinte à la sécurité nationale dans une affaire de vol et de divulgation de documents classifiés de l’armée israélienne, aurait travaillé pour le Qatar par l’intermédiaire d’une société internationale engagée par Doha pour fournir aux journalistes israéliens des informations favorables au Qatar, alors qu’il était employé au cabinet du Premier ministre.
Les procureurs ont accusé Feldstein d’avoir divulgué le document à la presse dans le but d’influencer l’opinion publique, qui s’était retournée contre Netanyahu après l’assassinat en captivité de six otages israéliens – Hersh Goldberg-Polin, Eden Yerushalmi, Ori Danino, Almog Sarusi, Alex Lubnov, et Carmel Gat – fin août.
En novembre, il avait également été rapporté qu’Urich et son collègue Yisrael Einhorn, également assistant de Netanyahu, avaient travaillé pour le Qatar dans le domaine des relations publiques en vue de la Coupe du monde de 2022. Les trois hommes sont les principaux suspects dans l’affaire de sécurité nationale dans laquelle Feldstein a été inculpé en novembre. Tous les trois nient les faits, tout comme le cabinet de Netanyahu.

Fin février, la procureure générale Gali Baharav-Miara a ordonné l’ouverture de l’enquête sur le « Qatar-gate », menée par l’unité anti-corruption de la police Lahav 433 en collaboration avec l’agence de sécurité intérieure du Shin Bet.
Lorsque Netanyahu a annoncé au cours du week-end son intention de limoger le chef du Shin Bet, Ronen Bar, les dirigeants de l’opposition et de la société civile ont accusé le Premier ministre de le faire afin de contrecarrer l’enquête. Netanyahu a répliqué en affirmant que l’enquête avait été lancée dans le but de protéger Bar. Après la détention des deux suspects mercredi soir, le bureau de Netanyahu a annoncé qu’un vote visant à révoquer Bar aurait lieu jeudi soir.