Gaza : Au camp de Shati, un soldat dit que « rien » n’arrêtera Tsahal face au Hamas
S'adressant au ToI depuis une école en ruine reconvertie en QG, le commandant du 50e bataillon de la brigade Nahal dit que les terroristes du Hamas "se battent comme des souris"
CAMP DE SHATI, Bande de Gaza – C’est dans les décombres d’une école criblée de balles, en périphérie du camp de Shati, dans la ville de Gaza, que les soldats du 50e bataillon de la brigade d’infanterie Nahal ont installé leur campement temporaire, tandis que l’armée israélienne poursuit ses efforts pour éradiquer les agents et infrastructures du Hamas.
Les salles de classe – celles tout du moins dans lesquelles on peut entrer en toute sécurité – ont été reconverties en quartiers d’habitation, centre de commandement, positions pour tireurs embusqués, entrepôts de nourriture et d’équipement et synagogue.
La cour de l’école est devenue un parking pour les chars de Tsahal et les véhicules blindés de transport de troupes.
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Les combats entre les soldats de Tsahal et le Hamas ont laissé des traces. Les murs de l’école sont criblés d’impacts de balles et certains endroits ont été encore plus endommagés par les frappes aériennes et les bombardements de chars.
Dans l’une des salles de classe, le commandant du 50e bataillon, le lieutenant-colonel Tomer (son nom de famille n’a pas été divulgué par l’armée israélienne pour des raisons de sécurité) s’est entretenu avec le Times of Israël et un autre journaliste afin d’évoquer les opérations de son unité dans la bande de Gaza.
Il a rappelé qu’avant même d’entrer dans Gaza, le 50e bataillon était à pied d’œuvre. Ces deux dernières années en effet, le bataillon est intervenu en Cisjordanie, en raison de l’augmentation des attentats terroristes. Le matin du 7 octobre, le bataillon a été appelé dans le sud d’Israël pour repousser l’assaut dévastateur du Hamas. Quatre soldats du bataillon ont été tués et neuf autres blessés lors de ces combats dans le sud d’Israël.
De là, le bataillon s’est rendu dans le nord d’Israël, où les soldats ont été stationnés à la frontière libanaise pendant une semaine, en raison du regain d’attaques du Hezbollah soutenu par l’Iran et des factions terroristes palestiniennes alliées.
Après une semaine passée à la frontière nord, le 50e bataillon est revenu dans le sud pour préparer l’offensive terrestre dans la bande de Gaza, qui a officiellement commencé le 28 octobre.
« Nous avons été la première brigade d’infanterie à entrer sur le territoire de la bande de Gaza », rappelle Tomer, tout en notant les différences entre le travail des équipes de combat blindées – entrées dans Gaza avant elles – et celui de l’infanterie.
« La tâche des unités de combat blindées est d’avancer, avancer et nettoyer toutes les zones. »
« Nous avons été la première brigade à entrer dans Shati. Les brigades blindées n’avaient jusqu’alors pas pénétré dans le camp, elles avaient juste isolé la zone », dit-il, ajoutant qu’il est presque impossible pour les chars de manœuvrer dans les rues étroites du camp. « Il est difficile d’utiliser efficacement les chars dans un camp de réfugiés, ils n’ont pas assez d’espace pour se mouvoir. »
« Les unités blindées se déplaçaient sur des routes relativement larges, mais tout ce qui se trouvait autour des routes n’était pas pris en charge, et nous avons dû nous battre en cours de route », ajoute Tomer.
« C’était notre méthode, et je peux vous dire qu’elle a extrêmement bien fonctionné ». « Nous avons établi le contrôle opérationnel et sommes plus tard entrés à pied, pour nettoyer la zone. »
L’emprise d’Israël sur le nord de Gaza semble de plus en plus sûre. Depuis le dernier passage du Times of Israël dans la bande de Gaza, des drapeaux israéliens ont été plantés au bord de la route menant à Shati, ainsi que sur des dizaines de bâtiments, des douches portatives ont été acheminées sur les lieux de rassemblement de première ligne et les soldats éloignés des zones de combat ne portent plus tous leurs équipements de protection.
Le Hamas se bat « comme des souris »
Tomer évoque les interventions et batailles majeures du bataillon contre le Hamas, à son entrée dans la bande de Gaza, en commençant par une position du Hamas sur les lignes de front du nord de Gaza, où se trouvait autrefois l’implantation de Nisanit, aujourd’hui rasée.
« Il existe un réseau de tunnels assez important jusqu’à cette position. C’est une position de première ligne, et le Hamas sait parfaitement comment se replier. Nous l’avons attaqué, capturé, après quoi nous avons nettoyé la zone, fait sauter les infrastructures souterraines et repris notre avancée », explique-t-il.
Il affirme que les soldats n’ont vu aucun membre du Hamas dans cette zone. « C’est une position que le Hamas pouvait se permettre de perdre. Assez rapidement, ils se sont repliés d’eux-mêmes. »
Dans une zone située juste au nord de Shati, le 50e bataillon a passé une semaine à nettoyer le terrain de toute trace des infrastructures du Hamas, dans lesquelles les soldats ont découvert plusieurs membres du Hamas.
Lors de l’une de ces batailles, le capitaine Beni Wais, 22 ans, commandant de compagnie dans le 195e bataillon de la 460e brigade blindée, a été tué par une grenade tirée par le Hamas sur son char.
