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HaBayit HaYehudi prendra le budget en otage face aux évacuations des implantations

Un député maintient que le parti de droite ne permettra pas à Amona, en Cisjordanie, d’être déplacée : la vice-ministre des affaires étrangères a déclaré que le prochain président américain devra s’habituer aux implantations

Mobile home dans l'avant-poste d'Amona, en Cisjordanie. (Crédit : Noam Moskowitz/Flash90)
Mobile home dans l'avant-poste d'Amona, en Cisjordanie. (Crédit : Noam Moskowitz/Flash90)

HaBayit HaYehudi votera contre le budget du gouvernement si un tribunal ordonne d’évacuer un avant-poste illégal de Cisjordanie, a menacé ce lundi un membre de la Knesset.

Le député Bezalel Smotrich, député du parti nationaliste HaBayit HaYehudi a déclaré que son parti prendra en otage la coalition sur l’éventuel projet de délocalisation de l’avant-poste d’Amona.

Amona, où habite environ 40 familles, a été construite sur des terres privées appartenant à des Palestiniens ayant obtenu gain de cause suite à un recours devant les tribunaux israéliens pour une délocalisation de cette implantation.

Après de multiples reports, la cour suprême a ordonné « l’éviction et la destruction des habitations » des colons avant le 25 décembre prochain et le ministre de la Défense, Avigdor Libermann a annoncé qu’elle serait évacuée d’ici là.

Bezalel Smotrich, député HaBayit HaYehudi, à la Knesset, le 8 juin 2015. (Crédit : Miriam Alster/Flash90)
Bezalel Smotrich, député HaBayit HaYehudi, à la Knesset, le 8 juin 2015. (Crédit : Miriam Alster/Flash90)

« Si le Premier ministre comprend que la validation du budget dépend d’un arrangement autour d’Amona, nous pouvons supposer qu’un arrangement pourra être établi », a confié Smotrich à la radio militaire.

« Lorsque quelque chose semble important aux yeux d’un membre de la coalition, c’est adopté » a-t-il ajouté, faisant référence aux propos du Premier ministre Benjamin Netanyahu sur un autre sujet important.

Avec ses huit sièges, le parti HaBayit HaYehudi, considéré comme proche du projet des implantations, pourrait faire tomber la coalition gouvernementale constituée de 66 députés. Le président du parti, Naftali Bennett, a déjà fait prendre à son parti des positions posant des conditions sur d’autres chevaux de bataille du parti dans le passé.

Le mois dernier, La Paix Maintenant, une association de surveillance de la question des implantations, affirmait que le ministre de la Défense Liberman s’activait à transférer les résidents d’Amona, ayant confisqué » des terres aux Palestiniens, à quelques mètres de la localité actuelle, légalisant ainsi cet avant-poste illégal.

« Nous avons proposé de nombreuses alternatives et j’espère que nous arriverons à trouver une option qui convienne aux habitant d’Amona », a déclaré Libermann ce mois-ci.

La radio militaire a annoncé lundi que des militants d’extrême-droite avait commencé à élaborer un plan pour faire venir quelques 15 000 personnes à Amona en décembre pour perturber l’évacuation. Elle n’a cependant pas précisé si des associations sont responsables de cette initiative, et Smotrich a nié avoir connaissance de ce projet.

Affrontements entre résidents de l'implantation et policiers dans l'avant-poste d'Amona, en 2006. (Crédit : Yossi Zamir/Flash90)
Affrontements entre résidents de l’implantation et policiers dans l’avant-poste d’Amona, en 2006. (Crédit : Yossi Zamir/Flash90)

En 2006, l’opération de destruction de plusieurs logements à Amona s’est vue opposer une résistance violente de la part des milliers de militants s’étant attroupés sur les lieux.

Alors que Netanyahu a résisté aux appels internationaux à cesser la construction d’implantations, ses gouvernements passés se sont pliés aux décisions d’évacuer un certain nombre d’avant postes et d’implantations.

« Les implantations ne seront pas évacuées »

Lundi, la vice-ministre des Affaires étrangères, Tzipi Hotovely, a déclaré que le gouvernement ne fera pas sortir les résidents d’implantations de Cisjordanie. La prochaine administration américaine devra « s’habituer » aux implantations israéliennes.

Tzipi Hotovely, députée du Likud et vice-ministre des Affaires étrangères, à la Knesset, le 7 juillet 2014. (Crédit : Hadas Parush/Flash90)
Tzipi Hotovely, députée du Likud et vice-ministre des Affaires étrangères, à la Knesset, le 7 juillet 2014. (Crédit : Hadas Parush/Flash90)

Ces propos tenus sur la radio publique israélienne viennent corroborer la diffusion de la vidéo par Netanyahu et ayant suscité une vive polémique, dans laquelle il évoque « un nettoyage ethnique » mis en place par les Palestiniens en Cisjordanie.

