Isère : des symboles nazis tagués sur des tombes appartenant à des Tsiganes
« Nos grands-parents ont été internés durant la Seconde Guerre mondiale, c'est une insulte à leur mémoire », a déploré une représentante de la communauté
Alors que les actes antisémites se multiplient en France depuis le pogrom du 7 octobre mené par le Hamas contre Israël, c’est la communauté des gens du voyage qui est cette fois visée par des tags faisant l’apologie du nazisme.
Vendredi 22 novembre, sept tombes du cimetière de la Côte-Saint-André, dans le département de l’Isère, ont été découvertes détériorées par des inscriptions « SS » et des croix gammées taguées à la peinture noire.
Trois familles sont concernées, dont celle de Tatiana Winterstein, déléguée Drôme/Isère de l’Association nationale des gens du voyage citoyens (ANGVC). Elle a réagi sur France bleu.
« Avec stupeur, nous nous sommes aperçus de cela. […] C’est complètement antitsigane, cela rappelle l’Holocauste. Nos grands-parents ont été internés durant la Seconde Guerre mondiale, c’est une insulte à leur mémoire », a-t-elle déploré.
« C’est récurrent, ce n’est pas la première fois que ça se passe », a-t-elle par ailleurs déploré. « En mai dernier déjà, à Beaurepaire, plusieurs tombes ont été profanées pareillement. Des plaintes ont été déposées mais pour le moment, nous n’avons aucune avancée du dossier ».
De son côté, le maire de la Côte-Saint-André, Joël Gullon, a déclaré « s’associer à la tristesse et à l’indignation des familles parce que c’est une atteinte qui est intolérable à la mémoire des défunts et également au vivre-ensemble sur notre territoire ».
« Ces actes de haine et de violence n’ont pas leur place dans notre commune. […] La Côte Saint-André est riche de sa diversité, et nous ne tolérerons jamais de tels comportements », a-t-il par ailleurs affirmé.
William Acker, juriste et militant contre l’antitsiganisme et directeur général de l’ANGVC, a diffusé sur ses réseaux sociaux des photos de l’incident.
Voilà, depuis 2 ans une ou plusieurs personnes ciblent des tombes de familles de Voyageurs, et d'anciens déportés Tsiganes.
Ces profanations racistes, antitsiganes, se répètent et ce malgré nos plaintes.
L'État et les élus locaux doivent condamner ces actes publiquement. https://t.co/z3DikA7YRn pic.twitter.com/oeWOZMS92n
— William Acker (@Rafumab) November 24, 2024
Une plainte a été déposée auprès de la gendarmerie.
Totalisant environ 11 millions d’individus, les Roms constituent la plus grande minorité d’Europe. Pendant la Shoah, ils ont été emprisonnés dans des ghettos et envoyés dans des camps de concentration, parfois avec des Juifs, parce qu’ils étaient considérés par l’Allemagne nazie comme « asociaux ».
Selon les historiens, plus de 500 000 Roms ont été assassinés lors du Porajmos, littéralement « dévorer » en romani. Comme les Juifs d’Europe, les Roms ont d’abord été assassinés dans ce que l’on a appelé la « Shoah par balles », avant d’être déportés dans des camps de la mort pour y être gazés.