Les troupes de Nahal ont riposté, tuant quatre hommes armés du Hamas qui leur avaient tendu une embuscade, à une distance d’environ 30 mètres. Deux soldats du 50e bataillon ont également été blessés dans l’échange de tirs, a déclaré Tomer.
« C’est la première fois – en tant que commandant de bataillon – que j’ai compris que nettoyer la zone ne signifiait pas seulement nettoyer la zone. Il nous faut occuper chaque zone, car l’ennemi à ce stade se comporte comme des souris », assure-t-il.
« L’ennemi disparaît et peut se rendre où il le souhaite en passant par les tunnels. Il monte, descend. S’il ne veut pas être vu quelque part, il descend. S’il voit des chars, il descend. S’il voit l’infanterie, il est possible qu’il sorte. Il fait ce qu’il veut », explique Tomer.
« C’est à ce moment-là que nous avons compris que nous devions penser un peu différemment et revoir nos méthodes », ajoute-t-il. « Nous avons décidé de forcer les souris à sortir de leur trou. »
Tomer souligne que les soldats ont mené « des actions » pour inciter le Hamas à sortir de ses tunnels, avant de leur asséner des frappes lourdes. Ces opérations ont requis l’intervention de l’infanterie, des tireurs d’élite, des ingénieurs de combat, d’un hélicoptère de combat et d’un drone armé. « Tous ont tiré et toutes les cibles ont été abattues », conclut-il.
« On estime à 11 à 20 le nombre de terroristes tués lors de cette bataille, qui a duré cinq heures, au cours de laquelle nous n’avons subi aucune perte », ajoute-t-il.
En se déplaçant sur le terrain, il explique que ses soldats ont trouvé des dizaines de tunnels et une quantité « astronomique » d’armes appartenant au Hamas.
Interrogé sur le niveau de résistance du Hamas, Tomer répond qu’il est bien moindre que ce à quoi il s’attendait.
« Je me suis très vite fait la réflexion que les systèmes de l’ennemi s’étaient effondrés et que cela se transformait en sorte de guérilla. Ce n’est pas à proprement parler contre un système de défense que je me bats, mais plutôt des cellules qui cherchent des opportunités », dit-il.
« Je n’ai pas l’impression d’avoir affaire à un ennemi important ici, mais ce n’en est pas moins dangereux pour autant. »
« Rien n’arrêtera Tsahal »
Au cours de la dernière semaine de combats à Shati, le 50e bataillon a tué au moins 13 membres du Hamas, une poignée d’entre eux seulement lors de combats au corps à corps. Les autres, analyse Tomer, ont fait l’objet de frappes préventives.
« Le combat rapproché n’est pas un problème pour nous : nous sommes de redoutables combattants, mais l’avantage significatif de Tsahal est sa technologie, qui permet de révéler la présence de l’ennemi. »
Le nettoyage de Shati, aujourd’hui « isolé » par les blindés, a été lent, car l’infanterie faisait en sorte d’éviter les pièges et embuscades du Hamas.
Tomer explique que ses soldats ne s’aventurent pas dans les ruelles, pas davantage que dans les entrées des bâtiments du camp. À la place, ils font des trous dans les murs, nettoient les bâtiments et passent aux suivants, sans jamais prendre des risques dans les rues. Dans de nombreux bâtiments, dit-il, les soldats ont trouvé des engins explosifs près des portes.
Les méthodes employées n’ont pas empêché les soldats du 50e bataillon d’être pris en embuscade à plusieurs reprises, rappelle Tomer.
Tomer explique qu’une fois, le Hamas « a mené une contre-offensive alors que nous étions dans un bâtiment. Ils ont tiré une grenade sur la maison, qu’ils ont prise d’assaut. Deux soldats ont été blessés par les tirs de grenade, dont un qui a perdu un œil ».
Il ajoute que l’un des commandants est parvenu à tuer deux hommes armés du Hamas qui venaient de faire irruption dans le bâtiment. Les soldats ont ensuite évacué le bâtiment et attaqué les autres membres du Hamas qui se trouvaient dehors, tuant deux autres agents.
Une autre fois, il explique qu’un bulldozer blindé D9 du Corps du génie de combat – sous son commandement – a été attaqué par un missile guidé antichar alors qu’il effectuait une mission risquée à Shati. Alors que le bulldozer brûlait, un officier de char sous le commandement de Tomer s’est rendu dans la zone de combat pour secourir les deux ingénieurs de combat. Alors que les deux soldats étaient secourus, le Hamas leur a lancé une grenade, dit-il.
Tomer souligne que l’armée israélienne intervient de manière « très, très précautionneuse », afin d’éviter des pertes côté israélien. On estime à 52 au moins le nombre de soldats tués jusqu’à présent lors de cette offensive terrestre.
Interrogé ce qui va maintenant se passer, Tomer ne se dit pas en mesure de répondre. « S’agissant de notre mission, je ne sais pas où nous irons ensuite, mais je sais que nous allons approfondir le travail partout où cela sera nécessaire. »
« Mon sentiment, en tant que commandant de bataillon, après 18 jours de combat, est que rien n’arrêtera les équipes de combat de Tsahal. »
« J’ai l’impression que, quoi qu’on lui demande, le bataillon saura faire. »
« Peu importe la mission qui nous est confiée à Gaza ou le nombre de victimes, au final, l’équipe de combat fera ce qui est attendue d’elle », conclut Tomer.
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