Erdogan et Raïssi mettent en garde contre les « menaces » à la stabilité du Moyen-Orient
Accueillant le président de l'Iran, qui est aussi l'un des principaux soutiens du Hamas, le dirigeant turc s'en est pris à Israël pour son offensive "inhumaine" à Gaza
Le président turc Recep Tayyip Erdogan a déclaré avoir convenu avec son homologue iranien Ebrahim Raïssi, lors d’une rencontre mercredi, de la nécessité d’éviter les mesures susceptibles de menacer davantage la stabilité au Moyen-Orient, trois mois après le début de la guerre entre Israël et le Hamas dans la bande de Gaza.
Erdogan, qui soutient depuis longtemps le Hamas, a sévèrement critiqué Israël pour cette guerre, lancée en réponse à l’assaut meurtrier du 7 octobre par le groupe terroriste régnant sur Gaza, au cours duquel 3 000 terroristes ont déferlé sur Israël, tuant près de 1 200 personnes et prenant 253 otages dans la bande de Gaza.
Le dirigeant turc, qui soutient les initiatives juridiques visant à juger Israël pour « génocide » – une accusation que l’État juif et ses partisans rejettent comme étant sans fondement – a appelé à un cessez-le-feu immédiat.
Contrairement à ses alliés occidentaux et à certains pays arabes, la Turquie, membre de l’OTAN, ne considère pas le Hamas comme un groupe terroriste.
L’Iran dirige ce qu’il appelle « l’axe de la résistance », une coalition informelle qui comprend le Hamas et des groupes armés musulmans chiites de la région qui sont intervenus militairement contre Israël et ses alliés occidentaux, parmi lesquels le groupe terroriste chiite libanais du Hezbollah, et les Houthis au Yémen. Il est également l’un des principaux soutiens du Hamas.
S’exprimant lors d’une conférence de presse après avoir rencontré Raïssi à Ankara, Erdogan a déclaré que les deux dirigeants avaient discuté de mettre fin aux attaques « inhumaines » d’Israël contre Gaza et de la nécessité de prendre des mesures pour une paix juste et durable dans la région.
« Nous nous sommes mis d’accord sur l’importance de ne pas entreprendre une quelconque action qui viendrait menacer davantage la sécurité et la stabilité de notre région », a-t-il déclaré, ajoutant que les deux voisins avaient également convenu de poursuivre leur coopération pour lutter contre les menaces militantes transfrontalières.
Alors que le conflit s’étend, des frappes américaines et britanniques ont touché des cibles houthies soutenues par l’Iran au Yémen ce mois-ci, en réponse à des attaques contre des navires de la mer Rouge. Erdogan a qualifié ces frappes « d’usage disproportionné de la force ».
Le ministre turc des Affaires étrangères, Hakan Fidan, a également déclaré la semaine dernière qu’il s’était entretenu avec ses homologues iranien et pakistanais à la suite des échanges de tirs transfrontaliers entre les deux pays voisins, et a appelé au calme.
Malgré sa rhétorique belliqueuse, Ankara maintient des liens commerciaux avec Israël, suscitant des critiques dans le pays et en Iran.
Raïssi a accusé les États-Unis de soutenir ce qu’il a défini comme des « crimes » d’Israël contre les Palestiniens de Gaza et a réitéré l’appel de Téhéran aux pays musulmans pour qu’ils coupent leurs relations économiques et politiques avec le « régime sioniste ».
« Ce qui se passe en Palestine et à Gaza est un crime contre l’humanité… et les États-Unis et l’Occident soutiennent ces crimes », a-t-il déclaré. « Couper les liens économiques et politiques avec ce régime pourrait sans aucun doute avoir un impact sur le régime sioniste et l’inciter à mettre un terme à ses crimes. »
La Turquie et l’Iran entretiennent depuis toujours des relations compliquées, et divergent sur un grand nombre de questions, notamment la guerre en Syrie.
Ankara a soutenu les rebelles qui cherchent à évincer le président Bashar El-Assad et a monté plusieurs incursions dans le nord de la Syrie contre des combattants, alors que Téhéran soutient le gouvernement de ce dernier. La Turquie a récemment pris des mesures pour améliorer ses relations avec Damas.
Raïssi a reporté à deux reprises sa visite, initialement prévue en novembre, en raison de problèmes de calendrier et d’attentats dans la ville de Kerman, dans le sud-est de l’Iran. Mercredi, les deux dirigeants ont présidé une réunion du conseil d’affaires turco-iranien et ont signé plusieurs accords.