Depuis son bunker, Nasrallah menace mais ne s’engage pas dans une guerre plus large
Le chef du Hezbollah se moque d'Israël, prévient Biden de ne pas intervenir et garde ses options ouvertes sur un conflit plus large ; Netanyahu lui rappelle sa dernière défaite
Dans son premier discours depuis qu’Israël a déclaré la guerre au Hamas après le massacre d’Israéliens par le groupe terroriste palestinien de Gaza le 7 octobre, le chef du groupe terroriste chiite libanais du Hezbollah, Hassan Nasrallah, a proféré des menaces à l’encontre de l’État juif et exprimé sa solidarité avec les Palestiniens et leurs « martyrs ». Mais il n’a pas annoncé de projet explicite d’élargissement du conflit entre son groupe terroriste soutenu par l’Iran et Israël, comme certains l’avaient craint.
« Certains prétendent que le Hezbollah est sur le point d’entrer dans la mêlée. Je vous le dis : nous sommes [déjà] engagés dans cette bataille depuis le 8 octobre », a-t-il déclaré.
« Certains voudraient que le Hezbollah s’engage dans une guerre totale, mais je peux vous le dire : ce qui se passe actuellement le long de la frontière israélo-libanaise est important, et ce n’est pas la fin. »
Nasrallah a mis en garde Israël contre une offensive préventive. « Je le dis aux Israéliens, si vous envisagez de mener une attaque préventive contre le Liban, ce sera l’erreur la plus stupide de toute votre existence. »
Pendant qu’il s’exprimait, le Premier ministre israélien Benjamin Netanyahu a, de son côté, lancé une menace, avertissant les « ennemis du nord » d’Israël de ne pas commettre l’erreur coûteuse d’une escalade de la guerre.
« Vous ne pouvez pas imaginer ce que cela va vous coûter. »
En Israël et dans toute la région, le discours de Nasrallah, que le Hezbollah avait annoncé plusieurs jours à l’avance et dont il avait à maintes reprises fait état, avait été anticipé et redouté comme pouvant annoncer une déclaration de guerre ou un ultimatum. Mais le chef terroriste n’est pas allé aussi loin et, à certains égards, a même semblé distancer le Hezbollah du conflit.
Il a déclaré qu’il n’avait pas eu connaissance à l’avance des plans du Hamas pour le 7 octobre, pas plus que l’Iran, souhaitant indiquer que le Hezbollah n’avait pas participé à l’assaut.
Depuis le début de la guerre, le Hezbollah, soutenu par l’Iran, a mené et supervisé des assauts quotidiens sur la frontière nord d’Israël depuis le territoire libanais, mais n’a pas lancé d’opération à grande échelle contre le pays. Israël s’est efforcé de maintenir un équilibre délicat, répondant avec une puissance de feu importante aux attaques et aux tentatives d’attaques, tout en essayant d’éviter les actions qui pourraient entraîner une escalade du conflit, car il cherche à maintenir ses efforts sur la bande de Gaza.
Du côté libanais de la frontière, quelque 70 personnes ont été tuées, dont au moins 56 terroristes du Hezbollah, huit terroristes palestiniens, un certain nombre de civils et un journaliste de Reuters. Du côté israélien, six soldats de Tsahal et un civil ont été tués lors d’attaques menées par le Hezbollah et des tireurs palestiniens.
Dans son discours, Nasrallah s’est vanté du fait que les « actions militaires du Hezbollah » à la frontière avaient détourné les forces de Tsahal de la guerre contre le Hamas.
« Ce que nous avons fait depuis le 8 octobre est sans précédent en termes de stratégie de combat. Chaque jour, nous avons pris pour cible des soldats, des chars, des drones et des capteurs israéliens, les yeux et les oreilles d’Israël. Nous nous sommes engagés dans une véritable bataille. Le nombre de nos martyrs – 57 – en témoigne », a-t-il ajouté.
« Nos opérations à la frontière ont contraint Tsahal à détourner des forces, des armes et des équipements de Gaza et de la Cisjordanie vers le front libanais. Un tiers des forces de Tsahal est désormais amassé à notre frontière », a-t-il affirmé.
