Herzog : 50 ans après la guerre de Kippour, Israël est en « état d’urgence nationale »
Lors d'une cérémonie commémorative, le chef de Tsaha prévient que la "polarisation" nuit à la cohésion de l'armée ; Gallant menace le Hamas d'une escalade
Lors d’une cérémonie marquant le 50e anniversaire de la guerre du Kippour, le président Isaac Herzog a déclaré que le pays se trouvait dans un état d’urgence national marqué par la division et la polarisation.
« Un demi-siècle après la guerre de Kippour, la société israélienne est divisée et polarisée, et la crise qui nous frappe depuis neuf mois nous déchire et a un impact direct sur notre société, notre économie et notre sécurité », a déclaré Herzog lors de la cérémonie, qui s’est déroulée au mémorial de Latrun, aux abords de Jérusalem.
« Il ne fait aucun doute que nous nous trouvons dans une véritable situation d’urgence nationale », a ajouté Herzog. « L’heure est indéniablement à l’introspection, aux leçons à tirer, à la prise de responsabilité. Nous avons tous le devoir de prendre conscience que notre résilience nationale et la sécurité de la nation sont directement liées à la situation interne d’Israël ».
Trouver une solution à la crise actuelle « et surmonter les divisions sont les mesures les plus importantes et les plus urgentes que nous devons prendre en tant que société pour protéger la sécurité de l’État d’Israël, 50 ans après la guerre du Kippour », a poursuivi Herzog. « En ces jours, il est plus que jamais important d’écouter, d’agir avec modération, respect et responsabilité, d’apaiser les flammes, de tendre la main et de chercher un large consensus ».
Les propos tenus par Herzog interviennent quelques jours seulement après un affrontement sans précédent à Tel Aviv, le jour de Yom Kippour, entre des fidèles religieux participant à un office de prière et des militants laïques qui protestaient contre le groupe pour avoir enfreint un arrêté municipal interdisant les manifestations non mixtes sur une place publique. Cet affrontement houleux a été largement perçu comme une extension des manifestations de masse entre détracteurs et partisans de la refonte judiciaire du gouvernement qui secouent le pays depuis plusieurs mois, et a suscité des inquiétudes quant à la tâche apparemment impossible de réconcilier deux visions très différentes de l’avenir d’Israël.
S’exprimant lors de la même cérémonie, le chef d’état-major de Tsahal, Herzi Halevi, a averti que les gens se trompent s’ils pensent que l’armée peut fonctionner de manière optimale alors que la société israélienne est si profondément divisée.
« Un argument qui crée un fossé au sein de la société israélienne est dangereux », a affirmé Halevi.
« Au vu des défis sécuritaires, il est arrogant d’autoriser ce débat polarisant et il est dangereux de présumer que Tsahal est immunisé contre les effets de cette polarisation destructrice », a-t-il ajouté, faisant allusion aux affirmations erronées des hauts gradés de la Défense israélienne, à la suite desquelles le pays a été surpris par une offensive conjointe syro-égyptienne en octobre 1973.
Halevi a également pointé du doigt ceux qui ont appelé à refuser de servir dans les forces combattantes ou à suspendre le service volontaire des réservistes. Il a néanmoins réitéré ses critiques à l’égard des politiciens et autres personnes qui ont insulté les réservistes et les autres membres de l’armée qui participaient aux manifestations.
« S’en prendre à ceux qui portent l’uniforme et qui ont consacré des années à la sécurité d’Israël est irresponsable », a-t-il déclaré. « Appeler la jeune génération à refuser de s’enrôler pour le service de combat est également très dangereux », a-t-il ajouté. « Les appels lancés aux réservistes pour qu’ils refusent de se présenter à leur poste nuisent à la sécurité et à Tsahal ».
De son côté, le ministre de la Défense Yoav Gallant a profité de son intervention lors de la cérémonie pour envoyer un message aux groupes terroristes de Gaza, dans un contexte de recrudescence des violences transfrontalières au cours des derniers jours.
« Nous ne voulons pas d’escalade [des combats] et nous ne cherchons pas la guerre, mais si nous en arrivons au point où nous nous trouvons obligés d’agir, rappelons à tous les groupes terroristes l’opération Bouclier et Flèche et les capacités de l’appareil de sécurité [d’Israël] », a déclaré Gallant à cette même cérémonie de commémoration.
L’opération Bouclier et flèche est l’offensive israélienne lancée contre le groupe terroriste du Jihad islamique à Gaza, qui a duré cinq jours au mois de mai. Plusieurs dirigeants du groupe ont été tués lors d’une salve d’ouverture surprise.
« Si des civils ou des soldats israéliens sont blessés, nous n’hésiterons pas à faire tout ce qui est en notre pouvoir pour assurer la sécurité des civils et rétablir le calme à la frontière », a-t-il déclaré.
Israël a riposté à près de deux semaines d’émeutes en bombardant des postes vides du Hamas et en tirant sur les manifestants se rassemblant près de la barrière frontalière. Depuis quelques jours, les Gazaouis ont recommencé à lancer des ballons incendiaires en direction d’Israël. Ils ont ainsi déclenché deux incendies de forêt mercredi.