Faible participation lors de la dernière manifestation frontalière à Gaza
Lors de cette manifestation qui sera la dernière avant mars 2020, les Palestiniens ont jeté des pierres et des explosifs aux soldats israéliens qui n'ont pas tiré à balle réelle

Environ 1 800 Palestiniens ont participé à une manifestation le long de la frontière avec la bande de Gaza, avec des douzaines de personnes qui ont affronté les soldats israéliens et pris part à des émeutes lors de ce dernier mouvement de protestation massif de l’année et qui reprendra au mois de mars.
Sous une pluie battante et un vent fort, le rassemblement a enregistré le plus faible taux de participation depuis des mois avec des tensions bien inférieures aux semaines précédentes et aucun tir direct de l’armée israélienne, a fait savoir un correspondant de l’AFP.
Certains Palestiniens ont jeté des pierres et des explosifs sur les militaires qui ont riposté en utilisant des moyens de dispersion d’émeute.
Le ministère de la Santé de Gaza, dirigé par le groupe terroriste palestinien du Hamas, a fait savoir que plusieurs personnes avaient été blessées par des balles en caoutchouc.
La commission responsable de l’organisation de ce mouvement de protestation hebdomadaire dans la zone située entre Israël et la bande de Gaza a annoncé jeudi que les manifestations auraient lieu moins fréquemment en 2020.
La Haute Commission pour la marche du retour et la rupture du siège, qui comprend des représentants des groupes terroristes et des factions politiques de Gaza, a fait savoir dans un communiqué que le mouvement de protestation aurait lieu « sur une base mensuelle, ainsi qu’à chaque fois où nous aurons besoin que les populations se réunissent ainsi que lors des plus grandes occasions nationales » à partir du 30 mars 2020.
Les Palestiniens, à Gaza, participent à ces rassemblements le long de la frontière presque tous les vendredis depuis le 30 mars 2018. Ils demandent que l’Etat juif lève ses restrictions sur les mouvements des personnes et des biens depuis et vers l’enclave côtière ainsi que le retour des réfugiés palestiniens et de leurs descendants sur les terres qui font dorénavant partie d’Israël.
Ce mouvement de protestation a fréquemment entraîné des violences, avec notamment des jets d’explosifs, de pierres et de bombes artisanales sur les soldats israéliens, ainsi que des tentatives de sabotage de la clôture frontalière.
Les soldats israéliens ont souvent répondu à l’aide de tirs à balles réelles, en caoutchouc et de gaz lacrymogènes. Plus de 200 Palestiniens ont été tués lors de ces manifestations, qui ont également fait des milliers de blessés.

Les responsables israéliens soulignent que les restrictions imposées sur les mouvements ont été mises en place pour empêcher le Hamas et les autres groupes terroristes de faire entrer des armes dans la bande. Ils déclarent aussi que le retour des réfugiés palestiniens et de leurs descendants détruirait le caractère juif d’Israël.
L’annonce faite jeudi survient après une visite en Égypte, début décembre, du chef du Hamas, Ismail Haniyeh, où il s’est entretenu avec les services de renseignements généraux égyptiens.
Depuis plus d’un an maintenant, l’Égypte est un acteur essentiel dans la négociation de cessez-le-feu informels entre Israël et les groupes terroristes de Gaza, notamment le Hamas.
Ces accords ont largement porté sur une levée des restrictions par Israël sur les mouvements vers et depuis Gaza. En échange, le Hamas s’engageait à maintenir un calme relatif dans la région frontalière entre l’enclave côtière et l’Etat juif.
Le communiqué de jeudi survient également après qu’une source – qui a conservé l’anonymat – au sein de la Haute Commission a indiqué au journal pro-Hezbollah al-Akhbar, à la mi-novembre, que l’instance discutait de l’éventualité de « limiter les marches à une fois par mois ou aux événements nationaux ».
Talal Okal, analyste basé à Gaza, a expliqué que la Haute Commission a décidé de réduire la fréquence du mouvement de protestation l’année prochaine parce que les accords entre Israël et la bande de Gaza progressaient.
« Les accords avancent. Tant que c’est le cas et qu’il y a une plus grande stabilité, le Hamas et les autres factions ne voient pas une grande nécessité dans ces marches », a-t-il dit lors d’un entretien téléphonique.
« Mais ils ne veulent pas non plus que ces manifestations s’arrêtent entièrement, parce qu’ils ne croient pas qu’Israël appliquera les accords de manière systématique. Alors, en ne les annulant pas, ils auront un outil qu’ils pourront utiliser pour renforcer la pression sur Israël comme ils le jugeront nécessaire », a-t-il ajouté.