Excuses en demi-teinte de la Défense après sa comparaison entre les accords de Munich et iranien
Le ministère de Liberman s’excuse si son précédent communiqué a été compris comme une comparaison entre l’accord avec Téhéran soutenu par Obama, et le pacte de 1938 entre l’Europe et les nazis
Raoul Wootliff est le correspondant parlementaire du Times of Israël
Apparemment après les instructions du bureau du Premier ministre, le ministre de la Défense Avigdor Liberman s’est excusé à contrecœur lundi pour avoir sembler comparer l’accord nucléaire iranien soutenu par les Etats-Unis avec les accords de Munich de 1938.
Le communiqué que le ministère avait publié vendredi, dans lequel il critiquait sévèrement l’accord signé l’année dernière, « n’avait pas pour objectif de faire une comparaison directe, ni historiquement, ni personnellement, [avec l’accord signé entre les puissances majeures et les nazis]. Nous nous excusons s’il a été compris différemment », a écrit le ministère dans un nouveau communiqué.
Il a précisé son communiqué précédent, a déclaré le ministère, parce que « les médias ne l’ont pas interprété correctement ».
Le communiqué incendiaire de vendredi, qui aurait été publié sans l’accord du Premier ministre Benjamin Netanyahu, mais avec celui du belliqueux Liberman, président du parti Yisrael Beytenu, en réponse à l’affirmation du président Barack Obama selon laquelle les responsables sécuritaires israéliens soutenaient à présent l’accord avec l’Iran, juxtaposait les deux accords et affirmait qu’ils présentaient des ressemblances évidentes.
« Les accords de Munich n’ont pas empêché la Deuxième Guerre mondiale et la Shoah car il reposait sur l’hypothèse selon laquelle l’Allemagne nazie pouvait être un partenaire d’un accord, et parce que les dirigeants du monde ont alors ignoré les déclarations explicites d’Hitler et des autres dirigeants de l’Allemagne nazie », avait déclaré vendredi le ministère.
« L’Iran proclame explicitement et fièrement que son objectif est la destruction de l’Etat d’Israël », avait poursuivi le ministère, indiquant une récente publication du département d’Etat américain qui montrait que l’Iran est le premier état sponsor du terrorisme mondial.
Ce nouveau communiqué est publié après des efforts de Netanyahu pour réduire les dommages causés par cette comparaison. Vendredi, il avait publié un communiqué au ton beaucoup plus modéré soulignant qu’Israël n’avait pas de meilleur allié que les Etats-Unis, et son bureau avait appelé l’ambassadeur américain Dan Shapiro pour tenter d’adoucir la critique.
Le ministère de la Défense a suivi une approche similaire dans son nouveau communiqué lundi.
« L’Etat d’Israël et l’establishment militaire israélien continueront à travailler en coopération étroite et complète avec les Etats-Unis, avec une appréciation profonde et un respect mutuel », est-il écrit.
« Les divergences [concernant l’accord sur le nucléaire iranien] entre la position israélienne et notre proche allié, les Etats-Unis, ne nous empêchent en aucune façon d’apprécier profondément les Etats-Unis et le président des Etats-Unis pour leur immense contribution à la sécurité nationale israélienne », a ajouté le communiqué de la Défense.
Il a néanmoins noté qu’ « Israël reste profondément inquiet que même après l’accord du nucléaire avec l’Iran, les dirigeants iraniens continuent à déclarer que leur objectif central est la destruction de l’Etat d’Israël, et continuent à menacer l’existence d’Israël, en paroles et en actes. »
Le communiqué continuait en listant « le développement accéléré [par l’Iran] de missiles balistiques capables de porter des armes nucléaires », ainsi que les évènements de propagande du régime, comme le concours de caricatures niant l’Holocauste, et une parade militaire présentant des missiles sur lesquels est inscrit « effacer Israël ».
Malgré ces actions, qui « nient la légitimité » du régime iranien, l’accord nucléaire a entraîné un afflux de financements qui, a déclaré le ministère de la Défense, seront utilisés par le régime pour faire avancer ses programmes nucléaire et balistique.
Le communiqué de lundi se conclut par des excuses en demi-teinte, « le communiqué de vendredi n’était en aucune cas destiné à établir une comparaison historique ou personnelle. Nous regrettons qu’il ait été interprété différemment. »
La querelle sur l’accord de 2015 a éclaté alors que le chef d’Etat-major Gadi Eizenkot était aux Etats-Unis, ainsi qu’un responsable israélien important pour finaliser un accord sur une aide militaire américaine sur 10 ans cruciale pour Israël.
Obama avait déclaré jeudi que les responsables militaires israéliens soutenaient à présent l’accord signé entre les puissances mondiales et l’Iran, et qu’ils reconnaissaient son efficacité. La « communauté militaire et sécuritaire israélienne [reconnaît que cet accord a redistribué les cartes, avait déclaré Obama, le pays qui était le plus opposé à cet accord ».
La Deuxième chaîne a annoncé lundi que le nouveau communiqué a été publié car il avait été réalisé à tous les niveaux en Israël que le communiqué emporté de vendredi serait considéré par Washington comme « de la chutzpah, extrêmement grossier et une claque au visage » de l’administration Obama.
L’AFP a contribué à cet article.