Essonne : Protection pour un professeur menacé de mort, deux ans après Samuel Paty
Une missive adressée au lycée Georges Brassens d'Evry dit notamment que "le sale Juif doit arrêter de faire le malin", avec des menaces de mort
Le parquet d’Evry a ouvert jeudi une enquête concernant les menaces de mort visant un professeur d’histoire-géographie d’un lycée de l’Essonne, auquel une lettre anonyme promet le même sort que Samuel Paty assassiné en octobre 2020, a appris l’AFP de source policière et auprès du ministère public.
L’enseignant d’une trentaine d’années a été placé sous protection de la police. Des agents sont postés devant son domicile et devant l’établissement où il enseigne, a complété une source policière à l’AFP. Aucune interpellation n’a eu lieu dans l’immédiat, a précisé le parquet.
« Lorsque des professeurs ou des membres de la communauté éducative (…) sont menacés (…), nous intervenons, d’abord en condamnant fermement toute forme d’agression verbale ou physique », mais également avec « une protection fonctionnelle », a réagi le ministre de l’Education nationale Pap Ndiaye, interrogé par la presse en marge d’un déplacement à Joinville-le-Pont (Val-de-Marne).
Dans la missive adressée au lycée Georges Brassens d’Evry, publiée sur les réseaux sociaux et authentifiée par une source de la police pour l’AFP, on peut lire : « Le sale Juif doit arrêter de faire le malin (…) On va lui faire ‘une Samuel Paty’ à lui et son père le vieux rabbin sioniste ». « Les juifs on en veut pas (sic) dans des lycées, restez dans vos synagogues. On va s’occuper (de ce professeur) à la sortie du Lycée (sic) », poursuit le courrier.
Le proviseur de l’établissement, recevant cette lettre, a prévenu « dans la foulée le professeur (visé) qui était sur site puisqu’il avait cours » et l’a « accompagné pour aller déposer plainte au commissariat », a déclaré à l’AFP l’académie de Versailles.
Cet enseignant est arrivé à la rentrée dans cet établissement, selon le rectorat qui a déclaré « mettre des mesures en place pour accompagner le professeur, les équipes pédagogiques et les élèves ».
« La haine antisémite inadmissible inacceptable, immonde », a réagi sur Twitter Isabelle Rome, ministre chargée de l’Egalité femmes-hommes. « Deux ans après l’assassinat de Samuel Paty par la barbarie islamiste, nous devons ne rien laisser passer. Le racisme, l’antisémitisme et le rejet de la République doivent être combattus partout. Soutien à cet enseignant », a-t-elle ajouté.
La haine antisémite inadmissible, inacceptable, immonde.
Deux ans après l'assassinat de Samuel Paty par la barbarie islamiste, nous devons ne rien laisser passer.
Le racisme, l'antisémitisme et le rejet de la République doivent être combattus partout.
Soutien à cet enseignant. pic.twitter.com/spKcXZHmOq
— Isabelle Rome (@RomeIsabelle) October 13, 2022
Le parquet a ouvert une enquête pour menace de mort avec comme circonstance aggravante l’appartenance, vraie ou supposée de la victime à une religion déterminée.
Le 16 octobre 2020, Samuel Paty, professeur d’histoire-géographie de 47 ans, était décapité près de son collège de Conflans-Sainte-Honorine, à l’ouest de Paris, par un réfugié russe d’origine tchétchène de 18 ans qui lui reprochait d’avoir montré des caricatures de Mahomet à ses élèves.
Parmi les incidents recensés depuis, un professeur d’un lycée de Thann (est) a « subi des menaces de mort de la part de l’oncle d’une de ses élèves » début octobre après avoir « abordé en classe la liberté d’expression, les caricatures de Mahomet et Charlie Hebdo« , selon une source judiciaire. Le rectorat de Strasbourg a « fermement » condamné mercredi ces « intimidations et menaces ».