Israël en guerre - Jour 530

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Israël cherche 20 000 ingénieurs arabes pour un plan quinquennal de 800 M NIS

Une association élabore une stratégie avec les autorités locales arabes pour que des fonds publics puissent stimuler l'intégration de la population arabe dans le high-tech

Des étudiants arabes participent à un Makeathon en 2020 à l'université de Tel Aviv, organisé par Tsofen. Dans un Makeathon, les équipes travaillent à la construction de nouveaux produits (Autorisation)
Des étudiants arabes participent à un Makeathon en 2020 à l'université de Tel Aviv, organisé par Tsofen. Dans un Makeathon, les équipes travaillent à la construction de nouveaux produits (Autorisation)

Une organisation à but non lucratif qui vise à accroître la participation des Arabes dans le secteur du high-tech s’est associée aux chefs des autorités locales arabes pour établir un plan quinquennal de 800 millions de NIS afin de porter le nombre d’ingénieurs arabes à 20 000 d’ici cinq ans.

La stratégie, élaborée en collaboration avec la société de conseil Deloitte, sera présentée au gouvernement dans les semaines à venir, a déclaré Sami Saadi, le PDG de l’association à but non lucratif Tsofen, par téléphone. « Il s’agit d’une mission nationale, qui vise à stimuler l’industrie technologique en Israël et à créer des zones de croissance autour des villes arabes et des espaces de travail conjoints judéo-arabes. »

Si le gouvernement accepte de financer le projet, comme espéré, l’investissement pourrait augmenter le PIB d’Israël de quelque 5 milliards de NIS, a déclaré Tsofen, car il permettrait de mobiliser les citoyens arabes, actuellement largement sous-représentés dans le secteur technologique israélien, et de les faire participer à la manne de l’innovation. L’idée est que le gouvernement débourse l’argent et que les autorités locales, en collaboration avec les ministères, les écoles et les universités concernés, le fassent fructifier.

Sami Saadi, PDG de Tsofen (Ilya Manlikov)

Israël « doit saisir l’opportunité que nous lui présentons et comprendre que si elle est mise en œuvre, elle pourrait opérer d’énormes changements dans l’économie, dont nous verrons les fruits dans des années », a déclaré Saadi. Mais cela ne peut se faire que si les Arabes se voient offrir les mêmes opportunités que leurs homologues juifs, a-t-il dit.

L’objectif du programme est de faire passer le nombre d’ingénieurs de 8 000 à 20 000 aujourd’hui, et d’augmenter le salaire moyen par ménage dans le secteur arabe de 10 912 à 17 000 NIS en cinq ans.

Le programme repose sur un certain nombre de piliers principaux : développer un capital humain adapté aux besoins de l’industrie technologique, et donc augmenter l’offre d’employés hautement qualifiés dans le secteur ; renforcer l’intégration de la population arabe dans la scène technologique et promouvoir l’esprit d’entreprise en créant un écosystème qui favorise la mise en réseau et les événements, les infrastructures et la créativité, en travaillant en étroite collaboration avec les autorités régionales arabes.

Pour mettre en œuvre le plan, « deux questions principales doivent être abordées », a déclaré Saadi. Il faut préparer les lycéens aux études technologiques, a-t-il ajouté. Selon le rapport Deloitte, 59 % des lycéens qui ont étudié les mathématiques au meilleur niveau à l’école « ne savent pas ce qu’est la haute technologie » et ce qu’un emploi dans le domaine de la technologie implique, a déclaré Saadi.

Les étudiants savent ce que c’est que d’être médecin ou enseignant, a-t-il dit, mais ils ne comprennent pas l’écosystème technologique : comment le développement d’un produit technologique peut prendre du temps, ni quel devrait être leur rôle dans une équipe et comment fonctionne la hiérarchie d’une organisation.

De plus, a-t-il ajouté, les mathématiques ne sont pas la seule matière nécessaire pour travailler dans le domaine de la technologie. Les lycéens arabes doivent également étudier l’anglais, perfectionner leur hébreu, et apprendre à travailler en équipe, à naviguer sur les réseaux sociaux et à présenter une idée de manière concise aux investisseurs, a-t-il dit. « Ils doivent également apprendre à sortir des sentiers battus et à briser les barrières. »

Le rapport Deloitte révèle un tableau sombre des défis auxquels sont confrontés les écoliers arabes : le budget gouvernemental alloué aux élèves arabes est inférieur de 39 % à celui des élèves israéliens juifs dans les lycées, selon le rapport. Et il manque au secteur arabe quelque 6 000 salles de classe.

