Gal Hirsch du Likud, pressenti comme chef de la police, accusé de fraude fiscale
Une enquête de 4 ans sur un ex-général de Tsahal, considérée par lui comme politiquement motivée, l'innocente de soupçons de corruption dans des affaires commerciales en Géorgie

La police a recommandé lundi que des accusations d’évasion fiscale soient portées contre un ancien général de brigade de Tsahal qui briguait autrefois le poste de chef de la police d’Israël.
Gal Hirsch, qui a quitté l’armée israélienne en 2006, après avoir été critiqué pour les échecs de l’armée lors de la Seconde Guerre du Liban, avait été pressenti en 2015 pour devenir le prochain chef de la police israélienne, mais la nomination a été entravée par des informations faisant état d’enquêtes pour corruption dans ses relations d’affaires en tant que chef de la société de services de défense de l’Opération Rempart dans les années qui ont suivi.
Lundi, une enquête de quatre ans de la police et de l’administration fiscale a innocenté M. Hirsch des allégations les plus graves – corruption de l’ancien ministre géorgien de la Défense – et recommandé son inculpation pour fraude grave, blanchiment de capitaux et fraude fiscale estimée à des dizaines de millions de shekels.
La police a également recommandé la mise en accusation du partenaire commercial de Hirsch, Oded Shachnai, et de six autres individus.
La police a déclaré qu’aucune preuve n’a été trouvée pour corroborer les soupçons de corruption.
Les recommandations de la police allèguent que Hirsch et Shachnai ont créé plusieurs sociétés étrangères et comptes bancaires à l’étranger pour que les bénéfices de l’Opération Rempart sur les contrats de défense en Géorgie entre 2007 et 2009 soient préservés afin d’éviter la communication des fonds aux autorités fiscales israéliennes. Les entreprises sont enregistrées au Panama et les comptes bancaires se trouvent en Suisse, selon la police.

Dans un communiqué, la police a accusé lundi que « de grosses sommes estimées à des dizaines de millions de shekels ont été transférées du ministère géorgien de la Défense vers des comptes bancaires israéliens et étrangers liés au personnel de l’Opération Rempart, dans un contexte de présomption consistant à induire en erreur les institutions financières étrangères, qui ont refusé de recevoir des fonds provenant d’opérations de défense en Géorgie. Des preuves mettent en avant de fausses déclarations et la présentation de documents falsifiés à ces institutions financières étrangères quant aux sources de l’argent ».
S’il est reconnu coupable de ces accusations, Hirsch pourrait être condamné à une peine d’emprisonnement pouvant aller jusqu’à sept ans.
L’affaire de corruption, désormais close, impliquait des accusations, notamment de la part d’un témoin de l’Etat qui était un ancien employé de l’opération Rempart, selon lesquelles Hirsch avait soudoyé le ministre géorgien de la Défense Davit Kezerashvili pour promouvoir les intérêts commerciaux de l’opération Rempart dans ce pays. La compagnie a participé à des unités de formation de l’armée géorgienne pendant le mandat de Kezerashvili de 2006 à 2008.
Kezerashvili a fait l’objet d’accusations de corruption distinctes en Géorgie.
Hirsch s’est dit être la cible d’une chasse aux sorcières de la police pour l’empêcher de devenir chef de la police, en raison de son intention d’instituer des réformes profondes des autorités policières du pays.
M. Hirsch a été nommé au poste de chef de la police par l’actuel ministre de la Sécurité publique Gilad Erdan en août 2015, mais peu après l’annonce de sa nomination, les médias ont rapporté que le FBI et la police israélienne avaient mené pendant deux ans une enquête de corruption sous couverture dans les entreprises qui lui sont liées.

