Faisant fi des nouvelles accusations, Deri exhorte à une enquête rapide
Le ministre de l'Intérieur affirme qu'il coopérera alors que certains le condamnent tandis que d'autres appellent à la retenue

Un jour après que le ministre de l’Intérieur, Aryeh Deri, ait révélé qu’il était à nouveau au centre d’une grande enquête pour corruption, le leader imperturbable du parti Shas a promis de coopérer pleinement avec la police et de continuer à travailler.
« Je suis à la disposition de toute autorité qui enquête à n’importe quelle minute de chaque heure de la journée pour répondre si besoin est », a-t-il déclaré mercredi matin.
« Je suis prêt à répondre, à aider et de les laisser faire leur travail, j’espère que le processus sera accéléré afin que je puisse revenir faire mon travail », a déclaré Deri.
« Pendant ce temps, je continue à travailler comme d’habitude », a-t-il ajouté.
Deri, qui a déjà purgé une peine de prison pour détournement de fonds publics alors qu’il occupait le même poste, s’est lui-même identifié comme étant l’un des deux législateurs faisant l’objet d’une enquête pour corruption après que la Deuxième chaîne ait diffusé un reportage sur l’enquête mardi soir.
Mercredi, le procureur général Avichai Mandelblit a officiellement approuvé l’ouverture d’une enquête sur Deri et un autre député, qui est resté anonyme, mais l’enquête n’est pas une enquête criminelle.
Deri a servi 22 mois en prison entre 2000 et 2002 après avoir été reconnu coupable de corruption passive lorsqu’il occupait le poste de ministre de l’Intérieur. Il est revenu en politique au début de cette décennie pour diriger le parti ultra-orthodoxe Shas à la Knesset.
Deri est retourné à son poste au ministère de l’Intérieur plus tôt cette année après qu’un tribunal ait jugé que sa condamnation passée ne le disqualifiait pas pour occuper le poste de ministre.
L’affaire pourrait avoir des répercussions dramatiques pour Deri, ainsi que pour la place de son parti au gouvernement de la coalition du Premier ministre Benjamin Netanyahu.
Le reportage de mardi a suscité de vives critiques d’un membre de l’opposition de la Knesset qui a déclaré qu’il était « corrompu » et inapte au service public.
« Aryeh Deri n’aurait jamais dû être autorisé à revenir à servir en tant que ministre après sa condamnation pour détournement de fonds publics », a déclaré Miki Rosenthal de l’Union sioniste.
« Je l’ai dit avant même que les dernières allégations ne soient rendues publiques : Il est corrompu, a abusé de la confiance du peuple, a rempli ses poches avec des fonds publics et sera à jamais indigne de servir le peuple ».
Rosenthal a déclaré qu’une enquête policière sur un acte répréhensible politique était insuffisante et a ajouté que la question devrait être étudiée en tant qu’infraction pénale.
Les enquêtes sur les deux législateurs sont à un stade préliminaire et aucun des deux hommes n’ont encore été interrogés par la police.
La ministre de la Justice, Ayelet Shaked, a déclaré à la radio militaire qu’elle avait été surprise d’apprendre qu’il y avait des allégations contre Deri mais a exhorté la population à ne pas porter de jugement jusqu’à ce que l’enquête policière ne soit terminée.
« Je l’ai appris par les médias comme tout le monde », a-t-elle affirmé. « Il est très facile de discréditer le nom d’une personne et c’est la raison pour laquelle l’enquête est très importante ».
Dans un précédent entretien avec la radio militaire, l’ancien député de Shas, Nissim Zeev, a défendu Deri, en affirmant qu’il était « confiant » sur le fait qu’il serait finalement reconnu comme étant innocent de ces actes répréhensibles.
« Lorsque Deri est revenu dans le parti, c’était sur la base du fait qu’il avait été disculpé de ses infractions passées et dans une tentative de tourner la page », a-t-il affirmé.
Le porte-parole du parti Shas, Barak Seri, a mercredi matin déclaré que Deri était prêt à répondre aux questions « à n’importe quel moment par une autorité d’application de la loi ».
« Il a tout vérifié, il sait qu’il est scruté à la loupe », a déclaré Seri à la radio militaire.
Elad Shraga, le chef du Mouvement pour un gouvernement de la qualité qui en janvier a contesté en vain la reconduction de Deri en déposant une requête à la Haute Cour, a déclaré à la station de radio que l’ONG exigerait des procureurs qu’ils gardent les juges informés sur les progrès de l’affaire de sorte que la requête puisse être réexaminée à l’avenir.
L’épouse de Deri, Yaffa Deri a, cependant, tenté de voir l’enquête sous une lumière historique positive.
« Nous avons survécu au Pharaon, nous avons survécu à Haman », dit-elle, se référant aux méchants bibliques que l’on se remémore pendant les fêtes juives du printemps, à Pourim et Pessah. « Nous nous trouvons dans un excellent mois ».