France : Dix stèles juives dégradées dans un cimetière militaire allemand
Emmanuel Macron a dit "condamner avec la plus grande force" la dégradation de ces stèles dans le cimetière de Moulin-sous-Touvent
Dix stèles juives ont été dégradées mercredi dans un cimetière militaire allemand de la Première Guerre mondiale à Moulin-sous-Touvent (Oise), des actes condamnés « avec la plus grande force » par le président Emmanuel Macron.
Ces stèles ont été retrouvées « dégradées ou détruites » et « aucune inscription n’a été constatée sur les lieux », a indiqué le parquet de Compiègne, précisant que les investigations avaient été confiées à la brigade de recherches de la gendarmerie de Compiègne.
L’enquête est ouverte pour « violation de sépulture, tombeau, urne cinéraire ou monument édifié à la mémoire des morts commise en raison de la race, l’ethnie, la nation ou la religion », a-t-il ajouté dans un communiqué.
Ce cimetière « regroupe 1 903 sépultures chrétiennes et juives de soldats allemands ayant combattu durant la Première Guerre mondiale », a détaillé la préfecture. Selon un diplomate allemand, « le cimetière reste ouvert ».
The German military cemetery in Moulin-sous-Touvent (France) was vandalized, destroying ten Jewish headstones.
Blatant antisemitism can't be tolerated and must be condemned at the highest levels.
We urge authorities to take every measure possible to track down the perpetrators. pic.twitter.com/fgcuoWJzvb
— European Jewish Congress (@eurojewcong) November 15, 2023
Emmanuel Macron a dit « condamner avec la plus grande force » la dégradation de ces stèles lors d’une conférence de presse en Suisse, rappelant son « engagement personnel » à « lutter de manière implacable et sans relâche contre toutes les formes d’antisémitisme ».
La préfète de l’Oise, Catherine Séguin, a dénoncé des « actes abjects » à l’encontre « de soldats morts durant la Grande Guerre » et adressé un « message de soutien et de paix aux descendants » des soldats dont la tombe « vient d’être profanée ».
Le président de la Région Hauts-de-France, Xavier Bertrand, a lui condamné sur X un « vandalisme abject ». « Face à ce fléau, la République ne doit rien lâcher », a-t-il affirmé.
« Nous demandons à la justice d’être implacable et de retrouver ces racistes et antisémites. Même les morts ne sont pas épargnés et ne peuvent se reposer en paix », a réagi la Ligue internationale contre le racisme et l’antisémitisme (Licra) sur ce même réseau social, dénonçant un acte « ignoble » et « inhumain ».
La secrétaire d’État chargée des Anciens combattants et de la Mémoire, Patricia Miralles, a elle aussi condamné ces dégradations « qui viennent s’attaquer à la mémoire de soldats, ici en raison de leur religion. Parce qu’ils étaient juifs. Abject ».
« Les actes antisémites se multiplient comme rarement, et appellent à un sursaut et à la mobilisation de tous », a aussi réagi le maire de Nice Christian Estrosi.
L’ambassadeur d’Allemagne en France Stephan Steinlein a lui pointé « des actes odieux » que « rien ne peut justifier », appelant à « lutter contre toutes les formes d’antisémitisme (…), un poison qui met en péril notre unité ».
330 enquêtes depuis le 7 octobre
Les cimetières juifs sont régulièrement la cible de dégradations.
En décembre 2019, des inscriptions antisémites avaient été découvertes sur une centaine de tombes du cimetière juif de Westhoffen (Bas-Rhin). Quelques mois auparavant, le 19 février, 96 des 245 tombes du cimetière juif de Quatzenheim, situé à une quinzaine de kilomètres de là, avaient été couvertes de croix gammées. Le président Emmanuel Macron s’était rendu sur place et avait promis des actes « forts, clairs » et des « lois ».
Le 11 décembre 2018, 37 stèles ainsi que le monument des martyrs de la Shoah du cimetière juif d’Herrlisheim, au nord-est de Strasbourg, avaient également été couverts de graffitis antisémites.
Plus de 1 500 actes ou propos antisémites ont été recensés en France depuis le début de la guerre déclenchée par les massacres du Hamas en Israël, le 7 octobre, a indiqué récemment le ministre de l’Intérieur Gérald Darmanin.
Un total de 330 enquêtes ont été ouvertes pour actes antisémites et apologie du terrorisme depuis le 7 octobre, selon la Chancellerie.
Environ 105 000 personnes à Paris et au total 182 000 dans toute la France ont manifesté dimanche face à l’explosion du nombre d’actes hostiles aux juifs depuis le 7 octobre.