La pandémie de coronavirus a aggravé encore cette pénurie, car les salles de classe déjà pleines d’une quarantaine d’enfants doivent être divisées en capsules. Il manque également quelque 140 000 ordinateurs aux élèves arabes, qui doivent souvent faire avec une infrastructure internet lente et une couverture cellulaire 4G insuffisante.

De jeunes élèves arabes en classe dans une école primaire du quartier arabe de Umm Tuba à Jérusalem-Est, le 13 décembre 2011 (Flash90/Kobi Gideon)

Les étudiants arabes sont également sous-représentés dans les sciences, technologie, ingénierie et mathématiques (STEM) dans les universités et les facultés, même si des progrès ont été réalisés à cet égard. En effet, au cours des six années précédant 2018, le nombre d’Arabes israéliens étudiant des matières techniques dans les universités et facultés israéliennes a doublé, selon les données publiées par le Conseil de l’enseignement supérieur.

Mais même si les chiffres sont encourageants, un pourcentage élevé d’étudiants arabes ne parviennent pas à obtenir leur diplôme, a déclaré Saadi, avec un taux d’abandon de 49 %, contre un taux d’abandon de quelque 20 % pour leurs homologues juifs.

La plupart des étudiants arabes entrent à l’université et à la faculté à l’âge de 18 ans, dès la fin du lycée, a-t-il dit, contrairement à leurs homologues juifs qui commencent à un âge plus avancé, après leur service militaire. En raison de leur jeune âge, les étudiants arabes « ont besoin d’un mentorat », a déclaré Saadi, pour les aider à s’orienter dans leurs études. Les mentors pourraient être des étudiants arabes de troisième ou quatrième année qui recevraient une bourse pour leur travail.

Non seulement le taux d’abandon est élevé, mais les données le montrent. Quarante-deux pour cent de ceux qui terminent leur diplôme dans le STEM ne trouvent pas d’emploi dans leur domaine de compétence, a-t-il dit, contre 20 % pour les Juifs.

Le programme appelle donc à investir dans le système éducatif, en mettant l’accent sur l’encouragement des étudiants à suivre des études de STEM et l’enseignement de compétences générales, ainsi que sur les infrastructures physiques des écoles.

Il faut encourager les entreprises technologiques à employer davantage d’Arabes, et des parcs industriels devraient être créés dans les autorités régionales arabes, afin de promouvoir l’esprit d’entreprise et les opportunités d’emploi dans les villes arabes.

« Nous voulons amener les Arabes au high tech, mais aussi amener le high tech au secteur arabe », a déclaré Saadi.

Fondée en 2008 par des professionnels juifs et arabes du high tech, Tsofen cherche à créer une société égalitaire en Israël en augmentant le nombre d’Arabes dans l’industrie technologique et en aidant ainsi à combler les écarts de revenus. L’organisation cherche à promouvoir les centres technologiques dans les villes arabes et à aider les diplômés arabes en ingénierie à trouver des emplois dans les entreprises technologiques.

Un hackathon à Nazareth en 2019 organisé par Tsofen (Autorisation)

Depuis 2012, le gouvernement israélien a mis en place un certain nombre de programmes pour aider les Israéliens arabes à s’intégrer au marché du travail et au secteur des hautes technologies en particulier, dans une tentative visant à stimuler la croissance économique et à réduire les inégalités. En 2015, le gouvernement a alloué un montant sans précédent de 15 milliards de NIS au développement économique du secteur arabe israélien et d’autres communautés minoritaires de 2016 à 2020.

L’industrie technologique israélienne, qui est depuis des années le moteur de la croissance de l’économie, est confrontée à une pénurie de quelque
18 000 ingénieurs et programmeurs qualifiés. Cette pénurie pourrait faire caler le moteur, et le pays cherche à puiser dans de nouveaux secteurs de la population pour le faire tourner.

Les entreprises de haute technologie opérant en Israël commencent à reconnaître l’intérêt à employer des diplômés arabes et à ouvrir des bureaux et usines dans les villes arabes, notamment Amdocs, Microsoft, Broadcom, Alpha Omega et d’autres qui ont établi des opérations locales à Nazareth.

Obtenir du gouvernement qu’il approuve le budget du plan, alors qu’il lutte contre la pandémie de coronavirus et qu’il est secoué par l’instabilité politique, ne sera pas facile, a admis Saadi.

« En raison des problèmes politiques, nous allons employer quelqu’un qui a de l’expérience dans la promotion de programmes face au gouvernement », a-t-il déclaré. « Nous n’abandonnerons pas. »

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