La nomination de M. Hirsch avait alors été révoquée un mois plus tard, le 23 septembre, par Erdan après que le procureur général de l’époque, Yehuda Weinstein, eut déclaré qu’il ne pouvait être légalement nommé avant la conclusion de l’enquête contre lui, un processus qui, à cette époque, pouvait prendre des mois, selon Weinstein.
Face aux allégations de Hirsch selon lesquelles un complot policier aurait torpillé sa nomination, Weinstein a nommé une équipe d’enquête spéciale qui ne comprenait pas le représentant habituel de la police.
L’équipe a présenté ses premières conclusions au début du mois d’octobre de la même année, après que la nomination de Hirsch eut déjà été retirée. Il a recommandé la tenue d’une enquête criminelle, qui a été officiellement lancée le 8 octobre 2015.
Plus de trois ans plus tard, l’enquête étant toujours en cours, en décembre 2018, Hirsch a annoncé le lancement d’un nouveau parti politique, le Magen Israël (« Bouclier d’Israël »), qui se présentera aux élections d’avril 2019. Il avait dit à l’époque que son but, en entrant en politique, était d’être nommé ministre de la Sécurité publique pour qu’il puisse mener la réforme de la police.
« Malheureusement, j’ai été privé du droit de vous servir, et c’est ce qui me fait le plus mal », a-t-il dit dans un discours annonçant la formation de Magen. « Je n’ai pas pu accomplir la tâche qui m’a été confiée par le Premier ministre il y a trois ans et demi. »
Il a ajouté : « Quand Magen entrera à la Knesset et que je serai ministre de la Sécurité publique, je prendrai soin de vous de là, parce que les forces de sécurité, de sauvetage et d’urgence sont une nécessité pour nous tous. La police est un corps important qui affecte la vie de chaque citoyen. »

Mais deux jours seulement après l’annonce de sa candidature à la Knesset, les médias israéliens ont reçu les premiers rapports de soupçons d’évasion fiscale contre l’ex-général.
Hirsch a réagi avec colère à ces rapports, alléguant qu’il s’agissait d’une autre tentative d’assassinat politique et les qualifiant de « réponse prévisible » à son annonce.
Défendant son droit de se présenter aux élections malgré les allégations, Hirsch a également donné son soutien implicite à l’époque au Premier ministre Benjamin Netanyahu, qui est impliqué dans trois enquêtes distinctes pour corruption.
« Tant que la personne n’est pas condamnée, elle est un candidat légitime et légal », a dit M. Hirsch. « Il y a ce qu’on appelle la présomption d’innocence, et vous savez que je sais de quoi je parle quand je parle de fuites et de procès dans les médias », a-t-il ajouté avec amertume, faisant référence aux allégations que lui et Netanyahu ont formulées contre leurs accusateurs respectifs.
Hirsch n’a pas choisi de se présenter à nouveau avec Magen en septembre, et la semaine dernière, il a officiellement rejoint le Likud en tant que membre et a été placé en 100e position, peu réaliste sur la liste pour les élections à la Knesset.
Lundi, après l’annonce des recommandations de l’acte d’accusation, le Likud s’est joint à ses critiques à l’égard de la police, dans une déclaration sarcastique : « Une semaine après que Gal Hirsch a rejoint le Likud, la police recommande une inculpation. C’est incontestablement une coïncidence. »

Un fonctionnaire de police dont le nom n’a pas été mentionné a rejeté l’accusation lundi, déclarant à la Douzième chaîne que « personne n’essaie de porter de fausses accusations contre Hirsch. S’il y avait une action ici pour contrecarrer quoi que ce soit, elle visait à entraver l’enquête de la police et de l’administration fiscale. »
Un fonctionnaire de police a également justifié la durée de l’enquête, affirmant qu’il s’agissait d’une enquête « complexe et multiforme », « qui présentait des aspects internationaux importants, principalement parce que les soupçons étaient que certains des crimes présumés avaient été commis hors d’Israël, ce qui nécessitait la coopération d’autres Etats pour faire progresser l’enquête ».
Les avocats de M. Hirsch se sont félicités de la décision de clore l’enquête sur la corruption, notant qu’une autre enquête sur l’opération Rempart, impliquant un contrat de déminage avec la ville de Rishon Lezion, au centre d’Israël, avait également été classée faute de preuves.
Cette décision « parle d’elle-même et soulève de sérieuses questions quant à la décision d’ouvrir ces enquêtes, qui a conduit à l’annulation de sa nomination comme chef de la police », ont déclaré lundi les avocats Navot Tel-Zur, Giora Aderet et Tal Shapira dans un communiqué.
Le communiqué ajoute que Hirsch « rejette avec véhémence les soupçons qui lui sont attribués. Hirsch n’a commis aucun crime, a déclaré tous ses revenus et a payé ses impôts conformément à la loi. Tout au plus, il s’agit d’un désaccord civil, et nous sommes sûrs et certains qu’une fois que le ministère public aura examiné l’affaire, elle sera classée comme les deux autres, mettant enfin fin à la longue et incompréhensible saga du retard de la justice qui a été imposée à Hirsch et sa famille depuis que sa nomination comme chef du service de police en Israël a été torpillée en 2015. »
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