« Famine » à Gaza : « Nous ne sommes pas comme les nazis », répond Netanyahu à Baerbock
Cet échange animé aurait eu lieu après que la chef de la diplomatie allemande a accusé Israël d'affamer les Gazaouis ; l'Allemagne dénonce des fuites d'information "dénaturées"
Le Premier ministre Benjamin Netanyahu se serait querellé avec la ministre allemande des Affaires étrangères concernant la situation humanitaire dans la bande de Gaza et le Premier ministre aurait ainsi déclaré à son interlocutrice que : « Nous ne sommes pas comme les nazis ».
Cette discussion, qui a eu lieu mercredi, aurait pris un tour conflictuel après que la cheffe de la diplomatie allemande, Annalena Baerbock a déclaré, semble-t-il, qu’Israël « mène Gaza tout droit à la famine ».
Dans cet échange dont la teneur a été rapportée par la Treizième chaîne, Baerbock aurait proposé à Netanyahu et au ministre des Affaires stratégiques, Ron Dermer, de leur montrer « des photos d’enfants gazaouis affamés sur [mon] téléphone ». Netanyahu aurait alors répondu à la haute-responsable allemande de « venir voir les photos qui ont été prises des marchés à Gaza, des plages à Gaza : Pas de famine sur ces images ».
Des informations survenues alors que des photographies qui circulent sur les réseaux sociaux montrent des étals bien approvisionnés dans les marchés de la bande et des Gazaouis profitant d’une journée de chaleur au bord de la mer après le retrait des forces terrestres israéliennes qui manœuvraient au sein de l’enclave côtière, il y a quinze jours – un départ dont les Palestiniens déplacés ont profité pour tenter de revenir chez eux.
Baerbock aurait alors dit qu’Israël devait cesser de faire circuler ces clichés d’une vie semblant revenir à la normale dans la bande « dans la mesure où ils ne décrivent pas la situation réelle à Gaza. Il y a la faim à Gaza ».
Netanyahu aurait alors élevé la voix et insisté sur le fait que la situation s’améliorait réellement dans l’enclave palestinienne : « C’est vrai. C’est la réalité. Ce n’est pas ce que les nazis avaient scénarisé ; nous ne sommes pas comme les nazis qui avaient produit des images mensongères dépeignant une réalité tronquée ».
Netanyahu se référait là probablement au ghetto « modèle » de Theresienstadt qui avait été établi par les nazis pour tromper les observateurs internationaux sur les conditions de vie réelles des Juifs qui s’y trouvaient.
Selon le reportage diffusé par la Treizième chaîne, la ministre allemande aurait alors riposté : « Etes-vous en train de me dire que nos médecins qui sont sur le terrain à Gaza ne nous disent pas la vérité ? Etes-vous en train de me dire que les médias internationaux mentent ? »
Vendredi, l’Allemagne a fait savoir qu’elle s’était plainte au personnel de Netanyahu après la fuite, dans la presse, d’un compte-rendu « dénaturé » de la discussion.
Interrogée sur le sujet après une rencontre des ministres des Affaires étrangères du G7 qui a été organisée sur l’île italienne de Capri, Baerbock a indiqué que « nous ne commenterons pas des discussions confidentielles ».
« L’ambassadeur allemand a été en contact avec le personnel du Premier ministre et il a établi clairement ce que nous pensons de publications si faussées par rapport à la réalité », a-t-elle expliqué. « Des regrets nous ont été exprimés concernant ces récits dont la source reste trouble ».
« L’ambassadeur allemand en Israël, Steffen Seibert, a écrit sur X, anciennement Twitter, que « des points déterminants » présents dans les médias étaient « mensongers et trompeurs », sans donner de détail.
Baerbock et le ministre des Affaires étrangères britannique David Cameron étaient arrivés en Israël mardi suite à l’attaque sans précédent lancée par l’Iran contre l’État juif, dans la nuit du samedi précédent. La république islamique avait tiré 350 drones d’attaque et autres missiles en direction du pays.
Dans le sillage de ces frappes, l’Allemagne avait vivement recommandé à Israël de faire preuve de retenue, déclarant que toute nouvelle hostilité ouverte avec l’Iran pourrait faire plonger tout le Moyen-Orient dans la guerre.
« Tout le monde doit dorénavant faire preuve de prudence et d’esprit de responsabilité », avait dit Baerbock après avoir rencontré Netanyahu et d’autres responsables alors qu’elle se préparait à quitter Israël pour aller rejoindre une rencontre de ses homologues du G7 – une rencontre où, selon elle, des sanctions contre l’Iran devaient être à l’ordre du jour.
« Personne ne tirerait un avantage d’une riposte contre l’Iran », avait-elle estimé. « Ni la sécurité d’Israël, ni les nombreuses dizaines d’otages qui se trouvent encore entre les mains du Hamas, ni la population en souffrance de Gaza, ni les nombreuses personnes qui, en Iran, souffrent elles-mêmes entre les mains du régime, ni les pays de la région qui veulent tout simplement vivre en paix ».
Pendant une rencontre du cabinet, mercredi, Netanyahu avait dit que Baerbock et Cameron avaient « fait de nombreuses suggestions et donné de nombreux avis ». Il avait ajouté que si Israël appréciait ces initiatives, le pays prendrait toutefois « ses propres décisions et l’État d’Israël fera tout ce qui est nécessaire pour assurer sa défense ».
Le Bureau de Netanyahu avait précédemment fait savoir que pendant ses échanges avec les ministres allemand et britannique, le Premier ministre avait répété « qu’Israël conservera son droit à l’auto-défense ».
La guerre à Gaza a éclaté après le massacre perpétré par le Hamas, le 7 octobre, lorsque les terroristes placés sous l’autorité du Hamas ont semé la désolation dans le sud d’Israël, tuant près de 1 200 personnes – des civils en majorité. Des familles entières avaient été exécutées dans leurs habitations et des fêtards qui prenaient part à une rave-party avaient été tués de sang-froid. Les hommes armés avaient aussi kidnappé environ 253 personnes, prises en otage dans la bande de Gaza. 129 personnes se trouvent encore, à l’heure actuelle, dans les geôles du Hamas.