Gallant exige un accord pour les otages ; le cabinet freine l’envoi d’une délégation à Doha
Selon le ministre de la Défense, Israël doit épuiser toutes les options, dont "l'actuelle" ; les cabinets de guerre et de sécurité doivent se réunir pour discuter des négociations
Le ministre de la Défense Yoav Gallant a déclaré dimanche qu’Israël devait essayer toutes les voies possibles pour ramener les otages détenus par le groupe terroriste palestinien du Hamas dans la bande de Gaza, et notamment une proposition qui fait l’objet de négociations.
« Cet engagement, qui consiste à ne laisser personne derrière soi, vaut pour la guerre que nous menons aujourd’hui et vaudra pour toutes les guerres d’Israël », a déclaré Gallant lors d’une cérémonie à la mémoire des soldats israéliens tombés au combat et dont la dernière demeure n’est pas connue.
Une délégation israélienne aurait été prête à se rendre à Doha pour de nouvelles discussions sur la proposition largement diffusée samedi, mais les deux forums nécessaires pour approuver la position d’Israël dans les négociations – le cabinet de guerre composé de trois membres et le cabinet de sécurité plus large – ne s’étaient pas encore réunis pour discuter de la question.
Le Premier ministre Benjamin Netanyahu a démenti les affirmations selon lesquelles il tardait à convoquer ces réunions en raison de l’opposition présumée à l’accord de certains éléments d’extrême-droite au sein du gouvernement. Les cabinets de guerre et de sécurité doivent se réunir dimanche soir.
« Comme nous l’avons fait tout au long de la guerre, les responsables de la défense, sous ma direction, sont obligés d’épuiser toutes les possibilités et sont prêts à profiter de toutes les occasions, y compris celle d’aujourd’hui, pour rendre les otages à leurs familles », a affirmé Gallant.
« Outre les cent douze otages vivants qui ont été rendus dans le cadre d’accords et d’activités opérationnelles, les troupes de l’armée israélienne et le personnel du Shin Bet ont également rendu onze [otages] tués pour qu’ils soient enterrés en Israël », a-t-il ajouté.
Le président Isaac Herzog a également pris la parole lors de la cérémonie de dimanche. « Le devoir de rendre tous les otages, le devoir de se battre pour leur vie, le devoir d’enterrer en Israël les corps détenus à Gaza, le devoir de lever les doutes et de se battre pour obtenir toutes les informations manquantes pour les familles – tout cela doit rester au-dessus de toute controverse. »
Gallant a convoqué une « réunion spéciale » sur les efforts déployés pour le retour des otages détenus dans la bande de Gaza, samedi soir, a indiqué son bureau.
Des hauts fonctionnaires de l’armée israélienne, des agences de renseignement du Mossad, de la sécurité intérieure du Shin Bet, du ministère de la Défense et des représentants des négociations ont participé à cette réunion.
Les médias israéliens ont indiqué samedi soir que le chef du Mossad, David Barnea, ne se rendrait au Qatar que lundi pour des entretiens avec le Premier ministre du Qatar et des responsables égyptiens, le cabinet de guerre devant se réunir dimanche soir.
Les résultats de cette réunion devraient alors être examinés par le cabinet de sécurité avant que la délégation ne puisse partir.
Une source a déclaré à Reuters que des responsables américains participeraient également aux discussions avec le Qatar.
Au cours du week-end, les médias israéliens ont rapporté que le processus de libération de la délégation avait été retardé parce que le cabinet de guerre avait terminé sa réunion du vendredi plus tôt que prévu, afin de terminer avant le début du Shabbat, au coucher du soleil.
Par ailleurs, la chaîne publique Kan a rapporté que le député Aryeh Deri, chef du parti ultra-orthodoxe Shas, s’était opposé à ce que l’équipe se déplace durant Shabbat, affirmant que les pourparlers n’étaient pas « une question de vie ou de mort dans l’immédiat ». Deri a démenti le reportage, qui avait suscité des critiques de la part des députés de l’opposition.
