France: Glucksmann soutient l’union de la gauche mais s’oppose à Mélenchon Premier ministre
L'eurodéputé assure avoir "obtenu" dans l'accord des "engagements extrêmement clairs" pour que les attaques du Hamas le 7 octobre en Israël soient qualifiées de "massacres terroristes et clairement terroristes"
« Je n’y vais pas à reculons »: Raphaël Glucksmann est sorti de son silence vendredi pour soutenir l’accord du « Nouveau Front Populaire » scellé la veille, malgré ses profonds désaccords avec La France insoumise.
Il assure avoir obtenu les conditions qu’il avait fixées et rejette la perspective de voir Jean-Luc Mélenchon nommé à Matignon.
« La seule chose qui importe à mes yeux, c’est que le Rassemblement national ne gagne pas ces élections législatives et ne gouverne pas ce pays », a déclaré sur France Inter l’eurodéputé, « dans une lutte à mort contre l’extrême droite ».
« La seule manière de faire, c’est qu’il y ait une union de la gauche », a ajouté l’essayiste, resté muet ces derniers jours lors des discussions pour trouver un accord entre les différentes formations de gauche en vue des législatives anticipées, scellé finalement jeudi soir.
Les tractations ont été « un rapport de force idéologique, ça a été dur », a relaté Raphaël Glucksmann.
Le leader de Place publique n’a jamais caché ses nombreuses divergences avec La France insoumise, sur l’Europe et l’international notamment, mais aussi sur « la brutalisation de la vie politique ». Il avait notamment accusé la formation de Jean-Luc Mélenchon d’être à l’origine des attaques antisémites dont il a été l’objet pendant la campagne européenne.
« Je suis devant vous sans aucun oubli », a-t-il lancé, mais « à un moment donné, chaque homme, chaque femme doit regarder l’histoire et prendre conscience de ses responsabilités ».
L’eurodéputé aurait souhaité « construire un pôle social démocrate » sur la base de son succès aux européennes.
La brutale dissolution de l’Assemblée par Emmanuel Macron, et la menace de l’arrivée de l’extrême droite au pouvoir en ont décidé autrement.
« Je ne vais pas arriver vers vous en chantant victoire », a-t-il reconnu avec amertume, disant comprendre que ceux qui ont voté pour lui aux européennes « puissent se sentir trahis » par cette union avec les Insoumis, huit mois après l’explosion de la Nupes.
« Engagement clair » sur l’antisémitisme –
Mais il a assuré avoir « obtenu » dans l’accord des « engagements extrêmement clairs » sur le soutien « indéfectible » à l’Ukraine, la construction européenne et pour que les attaques du Hamas le 7 octobre en Israël soient qualifiées de « massacres terroristes et clairement terroristes ».
L’accord, qui sera dévoilé à la mi-journée lors d’une conférence de presse, précise ce point très sensible qui avait précipité l’explosion de la Nupes : les partenaires s’engagent à « agir pour la libération des otages détenus depuis les massacres terroristes du Hamas, dont nous rejetons le projet théocratique, et pour la libération des prisonniers politiques palestiniens ».
L’essayiste de 44 ans dit avoir aussi obtenu « un engagement clair dans la lutte contre l’antisémitisme, dans la lutte contre la brutalisation du débat public », alors que La France insoumise fait de la conflictualisation un axe de sa stratégie politique.
Interrogé par un auditeur « juif de gauche » inquiet, il a assuré qu’il serait « là pour vous représenter ». « Il n’y aura aucune minoration sur l’antisémitisme », alors que des déclarations de Jean-Luc Mélenchon ont régulièrement déclenché de très vives polémiques pendant la campagne des européennes.
Fort de ses près de 14 % aux européenne qui l’ont placé devant les autres partis de gauche, il voit « une inversion des rapports de force ». « Le projet a complètement évolué sur des lignes qui sont très éloignées de ce que LFI défendait jusqu’ici », a-t-il défendu.
C’est aussi pour cette raison que le chef de file de cette union « ne sera pas Jean-Luc Mélenchon », car « il faut une personne qui fasse consensus », a-t-il dit, évoquant « d’autres figures infiniment plus consensuelles », comme le député insoumis François Ruffin, les socialistes Boris Vallaud et Valérie Rabault, ou l’ex-leader de la CFDT Laurent Berger.
Lui-même a répété qu’il ne serait pas candidat, mais a assuré qu’une figure émergera « qui pourra rassembler même au-delà du Front populaire ».
Il a enfin promis de « mouiller sa chemise » pour soutenir sur le terrain les candidats écologistes, socialistes, Place publique ou communistes … se gardant bien de citer les insoumis.