Israël célèbre l’arrivée du Messi(e), superstar du football argentin
Cela n'a pas été un grand match – mais après la rencontre amicale annulée l'année dernière et les menaces de roquettes de la semaine passée, la présence de Messi a été une fête
Depuis l’arrivée en Israël, dimanche, de la mégastar du football argentin, Lionel Messi, et de ses coéquipiers, il y a peu de journalistes sportifs qui sont parvenus à s’abstenir de faire ce sacré jeu de mots – ouvrant leurs articles et autres reportages consacrés à la rencontre amicale de lundi soir contre l’Uruguay par « messi-ba », ce qui signifie à la fois en hébreu « Messi arrive » et « fête ».
Et le match, qui a eu lieu dans l’enceinte du stade Bloomfield de Tel Aviv, récemment rénové, a été une fête – mais davantage parce qu’il a pu avoir lieu que pour la rencontre elle-même qui, malgré quatre buts, n’a pas été particulièrement spectaculaire.
Au mois de juin 2018, quelques jours avant la Coupe du monde en Russie, l’équipe nationale d’Argentine et sa superstar étaient attendus à Jérusalem pour un match amical contre la formation israélienne.
Mais après des pressions intenses de la part de responsables et activistes palestiniens, l’équipe avait annulé sa venue au dernier moment, laissant les amoureux israéliens du football – ils sont nombreux dans le pays – à la fois choqués et déçus.
Certains supporters, au sein de l’Etat juif, avaient si mal vécu cette annulation qu’ils s’étaient refusés à soutenir l’Argentine au cours du tournoi et qu’ils s’étaient même délectés face à la performance médiocre offerte par le pays d’Amérique du sud pendant la compétition.
Mais les Israéliens ne sont pas rancuniers – tout du moins lorsqu’il s’agit des héros du football – et l’Etat juif avait salué l’annonce faite par le philanthrope milliardaire israélo-canadien Sylvan Adams, qui avait expliqué être parvenu à faire venir l’équipe de Messi en Israël pour un match amical contre l’Uruguay.
« En amenant peut-être le [joueur] le plus célèbre au monde, Lionel Messi, en Israël, nous offrons de l’effervescence au pays entier, aux citoyens musulmans, chrétiens et juifs d’Israël », avait déclaré le sponsor de ce match inédit, le milliardaire canado-israélien né au Québec.
« Voici l’Israël ‘normal’ que je connais et que j’aime », avait-il clamé.
« Pas un pays de conflit mais un pays où les enfants de tous les milieux jouent ensemble au foot dans la rue et dans des ligues. Le sport peut vraiment bâtir des ponts, unir les gens », avait-il confié dans une déclaration transmise à l’AFP.

Le match de lundi, également, a failli être annulé – et non suite à d’éventuelles pressions du mouvement de boycott anti-israélien ou de responsables de l’Autorité palestinienne mais à cause des affrontements qui ont opposé, la semaine dernière, l’Etat juif au groupe terroriste du Jihad islamique palestinien qui a envoyé des centaines de roquettes, depuis Gaza, vers les villes israéliennes, notamment vers Tel Aviv, en représailles suite à l’assassinat ciblé par Tsahal de l’un de ses hauts-commandants militaires.
Si Israël avait lancé une incursion terrestre au sein de l’enclave côtière, le match n’aurait très certainement pas eu lieu, a confié Adams au Times of Israel.
Mais les deux équipes avaient déjà envoyé leurs matériels et leurs personnels administratifs en Israël et, après le retour au calme, la rencontre a été confirmée.
Et c’est ainsi que 30 000 Israéliens, un grand nombre d’entre eux arborant des maillots bleu et blanc (les couleurs partagées par l’Argentine et l’Uruguay sans même parler d’Israël) ont envahi les gradins du stade Bloomfield pour voir Messi et la superstar de l’Uruguay, Luis Suarez (qui joue au quotidien aux côtés de Messi au sein du club du FC Barcelone). À noter la présence, parmi les supporters, du président Reuven Rivlin, de la ministre des Sports Miri Regev, de l’aspirant au poste de Premier ministre Benny Gantz et de la top modèle Bar Refaeli.
https://youtu.be/OAeMceRb_7I
J’arrive pour ma part deux heures avant le coup d’envoi, immédiatement sollicité par une poignée d’amoureux du football désespérés offrant des sommes attrayantes pour pouvoir trouver un billet.
Pour les autres – ceux qui, de manière avisée, ont acheté un billet avant qu’ils ne soient épuisées – le match amical de lundi ressemble à un rêve devenant enfin réalité.
« Dès qu’on a entendu parler du match, la famille entière est allée acheter des billets », raconte Gustavo Alguea, 30 ans, originaire de la province de Santa Fe, en Argentine – qui est aussi la région natale de Messi – et qui s’est installé à Tel Aviv quand il était enfant.
« Quoi de mieux que de voir Messi jouer en terre sainte ? », s’exclame-t-il. « Et en particulier contre l’Uruguay – c’est le clasico« , ajoute-t-il, se référant à la rivalité traditionnelle dans le football entre les deux pays voisins d’Amérique latine.
C’est l’Argentine qui l’emportera sur un score de 2 à 1, prédit Alguea.