Netanyahu a démenti les informations selon lesquelles il aurait cherché à repousser la décision sur le mandat de l’équipe de négociation pour les pourparlers de Doha, et a refusé de tenir une réunion samedi sur la question, retardant ainsi manifestement le départ de la délégation.
Lors de la réunion hebdomadaire du cabinet dimanche matin, Netanyahu s’est opposé à la pression internationale croissante en faveur d’une trêve, promettant de poursuivre la guerre jusqu’à la destruction du Hamas, y compris par une incursion dans la ville de Rafah, dans le sud du pays. L’opération prévue à Rafah a mis à rude épreuve les liens avec les États-Unis, qui s’inquiètent de la sécurité des non-combattants susceptibles d’être pris entre deux feux.
Le gouvernement est également poussé dans ses retranchements par les familles des otages et leurs partisans, qui demandent qu’un accord soit instamment conclu pour libérer les otages le plus rapidement possible, craignant que la prolongation de leur captivité, qui en est déjà à son sixième mois, ne mette quotidiennement leur vie en danger.
Une source a déclaré à Reuters que les discussions au Qatar porteront sur les points de désaccord qui subsistent entre Israël et le groupe terroriste palestinien du Hamas, notamment le nombre de prisonniers palestiniens incarcérés pour atteinte à la sécurité en Israël qui pourraient être libérés en échange des derniers otages israéliens, ainsi que sur l’aide humanitaire à la bande de Gaza.
C’est la première fois que des responsables israéliens et des dirigeants du Hamas participent à des négociations indirectes depuis le début du ramadan, en début de semaine. Les médiateurs espéraient obtenir une trêve de six semaines avant cette date, mais le groupe terroriste palestinien a refusé tout accord qui n’aboutirait pas à un cessez-le-feu permanent à Gaza, une demande qu’Israël rejette catégoriquement.
La guerre a éclaté lorsque des terroristes dirigés par le Hamas ont pris d’assaut le sud d’Israël le 7 octobre, tuant près de 1 200 personnes, principalement des civils, tout en prenant 253 otages de tous âges, en commettant de nombreuses atrocités et en utilisant la violence sexuelle comme arme à grande échelle. La plus jeune victime avait 10 mois tandis que le plus jeune otage a un an.
130 otages enlevés par le Hamas lors de l’assaut sauvage du 7 octobre sont encore à Gaza – mais certains ne sont plus en vie – après que 105 civils ont été libérés de la captivité du Hamas lors d’une trêve d’une semaine fin novembre, et que cinq otages ont été libérées avant cela.
Trois otages ont été secourus par les troupes, et les corps de onze otages ont été retrouvés, dont trois ont été tués par erreur par l’armée.
L’armée israélienne a confirmé la mort de trente-deux des otages encore détenus par le Hamas, citant de nouveaux renseignements et de nouvelles découvertes obtenus par les troupes opérant dans la bande de Gaza. Une personne est encore portée-disparue depuis le 7 octobre, et son sort est indéterminé.
Le Hamas détient aussi les corps sans vie de deux soldats tués au combat en 2014 dans la bande, Oron Shaul et Hadar Goldin. Il garde aussi en captivité deux civils, Avera Mengistu et Hisham al-Sayed, qui seraient encore en vie. Ils avaient été capturés après être entrés dans la bande de leur propre gré, respectivement en 2014 et en 2015.
Plus de 31 500 personnes seraient mortes à Gaza depuis le début de la guerre, selon le ministère de la Santé du Hamas. Les chiffres publiés par le groupe terroriste sont invérifiables, et ils incluraient ses propres terroristes et hommes armés, tués en Israël et à Gaza, et les civils tués par les centaines de roquettes tirées par les groupes terroristes qui retombent à l’intérieur de la bande de Gaza.
Tsahal dit avoir éliminé 13 000 terroristes palestiniens dans la bande de Gaza, en plus d’un millier de terroristes qui ont pris d’assaut Israël le 7 octobre.