Festival du livre de New York : Annulation d’un panel, suite au refus de s’asseoir avec une « sioniste »
2 des 3 panélistes ont refusé de partager la scène avec la modératrice juive Elisa Albert, ouvertement pro-Israël, qui n'est "pas surprise" par de telles réactions post-7 octobre
JTA – Une table ronde d’auteurs au festival du livre d’Albany samedi a été annulée après que les organisateurs ont déclaré que deux panélistes avaient refusé de partager la scène avec la modératrice « sioniste ».
Elisa Albert, qui est juive, devait modérer un panel au festival du livre d’Albany samedi, intitulé « Girls, Coming of Age » (« Les filles, le passage à l’âge adulte »). Mais jeudi, elle a reçu un courriel d’un organisateur du festival l’informant que l’événement avait été annulé : deux des trois panélistes – les auteures Lisa Ko et Aisha Abdel Gawad – ont refusé de participer à la table ronde aux côtés d’Albert parce qu’elles ne voulaient pas apparaître aux côtés d’une « sioniste ». La troisième participante devait être Emily Layden.
Albert a expliqué que l’annulation de sa participation était liée à son expérience depuis le pogrom du 7 octobre perpétré par le groupe terroriste palestinien du Hamas sur le sol israélien.
« Malheureusement, je ne suis pas surprise », a déclaré Albert à la Jewish Telegraphic Agency vendredi.
« Je me suis exprimée dès le début et j’ai perdu beaucoup d’amis. J’ai vu toute ma vie professionnelle bouleversée. Je ne suis pas du tout surprise. J’ai vu toutes sortes de personnes se comporter de toutes sortes de manières qui se situent dans le même spectre de sectarisme, de complicité, de peur – tout ça. »
Albert, qui vit à Albany, a pris connaissance des objections des panélistes jeudi après-midi, lorsqu’elle a reçu un courriel de Mark Koplik, directeur adjoint de l’Institut des écrivains de l’État de New York, qui organise le festival.
« Nous avons une situation folle qui se développe et nous aimerions parler au téléphone », a écrit Koplik dans un message que la JTA a obtenu.
« Fondamentalement, sans vouloir l’édulcorer, Aisha Gawad et Lisa Ko ne veulent pas faire partie d’un panel avec une ‘sioniste’ », a-t-il ajouté.
« Nous avons été pris par surprise. Nous sommes quelque peu déconcertés, et nous voulons en parler. »
Jeudi soir, Paul Grondahl, directeur de l’Institut des écrivains, a informé Albert que l’événement avait été annulé.
« Nous regrettons cette situation, qui était hors de notre contrôle », a écrit Grondahl dans un courriel obtenu par la JTA.
« C’est regrettable pour toutes les personnes concernées. »
« J’aurais aimé qu’il en soit autrement. Nous trouverons un moyen de diffuser les questions dont nous avons discuté dans le cadre d’un événement plus approfondi, plus réfléchi, plus soigneusement planifié, avec intentionnalité et contexte », a ajouté Grondahl.
L’annulation de la table ronde est la dernière d’une longue série d’événements littéraires qui ont été interrompus ou annulés en raison de différends concernant la guerre menée contre le Hamas et le sionisme. Des militants ont cherché à entraver la carrière d’auteurs qu’ils jugent
« sionistes », dont beaucoup ont un héritage juif.
Dans un cas récent et notable, le lancement du nouveau livre du journaliste Juif Joshua Leifer, Tablets Shattered (« Tablettes brisées »), dans une librairie de Brooklyn en août, a été annulé parce que l’un de ses employés s’est opposé à la présence d’un rabbin « sioniste » comme modérateur de l’événement.
Certains de ceux qui font l’objet de critiques n’ont pas exprimé publiquement leur soutien à Israël. Gabrielle Zevin, auteure du best-seller Tomorrow, and Tomorrow, and Tomorrow (« Demain, et demain, et demain »), par exemple, a fait l’objet d’appels à l’annulation bien qu’elle n’ait rien dit publiquement au sujet d’Israël ou de la guerre.
