Erdogan en quête d’une alliance islamique anti-Israël
Selon le chef turc, après Gaza, Israël cherchera à occuper le Liban, la Syrie, "notre patrie entre le Tigre et l'Euphrate" ; "le Hamas ne défend pas que Gaza, mais aussi les terres islamiques"
ISTANBUL – Le président turc Recep Tayyip Erdogan a déclaré samedi que les pays islamiques devraient former une alliance contre ce qu’il a appelé « la menace croissante de l’expansionnisme » d’Israël.
Il a tenu ces propos après avoir décrit ce que les responsables palestiniens et turcs ont déclaré être l’assassinat par les troupes israéliennes d’une militante américaine originaire de Turquie qui participait à une manifestation vendredi contre l’expansion des implantations en Cisjordanie.
« La seule mesure qui arrêtera l’arrogance israélienne, le banditisme israélien et le terrorisme d’État israélien est l’alliance des pays islamiques », a déclaré Erdogan lors d’un événement organisé non loin d’Istanbul par l’Association des écoles islamiques.
« Israël ne s’arrêtera pas à Gaza », a-t-il affirmé. « Si Israël continue de la sorte, il jettera son dévolu ailleurs après avoir occupé Ramallah. Le tour viendra pour d’autres pays de la région. Il en sera de même pour le Liban et la Syrie. Ils jetteront leur dévolu sur notre patrie entre le Tigre et l’Euphrate. »
« Ils l’affirment ouvertement sur chaque carte devant laquelle ils posent », a-t-il déclaré.
« Ils déclarent déjà qu’ils ne se contenteront pas d’occuper Gaza. »
On ne sait pas exactement à quoi Erdogan faisait référence, Israël n’ayant jamais fait de déclaration de ce type. Les dirigeants israéliens ont prévenu qu’une guerre totale pourrait éclater au Liban si le groupe terroriste chiite libanais du Hezbollah ne cessait pas ses attaques quasi-quotidiennes contre le nord du pays, qui durent depuis le 8 octobre, au lendemain du pogrom du 7 octobre perpétré par le groupe terroriste palestinien du Hamas.
« C’est pourquoi nous disons que le Hamas résiste au nom des musulmans. C’est pourquoi nous disons que ‘le Hamas ne défend pas seulement Gaza, il défend les terres islamiques, la Turquie’ », a poursuivi Erdogan.
Il a ajouté que les mesures prises récemment par la Turquie pour améliorer ses relations avec l’Égypte et la Syrie visaient à « former une ligne de solidarité contre la menace croissante de l’expansionnisme », qui, selon lui, menaçait également le Liban et la Syrie.
En réponse, le ministre des Affaires étrangères Israel Katz a qualifié le dirigeant turc de véritable menace pour le Moyen-Orient et pour son propre peuple.
« Erdogan continue de jeter le peuple turc dans le feu de la haine et de la violence pour le bien de ses amis du Hamas », a écrit Katz sur le réseau social X.
Il a qualifié les accusations d’Erdogan selon lesquelles Israël veut conquérir les pays du Moyen-Orient de « mensonge dangereux et d’incitation [à la haine] ».
« Israël défend ses frontières et ses citoyens contre les meurtriers et les violeurs du Hamas, et contre l’axe chiite du mal dirigé par l’Iran », a déclaré Katz.
« Erdogan et l’alliance des Frères musulmans travaillent depuis des années aux côtés de l’Iran pour saper les régimes arabes modérés au Moyen-Orient. »
« Erdogan devrait se taire et avoir honte. »
La Turquie d’Erdogan entretient depuis longtemps des relations chancelantes et tumultueuses avec Israël et, depuis le déclenchement de la guerre à Gaza en réponse aux massacres perpétrés par le Hamas le 7 octobre, il a accusé à plusieurs reprises Israël de génocide, a loué le groupe terroriste palestinien en tant que « combattants de la liberté » et a comparé l’État juif à l’Allemagne nazie.
Erdogan a accueilli le président égyptien Abdel Fattah al-Sissi à Ankara cette semaine et ils ont discuté de la guerre de Gaza et des moyens de réparer leurs liens longtemps gelés au cours de ce qui était la première visite présidentielle de ce type en douze ans.
Les liens entre les deux pays ont commencé à reprendre en 2020 lorsque la Turquie a entamé des efforts diplomatiques pour apaiser les tensions avec des rivaux régionaux éloignés, notamment les Émirats arabes unis et l’Arabie saoudite.
Erdogan a déclaré en juillet que la Turquie inviterait le dictateur syrien Bashar el-Assad « à tout moment » pour d’éventuelles discussions visant à rétablir les relations entre les deux voisins, qui ont rompu leurs liens en 2011 après le déclenchement de la guerre civile syrienne.
L’armée israélienne a déclaré après les faits de vendredi qu’elle examinait les rapports selon lesquels une ressortissante étrangère « a été tuée à la suite de coups de feu tirés dans la zone ». Les détails et les circonstances dans lesquelles elle a été touchée sont en cours d’examen.
Le bureau du Premier ministre Benjamin Netanyahu n’a pas encore commenté l’incident de vendredi.