Washington a critiqué le Premier ministre, l’accusant d’avoir tenu un discours « inapproprié et contre-productif ».

« La prochaine administration américaine, que ce soit [Hillary] Clinton ou [Donald] Trump, doit commencer à s’habituer à l’idée que les implantations ne seront pas évacuées sous Netanyahu », a-t-elle déclaré.

Elle a ajouté que l’évacuation des résidents des implantations dans le cadre d’un accord avec les Palestiniens était « une cause des droits de l’Homme », et a demandé au Premier ministre de se pencher sur ce sujet.

« Cela fait des années que nous parlons des droits de l’Homme de l’autre côté, du côté palestinien, mais jamais du côté des Israéliens des implantations », a-t-elle affirmé.

« Nous avons annoncé avoir un désaccord avec le gouvernement américain, mais cela sera résolu au cours des négociations », a-t-elle ajouté.

Alors que le belliqueux Trump a tenu des propos assurant de son soutien aux implantations, Clinton a largement annoncé qu’elle continuerait la politique de l’administration du président Barack Obama et demanderait l’arrêt des constructions d’implantation tout en tendant vers un accord de paix.

Vendredi, Netanyahu avait posté une vidéo demandant si d’autres peuples, à travers le monde, accepteraient de telles demandes de retrait d’un groupe ethnique sur un territoire dans leur propre pays.

« C’est scandaleux que le monde ne trouve pas cela scandaleux » a affirmé Netanyahu, encourageant les internautes à se poser la question de savoir s’ils accepteraient un territoire sans juifs, sans hispaniques, sans noirs dans leur propre pays.

« Depuis quand, le sectarisme est-il une condition pour la paix ? », a-t-il demandé en anglais.

Conformément à leurs allégeances politiques, les membres de la coalition à la Knesset ont soutenu les propos de Netanyahu, affirmant qu’il « disait la vérité », alors que l’opposition l’a accusé de déformé la réalité et de creuser un fossé entre Israël et les Etats-Unis.

Les commentaires de Netanyahu ont cependant probablement permis de relancer et réactiver les pourparlers avec le dirigeant palestinien Mahmoud Abbas.

Hotovely a affirmé que les propos de Netanyahu ne contredisaient pas son soutien théorique pour une solution à deux états et a accusé le leadership palestinien actuel « de ne pas souhaiter » la poursuite des négociations.

Des immeubles en construction dans l'implantation juive de Kiryat Arba, près de Hébron, le 6 juillet 2016. (Crédit : AFP/Hazem Bader)
Des immeubles en construction dans l’implantation juive de Kiryat Arba, près de Hébron, le 6 juillet 2016. (Crédit : AFP/Hazem Bader)

« Nous nous trouvons dans une réalité où Abbas a refusé de s’assoir et de négocier vers une paix possible », a déclaré Hotovely.

Mais en réponse à la vidéo, l’AP a demandé dimanche à la communauté internationale d’agir contre l’activité des implantations israéliennes, alors que l’un des conseillers d’Abbas, Saeb Erekat, a accusé Netanyahu d’avoir « dépassé toutes les lignes rouges en bafouant les lois internationales. »

Saeb Erekat, secrétaire général de l'Organisation de la libération de la Palestine (OLP). (Crédit : Miriam Alster/Flash90/File)
Saeb Erekat, secrétaire général de l’Organisation de la libération de la Palestine (OLP). (Crédit : Miriam Alster/Flash90/File)

« Le monde entier sait qui est en train de détruire la solution à deux états », a déclaré Erekat, se référant à l’administration de Netanyahu, qu’il appelle « un gouvernement de colons, pour des colons, dans des colonies ».

La communauté internationale considère les constructions d’Israël en Cisjordanie et à Jérusalem comme illégales.

Jérusalem affirme que le statut des implantations de Cisjordanie est sujet à un accord de paix final avec les Palestiniens.

Israël a commencé à construire des implantations en Cisjordanie après avoir conquis le territoire, précédemment contrôlé par la Jordanie, en 1967 pendant la guerre des Six Jours.

Aujourd’hui, plus de 350 000 Israéliens habitent dans les implantations de Cisordanie et autres avant-postes, et 200 000 à Jérusalem Est.

Israël a jusqu’à présent évité une résolution au Conseil de sécurité de l’ONU contre ses implantations grâce au veto américain. Il subsiste cependant un doute quant à savoir si Obama continuera ou non à utiliser ce veto pour défendre Israël alors que son mandat touche à sa fin.

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