La gauche s’accorde sur la répartition des circonscriptions, Mélenchon n’exclut pas Matignon
La campagne du "Front populaire", ex-Nupes, doit être extrêmement claire sur la lutte contre l'antisémitisme a indiqué la maire PS de Nantes
Alors que les partis de gauche continuaient mercredi de bâtir dans l’urgence le nouveau « Front populaire » via un accord pour se partager la quasi-totalité des 577 circonscriptions, Jean-Luc Mélenchon n’a pas fermé la porte à l’idée de prendre la tête de cette coalition à Matignon, en cas de victoire aux législatives anticipées.
« Je ne m’élimine pas mais je ne m’impose pas », a déclaré le fondateur du mouvement d’extrême-gauche radicale anti-Israël, La France Insoumise (LFI) sur France 2, assurant s’en sentir « capable ».
« On va en rester à la formule qu’a proposée Olivier Faure, c’est le groupe parlementaire le plus important qui propose un Premier ministre », a ajouté celui qui est largement accusé d’antisémitisme surtout depuis les massacres palestiniens du 7 octobre.
Le triple candidat à la présidentielle était la tête de gondole de la Nupes aux législatives de 2022, fort de ses 22 % à la présidentielle.
Pour ces élections législatives du 30 juin et du 7 juillet, ce sont, comme lors de la dernière fois, LFI qui présentera le plus de candidats, mais le nombre de circonscriptions réservées aux socialistes augmente fortement par rapport à ce que l’accord électoral de la Nupes avait prévu pour eux lors des dernières élections législatives.
LFI aura 229 candidatures, le Parti socialiste (PS) et Place publique 175, les Écologistes (EELV) 92 et le Parti communiste français (PCF) 50, ont indiqué les responsables socialistes Pierre Jouvet et Sébastien Vincini dans un courrier envoyé aux adhérents mercredi matin.
Un peu plus tôt dans la journée, le député Paul Vannier (LFI), chargé de cette branche des négociations pour la formation LFI, avait indiqué à l’AFP des chiffres similaires : 230 circonscriptions pour LFI, 170 pour le PS, environ 90 pour les EELV et 50 pour le PCF.
2022 ou 2024 ?
Un vrai débat sur le mode de calcul a opposé le PS, qui a fini premier des listes de gauche aux européennes dimanche, et LFI, qui voulait toujours surfer sur les 22 % de Mélenchon à l’élection présidentielle de 2022.
« Cet accord acte la progression des socialistes mais n’oublie pas la présidentielle », a expliqué Vannier alors que Raphaël Glucksmann a obtenu aux européennes 13,8 % des voix, quatre points devant Manon Aubry (LFI).
« Nous voulions nous baser sur une moyenne des législatives, des présidentielles et des européennes alors que les socialistes voulaient seulement prendre en compte le résultat des européennes », a précisé le député du Val-d’Oise, qui assure que le mouvement de gauche radicale controversé a « fait des efforts ».
Au moment de la Nupes, LFI avait présenté 328 candidats, soit 100 de plus que cette fois-ci, contre 100 pour EELV, 70 pour le PS et 50 pour le PCF.
Cette fois-ci, « le PC, le PS et EELV pèsent désormais plus que LFI dans la répartition globale des circonscriptions », notent Jouvet et Vincini.
Les sortants « sanctuarisés »
« Toutes les circonscriptions des députés sortants sont sanctuarisées », a indiqué Vannier, alors que le cas de Adrien Quatennens (LFI) par exemple, condamné en décembre 2022 pour violences conjugales, fait débat au sein du PC et EELV.
Les négociateurs vont essayer maintenant de déterminer précisément quelle circonscription revient à quelle formation. Ce qui devrait générer quelques tensions supplémentaires.
Malgré tout, « les feux sont en train de passer au vert un par un », estime la patronne EELV, Marine Tondelier.
Alors qu’elle était réunie mercredi avec les autres chefs de parti au siège du PC à Paris, notamment pour évoquer le « déploiement de la campagne », des négociations programmatiques sont également en cours depuis mardi entre les différents partis de gauche.
Et celles-là semblent moins avancées.
« Il y a des points monstrueux qui sont bloquants, sur la base de la base, les fondamentaux », s’est alarmé mercredi matin un proche de Glucksmann, qui avait juré de ne pas s’allier à LFI.
« On veut que la campagne du Front populaire soit extrêmement claire sur la lutte contre l’antisémitisme », a assuré pour sa part en début d’après-midi la maire PS de Nantes, Johanna Rolland, qui participe à ces négociations aux côtés du patron des députés PS, Boris Vallaud.
La cheffe des députés EELV, Cyrielle Chatelain, a confirmé que les engagements sur la lutte contre l’antisémitisme étaient « un point essentiel » des discussions, alors que de très nombreuses déclarations de Mélenchon ont fait polémique pendant la campagne européenne et avant.
« Une V1 [une première version du programme, NDLR] est sortie », a-t-elle expliqué. « Le gros du travail est fait. »