Israël : 2 membres de la secte Shuvu Bonim inculpés pour le meurtre d’un adolescent
L'un des suspects est le fils d'un ex-ministre ; ils sont accusés d'avoir attiré Nissim Shitrit, 17 ans, pour le battre à mort parce qu'ils désapprouvaient son mode de vie
Vendredi, deux adeptes de la secte Shuvu Bonim dirigé par le délinquant sexuel Eliezer Berland ont été inculpés dans le cadre du meurtre de Nissim Shitrit, un adolescent de 17 ans, en 1986.
Le corps de la victime n’a jamais été retrouvé et les accusations de vendredi sont les premières en rapport avec sa disparition.
L’un des suspects inculpés dans cette affaire est le fils d’un ancien ministre, mais son nom n’a pas été divulgué. Le second suspect est Baruch Sharvit, un adepte de Shuvu Bonim.
Selon l’acte d’accusation, certaines des personnes impliquées dans l’enlèvement et la mort de Shitrit n’ont pas encore été placées en détention.
Les procureurs ont demandé que les suspects restent en détention jusqu’à la fin des procédures judiciaires.
« Les actes graves attribués à l’accusé indiquent sa dangerosité pour le public malgré le temps écoulé depuis le meurtre qui lui est attribué », peut-on lire dans l’acte d’accusation de l’un des suspects. « Le fait qu’il s’agisse d’un événement en plusieurs étapes, très complexe et extrêmement cruel, qui visait à imposer le mode de vie des accusés aux défunts et au public, établit une base raisonnable pour craindre que sa libération mette en danger la sécurité publique. »
Selon l’acte d’accusation, Shitrit était soupçonné par les membres de la secte d’avoir une certaine forme de relation avec une fille, en violation des normes religieuses de la secte, a rapporté le site d’information Ynet.
L’adolescent a été récupéré dans son internat à Ashdod par la « police religieuse » de la secte, en janvier 1986, quatre mois avant sa disparition.
Il a été conduit à Jérusalem et emmené dans un endroit isolé, où il a été battu.
Shitrit, qui était bénévole au sein de la police, avait porté plainte pour cette agression, et un homme qui deviendrait plus tard l’un de ses assassins présumés avait été arrêté pour être interrogé. Cet individu avait fui le pays après le meurtre de Shitrit, dans le but de se constituer un alibi, a rapporté la Douzième chaine.
Shitrit a été attiré vers la mort quatre mois plus tard par une femme liée à la secte qui a prétendu vouloir passer la nuit avec lui. Lorsque Shitrit est arrivé à l’adresse qu’elle lui avait donnée, il a été battu par le même groupe d’adeptes qui avait mené la première agression.
Lorsque les suspects ont réalisé que l’attaque faisait trop de bruit, ils se sont déplacés vers un deuxième endroit avant de l’enterrer en dehors de Jérusalem.
Dans un documentaire diffusé par Kan en 2020, l’un des anciens disciples de Berland a déclaré que la « police religieuse » avait assassiné le garçon, l’avait démembré et avait enterré son corps dans la forêt d’Eshtaol, près de Beit Shemesh.
Personne n’a encore été inculpé dans la deuxième affaire, liée à la première, concernant le meurtre d’Avi Edri, 41 ans, en 1990. Il a été retrouvé battu à mort dans la forêt de Ramot, au nord de Jérusalem.
Eliezer Berland a été libéré jeudi de sa détention provisoire après avoir été arrêté en relation avec les deux meurtres – mais il reste en prison pour purger une peine pour des charges non liées.
Eliezer Berland, le leader de la secte extrémiste Shuvu Bonim, aurait été impliqué dans le meurtre d’Edri et dans l’enlèvement et le meurtre de Shitrit. La police a accusé Berland d’avoir envoyé ses adeptes tuer Shitrit. Ses adeptes seraient également liés à la mort d’Edri.
Mais jeudi, les procureurs ont déclaré qu’ils libéreraient Berland et son gendre, Tzvi Tzucker, ainsi qu’un troisième suspect – un maire haredi non identifié – sous certaines conditions.
Le mois dernier, Eliezer Berland avait été placé en détention provisoire pour son rôle dans les meurtres, affaires classées sans suite. Le juge Elad Lang avait déclaré à l’époque « qu’il existait des soupçons raisonnables que [Berland] avait commis des infractions. Il s’est impliqué lui-même et a fourni une version détaillée des événements ».
Bien qu’il soit libéré de prison en ce qui concerne les meurtres vieux de plusieurs décennies, il restera en prison pour des accusations de fraude pour avoir escroqué des millions de shekels à des adeptes malades et âgés. Il a déjà purgé une peine de prison pour agression sexuelle.
Jeudi, il a été rapporté qu’un autre suspect dans le meurtre d’Edri était récemment décédé de complications liées à la COVID-19 dans un hôpital du nord.
Des dizaines de personnalités – dont beaucoup sont liées à la politique locale et nationale – ont été interrogées en rapport avec les deux homicides présumés, après que l’affaire a refait surface à la mi-octobre avec une série d’arrestations.
Le mois dernier, un maire actuel ultra-orthodoxe a été placé en détention provisoire à la suite d’allégations selon lesquelles il aurait assisté au meurtre d’Edri lorsqu’il avait 17 ans.
La branche sectaire Shuvu Bonim de la secte hassidique Bratslav a eu des démêlés répétés avec la justice, notamment en attaquant des témoins.
Berland a fui Israël en 2013 au milieu d’allégations selon lesquelles il aurait agressé sexuellement plusieurs adeptes féminines. Après avoir échappé à l’arrestation pendant trois ans et avoir fui dans divers pays, Berland est revenu en Israël et a été condamné à 18 mois de prison en novembre 2016, pour deux chefs d’accusation d’actes indécents et un cas d’agression, dans le cadre d’un accord de plaidoyer qui comprenait sept mois de temps passé en prison. Il a été libéré seulement cinq mois plus tard, en partie en raison de sa mauvaise santé.