« Une victoire de Gaza contre Israël ne sera pas une victoire de l’Iran ou des Frères musulmans, ce sera avant tout une victoire patriotique pour les Palestiniens, mais aussi pour l’Égypte, la Jordanie, la Syrie et le Liban. Il est donc de notre devoir de soutenir le Hamas à Gaza. »
« Le seul facteur qui influencera notre position est la progression de la guerre. Je dis à Israël : n’allez pas plus loin. De nombreux civils sont déjà morts. Je vous le promets : un civil pour un civil. »
Le 7 octobre, les terroristes palestiniens du Hamas ont lancé un assaut sans précédent contre Israël en faisant irruption à la frontière de Gaza, tuant plus de 1 400 personnes – pour la plupart des civils, massacrés dans leurs maisons – et enlevant plus de 245 personnes pour les emmener à Gaza. Israël a réagi en lançant une guerre totale contre le Hamas, en mobilisant plus de 300 000 réservistes pour pilonner les cibles terroristes de Gaza et en lançant la semaine dernière une incursion terrestre qui encercle la ville de Gaza, principale base d’opérations du Hamas.
Israël a également détourné des forces massives vers le nord, afin de se préparer à l’éventualité que le Hezbollah tente de reproduire les atrocités commises par le Hamas dans les communautés du sud. Le pays a également ordonné l’évacuation des communautés frontalières afin de protéger les résidents.
Mais Nasrallah a également indiqué que la guerre concernait principalement le Hamas, répétant que le groupe terroriste libanais n’avait rien su de l’assaut à l’avance.
« L’opération du 7 octobre a été planifiée dans le plus grand secret. Même les autres factions palestiniennes n’étaient pas au courant, sans parler des mouvements de résistance [nom que se donnent les groupes terroristes islamistes] à l’étranger », a déclaré Nasrallah.
« La communauté internationale ne cesse d’évoquer l’Iran et ses plans militaires, mais l’attentat du 7 octobre était une opération 100 % palestinienne, planifiée et exécutée par des Palestiniens pour la cause palestinienne, et n’a aucun rapport avec les questions internationales ou régionales. »
Nasrallah a affirmé à tort que les civils israéliens des communautés frontalières de Gaza avaient été tués le 7 octobre par les forces israéliennes qui « ont agi de manière insensée car elles ont été prises par surprise et étaient ‘ivres' » – et non par le Hamas. Il n’existe aucune preuve à l’appui de telles allégations, et les preuves visuelles et par témoins oculaires des atrocités planifiées et gratuites commises par le Hamas contre des civils sont accablantes.
« Israël a prétendu à tort que le Hamas avait décapité des bébés, mais n’a produit aucune preuve », a-t-il fièrement déclaré à tort, « alors que le monde entier a vu des images d’enfants palestiniens bombardés à Gaza ».
Nasrallah a déclaré que l’une des principales erreurs d’Israël était de « se fixer des objectifs élevés qu’il ne peut pas atteindre » et a rappelé « qu’en 2006, [Israël] s’était fixé pour objectif d’écraser la résistance [nom que se donnent les groupes terroristes islamistes] au Liban et de récupérer [les corps] de deux prisonniers sans négociations ni échanges. Ils n’y sont pas parvenus en 33 jours, et aujourd’hui, à Gaza, la situation est la même ».
« Israël n’a jamais été en mesure de ramener des otages sans négociations », a affirmé Nasrallah.
Le chef du groupe terroriste chiite libanais du Hezbollah a fait référence à ses propres déclarations passées selon lesquelles la nation israélienne était aussi faible et aussi éphémère qu’une toile d’araignée, affirmant cette fois-ci qu’elle était encore plus « fébrile » que cela.
« Elle a besoin du soutien des Américains et des Occidentaux », a-t-il affirmé. « Sinon, pourquoi la marine américaine aurait-elle envoyé un porte-avions peu après l’attaque du 7 octobre ? Pourquoi Biden se serait-il rendu en Israël, aux côtés de nombreux secrétaires d’État américains, de hauts gradés de l’armée et de dirigeants européens ? »
En échange de leur soutien, les États-Unis « doivent rendre des comptes et payer le prix des crimes perpétrés par Israël à Gaza, d’où les mouvements de résistance [nom que se donnent les groupes terroristes islamistes] qui ont attaqué et continueront d’attaquer les forces américaines en Irak et en Syrie », a souligné Nasrallah.
Le chef du groupe terroriste a déclaré que le Hezbollah n’était pas intimidé par les menaces américaines ni par les forces américaines déployées dans la région.
« Depuis le début de la guerre, les États-Unis ont menacé de nous bombarder au Liban à partir de leurs navires militaires en Méditerranée. Nous sommes prêts à faire face à n’importe quel scénario », a-t-il prévenu. « Si une guerre totale éclate, les Américains paieront avec leurs navires, leurs avions et leurs soldats. »
« Nous avons encore besoin de temps, mais nous gagnerons, de la même manière que nous avons gagné en 2006, de la même manière que la résistance [nom que se donnent les groupes terroristes islamistes] a obtenu des résultats en Cisjordanie », a promis Nasrallah.
L’équipe du Times of Israel a contribué à cet article.