Jonathan Mittelman, qui s’est installé en Israël il y a dix ans en provenance de Montevideo, en Uruguay, explique défendre les couleurs de son pays natal tout en convenant des meilleures chances de réussite de l’équipe de Messi. Son fils de six ans, Adam, dit qu’il voudrait véritablement voir la formation de Suarez remporter le match tout en admettant qu’une telle perspective est improbable.
« Même une égalité serait bonne », ajoute son père.
Quelques minutes plus tard, escortés par la police et les tambours d’un groupe de samba local, les bus transportant les joueurs de l’Argentine et de l’Uruguay arrivent au stade. Des centaines d’Israéliens originaires de tous les milieux – immigrants nouveaux et vétérans, hébréophones, Juifs et Arabes, Israéliens laïcs et même ultra-orthodoxes – saluent avec frénésie l’arrivée des deux véhicules qui se présentent sur les lieux au même moment avant de pénétrer dans le stade.
Le match en lui-même est bon mais ce n’est pas nécessairement « la meilleure rencontre qui ait jamais été disputée en Israël, et il y en aura très probablement des meilleures », commente un supporter à l’issue des 90 minutes d’affrontement sur le terrain. Les critiques ont pu s’attendre à mieux de la part de ces deux géants américains du football – mais Bloomfield, c’est sûr, à connu pire.

Messi — que de nombreux experts du football considèrent comme le meilleur joueur de sa génération, sinon de tous les temps – n’offre pas son meilleur jeu. À la 21ème minute, lorsqu’il donne un aperçu de son génie, le stade se soulève pendant une courte seconde – mais son initiative formidable s’arrête sans même un tir au but.
Un quart d’heure plus tard, c’est l’Uruguayen Edison Cavani qui marque le premier but de la soirée. L’Argentine égalise à la 63ème minute par un beau coup de tête de Sergio Aguero après un coup franc de Messi.
Vers la fin du temps réglementaire, la rencontre – majoritairement lente – prend un peu de vitesse et, à la 67ème minute, Suarez place l’Uruguay en tête, 2 à 1, grâce à un coup franc. Les supporters sont aux anges.
Et une minute après le début du temps additionnel, quelques instants avant le coup de sifflet final, l’arbitre israélien Roi Reinshreiber accorde un penalty à l’Argentine après une faute. Et c’est là que Messi – par un tir calmement exécuté à l’angle gauche – apporte le salut à ses fans languissants, dont un grand nombre ont d’ores et déjà perdu tout espoir.
Au moins, l’équipe ne se sera pas inclinée.
« Ayayayayay ! Nous avons montré tant de patience », s’écrie le speaker du stade, Shay Sidi, après le but de Messi. Comme le chantre à la fin de la prière de Neilah à Yom Kippour, il crie alors « Leo » à sept reprises et, à chaque fois, 30 000 Israéliens lui répondent par un « MESSI ! » tonitruant.

Quelques minutes plus tard, à la conférence de presse traditionnelle d’après-match, les entraîneurs des deux formations ont clamé être très heureux de cette égalité. Tandis que tous deux déclinent toute question politique, ils notent que Tel Aviv est une belle ville, qu’ils ont été traités de manière très agréable par les organisateurs israéliens et qu’ils ont eu beaucoup de plaisir à venir au sein de l’Etat juif.
Aux abords du stade, des centaines de supporters attendent encore de pouvoir prendre un selfie avec leur Messi-e tant attendu, qui a finalement joué et même marqué un but en Israël – ou simplement l’apercevoir.
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