Evacuation de la maison Machpela à Hébron, qui hébergeait près de 100 personnes
Les 15 familles qui squattaient le bâtiment depuis huit mois ont accepté d'évacuer les lieux ce jeudi
Un groupe de résidents qui occupait illégalement un bâtiment contesté d’Hébron depuis huit mois a évacué les lieux ce jeudi, a confirmé l’armée israélienne.
Un porte-parole de l’armée a décrit l’évacuation de la maison Machpela dans la ville d’Hébron, en Cisjordanie, comme « paisible ». Les résidents ont accepté de quitter le bâtiment adjacent au site sacré du tombeau des Patriarches malgré leur opposition véhémente.
Le 12 mars, la Haute Cour de justice a jugé que le complexe d’appartements devait être débarrassé de ses 15 familles israéliennes, soit près de 100 personnes, qui n’étaient pas en mesure de prouver que leur achat était légal. Elles y logeaient depuis le 25 juillet dernier.
Adoptant le positionnement de l’Etat dans le dossier, qui a été soumis au mois d’octobre dernier, la Cour a jugé que rien n’avait changé depuis la dernière fois que l’immeuble avait été évacué, en 2012. Cette année-là également, les résidents n’avaient pas pu prouver l’achat de l’habitation.
Breaking the Silence, une organisation de gauche de vétérans militaires qui effectuent des visites régulières à travers Hébron afin de mettre en avant ce qu’ils jugent comme des mauvais traitements infligés aux Palestiniens dans la ville, a qualifié l’évacuation « d’appropriée » dans un communiqué publié lundi.
« Malgré tout, ça ne reste qu’une goutte d’eau dans la mer d’occupations illégales que les soldats ont pour mission de protéger… Depuis 50 ans, les colons s’établissent et [les soldats] sont envoyés pour les protéger, aux dépens des Palestiniens », a ajouté l’ONG.
Après qu’une requête devant la Haute cour a été déposée contre les occupants par un groupe d’habitants palestiniens de Hébron, le procureur-général Avichai Mandelblit avait émis une réponse au nom de l’Etat à la fin du mois d’août, donnant aux occupants une semaine pour évacuer pacifiquement la maison Machpela avant que l’armée n’ait l’ordre d’intervenir pour leur faire quitter les lieux par la force.
Au dernier jour de ce délai, les occupants avaient déposé de leur côté une requête auprès de l’instance judiciaire, affirmant qu’ils avaient acheté le bien légalement et que le document d’inscription qui manquait, selon le gouvernement, n’était pas indispensable à leur maintien dans la structure.
Le bureau du procureur général devait répondre à cette requête une semaine après mais avait demandé plusieurs reports à l’occasion des fêtes juives de l’automne avant de livrer sa réponse, qu’il avait donnée fin octobre, réclamant l’évacuation des occupants.
Au cours de cette période, néanmoins, le tribunal avait émis une ordonnance qui reportait temporairement l’évacuation. Elle a été annulée par la décision prise lundi dernier, quand la Haute Cour a statué en faveur de l’expulsion.
Au mois de décembre, les occupants avaient proposé un compromis par lequel ils indiquaient qu’ils évacueraient pacifiquement la maison Machpela si l’Etat démolissait un auvent d’un côté de l’habitation qui, selon eux, avait été érigé illégalement par des voisins palestiniens.
Ce compromis a également été rejeté par la cour lundi.
Les résidents devraient poursuivre leur bataille juridique concernant la propriété du bâtiment dans les mois à venir.
L’organisation Harhivi, qui avait dirigé les opérations pour les squatteurs, avait tenté à plusieurs occasions de faire appel de la décision de 2012 qui avait bloqué la revendication de l’achat de la maison Machpela. Au mois de juin, une commission de l’Administration civile avait accepté de réexaminer le dossier des habitants d’implantation. Néanmoins, l’enquête n’a pas encore eu lieu et l’ordonnance de l’armée interdisant aux occupants de vivre dans l’immeuble est encore en vigueur.
Toutefois, les squatteurs ont été en mesure d’entrer et de sortir librement du bâtiment pendant plus de deux mois, bénéficiant d’une protection lourde de l’armée après que le complexe et son périmètre ont été déclarés zone militaire fermée.
Plusieurs centaines d’habitants d’implantations vivent à Hébron, parmi des dizaines de milliers de Palestiniens. Mardi, le ministère de la Défense a approuvé des permis pour étendre l’enclave israélienne avec la construction de plus de 100 nouvelles habitations, les premières constructions approuvées en 15 ans.