Indépendantistes catalans espionnés : Enquête espagnole sur le fabricant de Pegasus
Selon l'avocat à l'origine de la plainte, il s'agit de la première enquête en Espagne contre NSO depuis que le scandale d'espionnage visant des indépendantistes catalans a éclaté
La justice espagnole a annoncé jeudi avoir ouvert une enquête contre la société israélienne NSO, qui fabrique et commercialise le logiciel Pegasus, accusé d’avoir été utilisé pour espionner des responsables indépendantistes catalans entre 2017 et 2020.
Saisie d’une plainte déposée par l’avocat de plusieurs dirigeants indépendantistes, lui-même victime d’espionnage, selon un rapport publié mi-avril, une juge d’instruction du tribunal de Barcelone a décidé d’ouvrir une information judiciaire à l’encontre notamment de NSO Group Technologies Limited.
Cette enquête vise à vérifier si des délits ont été commis « dans la création et la fourniture du programme Pegasus à des tiers », ainsi que des « actions ou omissions » ayant permis de contribuer « volontairement et consciemment » à l’espionnage des responsables catalans, selon un document judiciaire consulté par l’AFP.
Selon l’avocat à l’origine de la plainte, Me Andreu Van den Eynde, il s’agit de la première enquête ouverte en Espagne contre NSO depuis que le scandale d’espionnage visant des indépendantistes catalans a éclaté.
Dans un rapport publié mi-avril, l’organisation canadienne Citizen Lab avait annoncé avoir identifié 60 personnes de la mouvance séparatiste catalane dont les portables auraient été piratés entre 2017 et 2020 au moyen du logiciel Pegasus.
La directrice de l’époque des services de renseignement espagnols, Paz Esteban, avait ensuite admis devant une commission parlementaire que 18 indépendantistes avaient été mis sur écoute après autorisation de la justice.
Affaibli par ce scandale, l’exécutif a limogé Mme Esteban le 10 mai. Le Premier ministre, le socialiste Pedro Sánchez, a également annoncé une réforme des services de renseignement afin de « renforcer le contrôle judiciaire » sur les écoutes.
Ce scandale d’espionnage a pris une tournure inattendue lorsque le gouvernement a annoncé début mai que les portables de Pedro Sánchez et de sa ministre de la Défense, Margarita Robles, avaient également été espionnés l’an dernier via Pegasus.
Le gouvernement a précisé qu’il s’agissait d’une « attaque externe », mais a assuré ne pas savoir qui en était à l’origine. Pour leur part, plusieurs médias espagnols ont évoqué une possible implication du Maroc.
Le groupe NSO est également visé par une information judiciaire en France portant sur l’espionnage de journalistes français, dont les téléphones auraient été infiltrés par le logiciel Pegasus pour le compte de l’État marocain, selon un consortium de 17 médias internationaux. Rabat a opposé un démenti catégorique à ces accusations.