GB : Le roi Charles rend hommage à une survivante, témoin infatigable de la Shoah
Lily Ebert est devenue membre de l'Ordre de l'empire britannique au château de Windsor après avoir été incluse dans la liste des décorations du Nouvel An
Jewish News — Après avoir reçu l’Ordre de l’Empire britannique des mains du roi Charles III, une arrière-grand-mère âgée de 99 ans, survivante de la Shoah, une femme qui avait été l’une des membres fondatrices du Centre des survivants de la Shoah au Royaume-Uni, se confie à l’agence de presse AP, disant : « il n’y a aucun mot susceptible de décrire combien ce titre est important pour moi. »
Lily Ebert a été honorée pour ses contributions apportées à l’enseignement de la Shoah mardi, au château de Windsor, après avoir été incluse dans la liste des décorations du Nouvel An – la toute première liste à avoir été supervisée par Charles depuis son accession au trône.
A ses côtés lorsqu’elle a accepté l’Ordre du mérite, son arrière-petit-fils, Dov Forman.
Le duo accumule des milliards de « vues » sur la plateforme de partage de vidéos TikTok où il tente d’enseigner la Shoah aux jeunes générations.
« Il n’y a pas si longtemps, il y avait des gens qui voulaient me tuer pour ma religion – et aujourd’hui, me voilà distinguée pour recevoir cet honneur », explique Ebert alors qu’elle se tient dans le château de Windsor, dans une salle célébrant l’existence de ‘Esther, la reine juive.
« il n’y a aucun mot susceptible de décrire combien ce titre est important pour moi. Je m’étais promis que si je survivais, alors je raconterais au monde entier ce qui nous était arrivé à Auschwitz — qu’il y avait des êtres humains, là-bas, qui étaient tués pour aucune autre raison que leur croyance, parce que d’autres estimaient que nous ne méritions pas de vivre ».
Elle ajoute qu’elle aura toujours tenté d’être une force positive pour le monde et qu’elle cherche à encourager les individus « à apprécier nos différences et à apprendre les uns des autres, à faire preuve de bonté envers tous ».
« Quelque chose d’aussi terrible que ce que j’ai vécu ne doit jamais, jamais se reproduire. Et tant que je serai en vie, j’enseignerai au monde la tolérance », s’exclame-t-elle.
Elle évoque également l’importance d’éduquer les jeunes générations par le biais des réseaux sociaux – et de TikTok en particulier.
« Je trouve que parvenir à éduquer les jeunes par l’intermédiaire de TikTok est réellement déterminant parce que les jeunes sont avides de connaissances et qu’ils doivent en acquérir », poursuit-elle. « Je ne parle pas de ce que j’ai appris dans des salles de classe. Je l’ai vécu ».
Ebert avait été libérée d’Auschwitz il y a 78 ans, alors qu’elle avait vingt ans. Elle avait passé une année en Suisse avant de faire le voyage vers Israël, quand la Palestine était placée sous mandat britannique.
Elle était partie au Royaume-Uni en 1967 avec son époux, Samuel, et c’est à ce moment-là qu’elle avait commencé à témoigner des horreurs de la Shoah.
Ebert vit aujourd’hui dans le nord de Londres. Elle est mère de trois enfants, grand-mère de dix petits-enfants et arrière-grand-mère de 36 – le petit dernier est né en 2022.
Le roi a écrit une préface pour son livre paru en français sous le nom de « La promesse de Lily ». Ebert dit apprécier le nouveau souverain qu’elle a pu rencontrer à une série d’occasions, notamment à une fête organisée pour Noël.
« C’est un être humain très particulier », continue Ebert. « Ça doit être un travail très difficile et il le fait avec un tel amour, une telle capacité de compréhension – et de ça, je l’en remercie. Je n’aurais jamais pensé que j’aurais un jour l’occasion de le remercier personnellement ».
Elle raconte avoir appris par courrier qu’elle avait été choisie pour recevoir l’Ordre de l’Empire britannique et que cette reconnaissance est « très spéciale » à ses yeux.
« Il y a des gens, dans ce monde, qui nous témoignent leur respect – ce respect que nous devrions tenter d’avoir pour toute la communauté », explique Ebert.
Forman déclare à l’agence de presse AP que voir son arrière-grand-mère distinguée a été « une leçon d’humilité ».
« C’est une telle leçon d’humilité d’être ici, aujourd’hui, avec quatre générations de la famille de mon arrière-grand-mère alors même qu’elle est décorée de l’Ordre de l’Empire britannique. C’était très émouvant de voir ses larmes couler sur son visage quand elle disait au roi qu’elle ne s’était jamais attendue à survivre à la Shoah – sans même parler de recevoir une distinction de la part du roi d’Angleterre ».
Il ajoute que l’audience qui les suit sur TikTok leur a permis « de transmettre le flambeau ».
« Quand vous écoutez un survivant de la Shoah, quand vous écoutez un témoin, vous devenez vous-même un témoin », explique Forman. « Et ainsi, toutes ces personnes qui écoutent notre histoire sur TiKTok… sont en mesure de tirer les leçons du passé ».
« Et c’est un honneur incroyable pour moi et une leçon d’humilité aussi d’avoir aidé mon arrière-grand-mère à devenir un phénomène sur internet, de lui avoir fourni une plateforme pour s’exprimer avec des milliers de commentaires en provenance du monde entier qui sont postés chaque jour, parfois depuis des pays où il est interdit d’enseigner la Shoah », s’exclame Forman.
Il indique qu’il s’est rendu sur le site de commémoration d’Auschwitz-Birkenau pour la toute première fois le 19 janvier.
« J’ai vraiment essayé d’imaginer mon arrière-grand-mère là-bas, à ce même endroit où je me tenais… Je n’ai pas été capable de comprendre comment elle avait survécu à une telle expérience », note-t-il.
« Nous ne devons pas hésiter à reconnaître la responsabilité de tous ceux qui ont permis, d’une manière ou d’une autre, les horreurs qui se sont abattues sur mon arrière-grand-mère et sur les siens… Ceci étant dit, ce n’est pas le plus grand risque que nous devons affronter aujourd’hui. Notre plus grande inquiétude, c’est cette troisième catégorie, chez les gens ordinaires, qui se trouvaient aux côtés de ceux qui étaient impliqués dans la Shoah : ceux qui ne se sentaient pas concernés », rappelle Forman.
« Nous ne pouvons pas nous permettre de ne pas nous sentir concernés – mon travail avec mon arrière-grand-mère et ce voyage à Auschwitz m’ont donné la conviction absolue que tout dépend de nous, des générations plus jeunes, de ma génération. Il faut que nous soyons assurés que nous ne resterons pas à ne rien faire aussi longtemps qu’il y aura de la haine dans le monde ».
En 2021, Lily Ebert avait subi un déferlement de haine quand elle avait souhaite un bon Shabbat à ses abonnés.
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