Hollande accuse l’Etat islamique d’avoir perpétré « un acte de guerre »
Deuil national de trois jours, discours du président lundi devant le Parlement français ; Début de la réunion internationale sur la Syrie à Vienne
Le président français François Hollande a accusé samedi le groupe Etat islamique (EI) d’être responsable de la vague d’attaques perpétrées vendredi soir à Paris, qui ont fait 128 morts et 250 blessés.
« Ce qui s’est produit hier c’est un acte de guerre (…) qui a été commis par Daech (acronyme arabe de l’EI), organisé de l’extérieur et avec des complicités intérieures que l’enquête devra établir », a déclaré à l’Elysée M. Hollande.
Les manifestations sur la voie publique sont interdites à Paris et dans sa banlieue jusqu’à jeudi à midi, selon un arrêté de la préfecture de police de Paris pris samedi au lendemain des attentats meurtriers dans la capitale.
Cette décision s’explique par le fait que les forces de sécurité intérieure sont mobilisées pour « assurer la sécurisation générale de l’agglomération » et « ne peuvent être distraites de cette mission prioritaire pour assurer la sécurité spécifique des cortèges ou des rassemblements », selon l’arrêté signé par le préfet de police Michel Cadot.
Le président a aussi décrété un deuil national de trois jours et annoncé qu’il s’exprimerait lundi devant le Parlement français.
« Cette fois, c’est la guerre », résume samedi en une le quotidien populaire Le Parisien. « La guerre en plein Paris », titre le journal conservateur Le Figaro avec une Une en fond noir.
Paris devait se transformer en capitale diplomatique à compter de lundi à l’Unesco où plusieurs chefs d’Etat sont attendus pour les 70 ans de l’organisation, avant une conférence de l’ONU sur le climat réunissant dans une quinzaine de jours 40.000 personnes, dont plus de 100 dirigeants du monde entier pour l’ouverture le 30 novembre.
Le chef de la diplomatie française, Laurent Fabius, a jugé samedi « plus que jamais nécessaire » de « coordonner la lutte internationale contre le terrorisme », après les attentats qui ont ensanglanté Paris dans la nuit.
« Il est plus que jamais nécessaire, dans les circonstances que nous connaissons, de coordonner la lutte internationale contre le terrorisme », a déclaré le ministre à Vienne, avant l’ouverture d’une réunion internationale sur la Syrie dans la capitale autrichienne.
« L’un des objets de la réunion d’aujourd’hui à Vienne, c’est précisément de voir concrètement comment nous pouvons accentuer encore la coordination internationale dans la lutte contre Daech (acronyme arabe du groupe Etat Islamique) », a ajouté M. Fabius.
« L’action internationale de la France continue et est assurée » malgré les attentats, a par ailleurs souligné le ministre, qui représentera le président François Hollande au sommet du G20 dimanche à Antalya, en Turquie. M. Hollande a décidé de rester en France après les attaques qui ont frappé le pays et ont fait 128 morts.
Début de la réunion internationale sur la Syrie à Vienne
Une nouvelle réunion internationale, en présence notamment des Etats-Unis et de la Russie, a débuté samedi à Vienne pour tenter de trouver une solution politique au conflit syrien, sur fond d’attentats sans précédent à Paris et de différends concernant le sort du président Bachar al-Assad, a-t-on appris de source diplomatique.
Cette réunion internationale, la deuxième en 15 jours, intervient quelques heures après que 128 personnes ont été tuées dans plusieurs attaques terroristes vendredi soir à Paris.
Une vingtaine de délégations sont présentes autour des chefs de la diplomatie américaine John Kerry et russe Sergueï Lavrov.
Cette tentative d’esquisser les contours d’une transition politique en Syrie, déchiré depuis plus de quatre ans par la guerre, prend un tour nouveau après les attaques terroristes qui ont frappé la France.
« L’un des objets de la réunion d’aujourd’hui à Vienne, c’est précisément de voir concrètement comment nous pouvons accentuer encore la coordination internationale dans la lutte contre Daech (acronyme arabe du groupe Etat Islamique) », a déclaré le ministre français des Affaires étrangères Laurent Fabius à son arrivée à Vienne.
La chef de la diplomatie de l’UE, Federica Mogherini, souligne que la réunion de Vienne « prend une autre signification » après les attentats : « les pays autour de la table ont déjà presque tous enduré la même douleur, la même terreur, le même choc au cours des dernières semaines », a-t-elle ajouté citant à ce titre le « Liban, la Russie, l’Egypte, la Turquie ».
« Les Européens, les Arabes, l’Est, l’Ouest, nous sommes tous touchés par le terrorisme et ceux qui cherchent à nous diviser », a-t-elle ajouté, soulignant que « la seul réponse est de s’unir, de dépasser nos différences et de rechercher ensemble une voie pour la paix en Syrie ».
Des témoins d’un des attentats de Paris, dans la salle de concert du Bataclan, ont entendu des assaillants crier « Allah Akbar » et lier leur action à l’intervention de la France dans la guerre en Syrie.
La France participe depuis plus de deux ans à la coalition anti-Etat islamique en Irak et a commencé à mener des frappes sur la Syrie depuis octobre.
Le consensus ne sera pas plus aisé pour dresser, comme c’est l’objectif samedi, une liste d’opposants syriens susceptibles de discuter avec Damas. Des réunions préparatoires ont eu lieu à Vienne jeudi et vendredi.
Là aussi, Russie et Iran s’opposent aux Etats-Unis et à leurs alliés sur les groupes devant être qualifiés de « terroristes » et ceux pouvant être considérés comme appartenant à l’opposition.
Les forces kurdes irakiennes ont annoncé avoir repris vendredi, à la faveur d’une offensive éclair, la ville de Sinjar à l’EI, dernier d’une série de revers des jihadistes.
Les Etats-Unis ont aussi probablement tué dans un bombardement jeudi le bourreau britannique du groupe Etat islamique (EI) « Jihadi John », devenu emblématique de la cruauté de l’organisation jihadiste.
Dans une interview à la chaîne ABC, Barack Obama a assuré que les Etats-Unis avaient atteint leur objectif de « maîtriser l’élan » de l’EI en Irak et en Syrie.
De leur côté, les forces du régime syrien, appuyées par les frappes russes, ont aussi remporté deux importantes victoires cette semaine contre le rébellion dans la région d’Alep, après avoir piétiné durant plus d’un mois.