Golem, dibbouk… Le film d’horreur The Vigil met en scène un autre monstre juif
Le réalisateur Keith Thomas raconte l’histoire du mazzik, un démon moins connu de la mythologie juive ; le film sera disponible en streaming à partir de vendredi
JTA – Lorsque Keith Thomas a décidé d’écrire et de réaliser un film d’horreur juif, il a souhaité s’inspirer d’autres héros que les deux monstres juifs les plus connus.
On a largement exploité les Golems, ces créatures effrayantes formées de boue ou d’argile que l’on trouve dans les récits juifs et les dibbouks, ces esprits fantomatiques mentionnés dans la mythologie juive.
Il s’est donc inspiré de ce qu’il avait appris en écrivant une thèse de maîtrise sur les monstres juifs au Hebrew Union College il y a plus de dix ans puis s’est tourné vers un démon moins connu : le mazzik.
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A partir de vendredi, «The Vigil», première réalisation de Thomas, sera disponible sur les plateforme de streaming. Ce film d’horreur juif grand public est unique en son genre. Chair de poule assurée.
Les Mazziks sont des démons invisibles de bas étage, explique Thomas . Ils ont été créés avec les petites « étincelles de vie » restantes des jours de la création.
« Les animaux sont pourvus d’une étincelle de vie et d’une parcelle d’âme incarnée dans un corps. Plus l’animal est développé, et plus les morceaux d’âme sont gros, jusqu’à ce qu’on obtienne l’être humain, pourvu d’une étincelle de vie, d’une âme et d’un corps. Les démons sont des entités qui ont une étincelle de vie, mais pas de corps ni d’âme. Ils ne sont pas malveillants, c’est-à-dire qu’ils ne cherchent pas nécessairement à nous attraper. Mais si vous en rencontrez un, cela peut être dangereux. »
Ces histoires d’horreurs sont un croisement entre des rituels juifs et des éléments d’horreurs qui se produisent aussi lors de circonstances banales. C’est l’histoire d’un jeune hassid du nom de Yaakov qui, quittant son milieu, a du mal à trouver sa place dans la société laïque. Au chômage, dans une recherche désespérée d’argent, Yacov accepte de passer une nuit à veiller en tant que « shomer », le corps d’un vieil homme récemment décédé dans un appartement d’un quartier orthodoxe de Brooklyn. Cette action aussi appelée « shemira », a pour fonction de garantir que le corps reste surveillé et en sécurité jusqu’à l’enterrement.
La veuve de l’homme, perturbée mentalement n’est d’aucune aide. Yaakov perçoit des sons puis des mouvements étranges, à tel point qu’il se demande si ce ne sont pas ses médicaments anxiolytiques qui sont la cause d’ hallucinations. Finalement, il doit affronter les sources du mal en torturant la maison.
Thomas utilise souvent les mots « mémoire déformée » et « traumatisme » en parlant de son film, des termes qui rappellent les séquelles générationnelles de la Shoah.

« Le traumatisme ressemble un peu à ces ondulations à la surface de l’eau lorsqu’on laisse tomber un rocher géant et que l’on observe les ondes. Mais même un petit caillou fait des ondulations. Ce qui m’intéressait, c’était d’observer comment le traumatisme d’un homme – même lors d’un événement de 30 secondes – peut avoir un impact sur le reste de sa vie », a déclaré Thomas relatant la scène où l’on voit l’homme décédé ayant vécu la Shoah.
Yakov est joué par Dave Davis, un acteur juif que l’on a vu dans des émissions telles que « The Walking Dead » et « True Detective ». Il a été victime d’un traumatisme après avoir subi un acte antisémite violent dans la rue à l’époque où il était membre de la communauté orthodoxe haredi de Brooklyn. Cela a aussi impacté sa famille tragiquement. Il est également membre d’une organisation Footsteps, qui soutient la transition de ceux qui veulent quitter le monde haredi. La première scène du film relate une réunion de cette association avec des acteurs qui ont tous suivi le parcours de Footsteps.
Demeurer authentiques constituait un défi, car il ne fallait pas perturber les quartiers haredi de Borough Park et de Williamsburg. Aussi Davis a fait appel à de vrais rabbins orthodoxes autour du périmètre du plateau afin qu’ils expliquent le film aux passants.
Plusieurs acteurs, dont Menashe Lustig jouent dans la série Netflix « Unorthodox ». Même la bande originale a une influence orthodoxe puisque c’est le groupe « néo-hassidique » Zusha qui a composé une chanson pour le générique de fin, après avoir visionné le film et en avoir été positivement impressionné .Selon Thomas les membres du groupe n’avaient encore jamais vu de film d’horreur jusqu’à ce jour.
Ce film est unique en son genre – un mélange de rituels juifs de la yiddishkeit (y compris du vrai yiddish parlé) et d’horreur saisissante. Jason Blum, le producteur juif de la société Blumhouse, qui a participé à la production de films d’horreur tels que « Get Out », « Paranormal Activity », s’est immédiatement enthousiasmé à la lecture du scénario en raison des thèmes juifs. Thomas a déclaré qu’il avait évoqué avec Blum le potentiel novateur de sous-ensemble de films d’horreur populaires à thèmes juifs. Pour lui le monde juif mystique et la kabbale sont mûrs pour atteindre à travers l’horreur un public plus large.

C’est la troisième carrière qu’entame Thomas, âgé de 45 ans. Il a d’abord commencé comme éducateur juif dans une école de jour, mais il ne se sentait pas suffisamment religieux pour continuer. Puis il s’est tourné vers la recherche médicale clinique. Après avoir travaillé avec Blumhouse à un remake de « Firestarter », une histoire de Stephen King de 1984, il se consacre aujourd’hui au scénario d’un autre film d’horreur à thème juif.
Thomas se demandait si son nouveau film reprendrait les figures des Juifs orthodoxes, reconnaissant que dans le même temps ils fascinent le public
Il n’a pas dit non plus si le mazzik retrouverait sa place dans ses futurs films. Mais il a souligné que même si le judaïsme n’est pas le creuset des démons, il est possible de développer des concepts d’horreur, à partir de ses traditions.
« Ce n’est pas une religion très superstitieuse de manière générale », a déclaré Thomas. « Mais je pense toutefois que l’on peut en extraire de la matière. »
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