« Hommage » controversé à l’ONU au président iranien décédé Raïssi
Aucun représentant de pays occidentaux n'a pris la parole lors de cet hommage et certains n'ont même envoyé aucun représentant, comme la France ou les Etats-Unis
L’ONU a rendu un « hommage » officiel et contesté jeudi au président iranien Ebrahim Raïssi décédé dans un accident d’hélicoptère, lors d’une session de l’Assemblée générale boycottée notamment par les Etats-Unis.
Après une minute de silence de l’Assemblée, le secrétaire général de l’ONU Antonio Guterres a répété ses condoléances aux familles des proches du président et des autres victimes de l’accident du 19 mai, ainsi qu’au peuple iranien.
« Les Nations unies sont aux côtés du peuple iranien dans leur quête de paix, de développement et des libertés fondamentales. Dans ce but, les Nations unies seront guidées par la Charte pour tenter de parvenir à la paix et à la sécurité, au développement durable et aux droits humains pour tous », a-t-il déclaré.
Interrogé il y a quelques jours après les condoléances publiques présentées par Antonio Guterres après la mort du président Raïssi, son porte-parole s’était justifié.
Le secrétaire général « n’a jamais été timide en exprimant ses profondes inquiétudes sur la situation des droits humains en Iran, particulièrement pour les femmes », avait noté Stéphane Dujarric. « Cela ne l’empêche pas d’exprimer ses condoléances quand un chef d’Etat d’un membre de cette organisation et un ministre des Affaires étrangères qu’il rencontrait régulièrement (…) meurent dans un accident d’hélicoptère ».
L’Assemblée générale organise un hommage pour chaque chef d’Etat d’un pays membre de l’ONU qui meurt alors qu’il est au pouvoir, que ce soit le président namibien Hage Geingob, figure de l’indépendance de son pays, en février dernier, ou le leader nord-coréen Kim Jong-Il en 2011.
L’ambassadeur pakistanais Munir Akram, s’exprimant au nom des membres de l’Organisation de la coopération islamique, a salué l' »héritage » du président Raïssi pour la « transformation socio-économique et politique » de l’Iran.
« Nous trouvons une source de réconfort dans la contribution historique de l’ancien président à la vision et la mission de l’OCI, en particulier, sa cause première, la restauration des droits inaliénables du peuple palestinien. »
Aucun représentant de pays occidentaux n’a pris la parole lors de cet hommage et certains n’ont même envoyé aucun représentant, comme la France ou les Etats-Unis.
« L’ONU devrait se tenir aux côtés du peuple iranien. Raïssi était impliqué dans des violations nombreuses et horribles des droits humains », a dénoncé le parole-parole de la délégation américaine Nate Evans dans un communiqué. « Certaines des pires violations des droits humains ont eu lieu sous son mandat. »
A l’extérieur du quartier général de l’ONU, quelques dizaines d’opposants au régime iranien ont manifesté aux cris de « honte à l’ONU ».
L’ambassadeur israélien Gilad Erdan, qui avait déjà fustigé la minute de silence organisée au Conseil de sécurité le 20 mai, a lui aussi dénoncé cet hommage. « L’ONU a été créée pour empêcher les atrocités, mais aujourd’hui, elle salue des dictateurs meurtriers de masse », a-t-il écrit sur X il y a quelques jours.