Albert, en revanche, défend ouvertement Israël depuis le début de la guerre, il y a près d’un an, lorsque quelque 6 000 Gazaouis dont 3 800 terroristes dirigés par le Hamas ont pris d’assaut le sud d’Israël le 7 octobre, tué plus de 1 200 personnes, principalement des civils, enlevé 251 otages de tous âges, et commis de nombreuses atrocités et en utilisant la violence sexuelle comme arme à grande échelle.
Sur Instagram, elle a fréquemment publié des messages en faveur d’Israël et contre le Hamas et ceux qu’elle perçoit comme le soutenant, y compris les manifestants anti-Israël aux États-Unis, qu’elle a qualifiés
« d’apologistes du terrorisme ».
I just bought Elisa Albert’s book, which is way outside my wheelhouse. But, well, a couple nasty antisemites assured me she’s a Zionist and some book reviews I just perused online assure me she’s a literary genius. So I’m about to learn about Albany, doula training and… https://t.co/LoLex1eR5x
— Haviv Rettig Gur (@havivrettiggur) September 20, 2024
Vendredi après-midi, à la suite de l’annulation, elle a semblé s’en réjouir en affichant une image de son dernier livre – The Snarling Girl (« La jeune fille hargneuse »), un recueil d’essais personnels publié le mois dernier – accompagnée du texte suivant : « C’est le moment ou jamais de promouvoir la littérature Zio ! » Elle a ensuite ajouté un selfie avec le texte « Amicalement, salope de sioniste locale ».
Ko, Abdel Gawad et Layden n’ont pas répondu aux demandes de commentaires, et leurs profils de réseaux sociaux ne mentionnent pas l’annulation. Mais Ko a été impliquée dans de multiples efforts d’activisme anti-Israël depuis le début de la guerre le 7 octobre 2023. Le 6 novembre, elle a annoncé qu’elle animerait une table ronde intitulée « Déverrouiller nos voix : Écrire contre le génocide » à la fin du mois.
Elle a décrit l’événement comme « un espace pour s’éclaircir la gorge + orienter les réflexions vers l’action + la solidarité ». Ajoutant : « Libérez la Palestine. »
Vendredi, l’agenda en ligne de Ko comprenait toujours le programme de la table ronde. Le festival n’a pas non plus publié de déclaration publique sur l’annulation du panel, bien que la nouvelle se soit répandue sur les réseaux sociaux. Le dernier message du festival sur le réseau social X, qui n’aborde pas le litige, a suscité plus d’une dizaine de réponses condamnant la décision.
Dans une déclaration adressée à la JTA, Koplik a critiqué les panélistes qui se sont opposés à Albert et a exprimé sa consternation face à l’annulation.
« Nous condamnons sans équivoque l’antisémitisme », a-t-il déclaré.
« Nous n’envisagerions jamais de retirer Elisa, et nous nous sommes opposés à ceux qui voulaient la retirer. Nous n’avions plus de panel à modérer. Nous soutenons pleinement l’expression de l’indignation et de la déception d’Elisa. Nous croyons au dialogue civil et condamnons l’intolérance sous toutes ses formes. Je ne peux pas vous dire à quel point c’est triste et bouleversant pour moi. »
Dans sa déclaration, Koplik a également écrit « qu’un participant a refusé de participer, et un autre a décidé de ne pas le faire en guise de soutien ».
Albert a déclaré à la JTA qu’elle espérait que les organisateurs du festival publieraient une déclaration sur l’incident et qu’elle était frustrée qu’ils ne l’aient pas fait. Elle a indiqué qu’elle avait proposé une alternative à la table ronde prévue, dans laquelle elle apparaîtrait seule, sans ses co-panélistes, pour discuter de leurs objections à son égard avec les personnes présentes dans l’auditoire. Mais le festival a refusé.
« Non, ce n’est pas juste. Les gens seront vexés. Il s’agit d’une table ronde sur les jeunes filles qui passent à l’âge adulte. Personne n’est venu parler d’antisémitisme ou du conflit au Moyen-Orient », lui ont-ils répondu.
« Et je me suis dit que cela est vrai, mais que ça a été détourné par des personnes fanatiques », a confié Albert.